20 novembre 2023

C’est arrivé près de chez vous (1992) de Rémy Belvaux

C'est arrivé près de chez vousBen est un tueur en série plein d’esprit et charismatique mais aussi narcissique et colérique. Il parle longuement de tout ce qui lui vient à l’esprit, que ce soit le « métier » de tueur, l’architecture, la poésie ou la musique classique qu’il joue avec sa petite amie Valérie. Une équipe de tournage se joint à lui dans ses aventures sadiques, les enregistrant pour un documentaire…
C’est arrivé près de chez vous est un film belge d’humour noir écrit et réalisé par Rémy Belvaux (frère de Lucas Belvaux) qui a également crédité au générique André Bonzel (caméra et lumières) et Benoît Poelvoorde (qui a participé à l’écriture des dialogues). Il se présente comme un faux documentaire sur un tueur enjoué et bavard. À l’origine, ce film est le film de fin d’études de Rémy Belvaux à l’INSAS, école bruxelloise francophone de cinéma, une parodie de l’émission télévisée Strip-tease. La durée de 50 minutes sera ensuite allongée à 95 minutes pour une sortie en salles. Au début, l’humour repose sur le décalage : reprenant tous le maniérisme des médias, le tueur cynique est interrogé sur son « métier » à propos duquel il est intarissable, il présente à la caméra sa famille et son entourage. Ensuite, l’équipe de tournage devient de plus en plus visible et finit par participer à ses meurtres. Le tueur, plutôt sympathique en début de film, devient de plus en plus haïssable et terrifiant. L’humour sombre dans le macabre et le mauvais goût facile. Trop long, le film aurait certainement gagné à rester un moyen métrage. Benoît Poelvoorde fait un sacré numéro pour sa première grande apparition à l’écran. Remarqué à Cannes 1992. Ressorti en 2022, il est qualifié de « film culte » par certains journalistes.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Benoît Poelvoorde
Voir la fiche du film et la filmographie de Rémy Belvaux sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Remarque :
• Rémy Belvaux n’a pas réalisé d’autres longs métrages malgré ses tentatives de reformer le trio pour une comédie. Il deviendra réalisateur de clips publicitaires et mettra fin à ses jours en 2006.

Rémy Belvaux et Benoît Poelvoorde dans C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux

2 réflexions sur « C’est arrivé près de chez vous (1992) de Rémy Belvaux »

  1. J’ai toujours eu du mal à décider si ce film est un chef-d’œuvre ou une horreur.

    Il est indéniablement réussi puisqu’il parvient à nous « emporter » avec le tueur (enfin, un peu, et de moins en moins au fil du film, quand même) grâce au principe cinématographique de l’identification au héros * et grâce au procédé du faux-reportage.

    Mais cette réussite est une horreur, puisqu’il nous place plusieurs fois en situation de « complicité a-priori » avec un acte ignoble voire insoutenable. Il faut d’ailleurs prévenir le public sensible : il y a des scènes de meurtres, parfois violents et crus, et des scènes de viol, etc. C’est quand même un film terrifiant par une partie de son contenu. Évidemment, à chaque fois, ladite « complicité a-priori » ne peut pas tenir et nous avons un haut-le-cœur. Mais le fait de nous piéger dans cette situation est pervers et malsain.

    Un film étonnant et culotté par son équilibre entre horreur crue (via un monstre humain) et humour parfois potache, souvent décalé. Grande audace de réalisateur, grande performance d’acteur.

    Mais un film abominablement malaisant. Sans doute très malsain dans le fond : est-il « sans conséquences » de présenter des actes aussi insoutenables comme s’ils étaient un métier comme un autre ?

    * Il faut souvent dissiper un malentendu à propos de « l’identification au héros ». Ce concept ne signifie absolument pas qu’on s’identifie personnellement ! Cela signifie uniquement que le procédé narratif nous met à hauteur humaine et nous conduit à une forme de proximité situationnelle, nous conduit à considérer comme « logiques » des enchaînements de faits et de comportements qui nous paraîtraient absurdes ou intolérables sans ce procédé préalable. S’identifier au héros n’implique pas du tout de trouver la moindre ressemblance entre lui et nous. Juste d’être embarqué dans un schéma narratif où l’on adopte temporairement et « comprend » sa cohérence. Pas qu’on l’approuve. Pas qu’on lui ressemble. Pas qu’on se prend pour lui. Le terme d’identification est trompeur.
    Bref, ici Poolvoerde incarne un monstre absolu et abject. Mais le film arrive à nous faire partiellement voir comment le monde peut lui apparaître. C’est troublant, mais sans doute vain, et très ambigu. Voire pervers.

  2. Oui, « l’identification au héros » est en fait une contagion émotionnelle : il y a un transfert d’émotions d’un personnage vers le spectateur. Cela entraine souvent une forme d’empathie, on vit *avec* le personnage plutôt qu’à sa place. L’identification totale reste possible mais elle est plus rare.
    On peut très bien voir ce procédé narratif utilisé avec un personnage moralement abject. Cela crée une tension chez le spectateur, le fameux plaisir coupable. Tous les films de mafia ou de gangsters fonctionnent ainsi. Ce n’est pas forcément le cas ici… Le personnage séduit tout d’abord par sa verve mais la « contagion émotionnelle » est assez faible. 😉 Bon, mais ce n’est pas ce que je reproche au film. C’est plutôt de sombrer dans la facilité, de choquer pour choquer. J’aurais préféré voir le film de 50 minutes présenté à l’examen, je suis sûr qu’il était meilleur.

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