Le légendaire détective Sherlock Holmes et son assistant le Dr Watson parviennent à capturer Lord Blackwood responsable de la mort de plusieurs jeunes femmes. De sa prison, la veille de sa pendaison, ce dernier affirme à Holmes que grâce à ses pouvoirs magiques il reviendra d’entre les morts…
Réalisé par le britannique Guy Ritchie, ce Sherlock Holmes est l’adaptation, non pas d’un roman de Conan Doyle, mais d’un comic book de Lionel Wigram qui n’a jamais été édité. L’intrigue se situe avant la confrontation de Holmes avec le professeur Moriarty. Modernisé, le personnage s’écarte de ses codes vestimentaires habituels et même de ses répliques emblématiques mais il garde sa grande intelligence de déduction et gagne en dynamisme : les scènes d’action sont en effet nombreuses mais assez bien intégrées. Le plus étonnant est la mise en évidence de l’homosexualité des deux compères : ils se querellent continuellement comme un vieux couple et Holmes fait tout pour empêcher Watson de se marier. Tout ceci ne fut pas vraiment du goût des producteurs (1). Même si le personnage perd quelque peu de son caractère exceptionnel et devient plus banal une fois passé dans la moulinette des codes hollywoodiens actuels, ce « dépoussiérage » est plutôt réussi. Ce Sherlock Holmes est en tous cas un bon divertissement.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Robert Downey Jr., Jude Law, Rachel McAdams, Mark Strong, Eddie Marsan
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Voir les autres films de Guy Ritchie chroniqués sur ce blog…
Suite :
Sherlock Holmes : Jeu d’ombres (Sherlock Holmes: A Game of Shadows) de Guy Ritchie (2011)
(1) Les producteurs du film se seraient agacés que Robert Downey Jr déclare que le Sherlock Holmes qu’il incarne à l’écran était homosexuel. Andrea Plunkett, titulaire des droits d’auteur de Sherlock Holmes aux États-Unis, a déclaré qu’elle n’autoriserait pas de suite au film si Guy Ritchie et les scénaristes laissaient entendre que le personnage était homosexuel (dixit Wikipedia)
Jude Law (Watson) et Robert Downey Jr. (Holmes) dans Sherlock Holmes de Guy Ritchie.
Vu hier soir, et trouvé assez agréable, car plein de rythme et de vivacité. Le plus réussi, selon moi, est la relation parfaitement équilibrée (et pleine de réparties vachardes) entre Holmes et Watson.
C’est la première fois que je vois un Watson totalement sur un pied d’égalité avec Holmes (en termes de personnalité, de position dans leurs face-à-face). Un Watson certes un peu moins brillant que le détective en matière de déductions, certes situé au second plan de l’action générale, mais vraiment l’égal de Holmes dans leur relation : ni protecteur, ni faire-valoir, ni suiveur effacé. Un duo d’amis, tous deux avec forte personnalité, chacun prenant soin de l’autre sur un point (Watson s’occupant de secouer Holmes quand il sombre dans la dépression ; Holmes s’occupant de protéger Watson contre son addiction aux paris et gardant son argent). Un Watson avec un fort tempérament, pas inféodé à Holmes. Un ami intime, ce qui leur permet d’une part une grande complicité dans les scènes d’action et d’autre part des réparties vachardes qui donnent beaucoup d’énergie au film. Un duo très réussi.
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Je suis quand même un peu dubitatif sur la supposée homosexualité de Holmes et sur le fait que sa relation avec Watson serait amoureuse. En général, c’est une idée intéressante et j’applaudis souvent à ce type de sous-entendu (car c’était un sous-entendu réel dans de nombreuses œuvres anciennes et ce n’est que logique de le révéler aujourd’hui, où ce n’est plus tabou, pour ce qu’il cache en fait). Mais à, en l’occurrence, il y a deux bémols :
1) Une relation forte entre deux personnes de même genre n’est pas forcément homosexuelle, y compris quand il y a une forme de jalousie. Car certes Holmes est clairement mécontent de voir Watson s’éloigner de lui pour vivre avec sa future femme, mais c’est une situation classique dans des relations amicales fortes et exclusives, sans qu’il soit nécessaire d’y voir de l’amour. L’amitié est aussi un sentiment intéressant — et puissant.
2) Il n’y a aucun doute dans le scénario (situation expliquée + déroulement des évènements) sur le fait que Holmes est toujours amoureux d’Irene Adler, et que c’est réciproque d’ailleurs.
Donc bon, à la rigueur il est tout-à-fait possible que ce Sherlock Holmes soit bisexuel, et amoureux à la fois de John Watson et d’Irene Adler. Mais strictement homosexuel, en fait ça ne tient même pas dans le déroulé du film. Quoi qu’il en soit, je comprends que ça ait pu être intéressant pour Robert Downey Jr. de jouer Holmes comme bisexuel, et de donner à sa relation avec Watson une épaisseur allant au-delà de la forte amitié exclusive. Mais leur jeu et les situations n’ont pas besoin de cette explication (par ailleurs assez convenue concernant Holmes et Watson : c’est un sous-entendu souvent invoqué depuis un siècle), qui tient parfaitement dans la forme officielle du scénario : une amitié puissante basée sur une grande complicité, une complémentarité et un fort attachement réciproque + un Holmes egocentrique qui a besoin que les autres se définissent par rapport à lui.
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Je découvre en lisant votre critique que ce film est tiré d’un comic, et ça ne me surprend pas en fin de compte. Mieux : ça explique des éléments que j’ai trouvés réussis et d’autres moins.
L’inspiration comic donne une vivacité générale et des scènes d’action dynamiques et réjouissantes. Le film a une nervosité intéressante, qui équilibre bien le cadre « Sherlock Holmes » a-priori plus intellectuel.
À l’inverse, j’ai été frappé par des maniérismes un peu pénibles (et, maintenant que vous le dites, typiques des comics). Ainsi, des scènes où Holmes et Watson maîtrisent la situation de manière irréaliste (il y a parfois presque un côté super-héros dans la manière dont ces combats ou ces situations sont maîtrisés, notamment dans le face-à-face presque final d’Holmes avec le chef de la police, où le nuage de fumée + la provocation suivie du saut dans la Tamise sont hors de toute vraisemblance ; ou pire encore dans la scène finale et la fin du méchant) ; cet aspect est amusant parfois, gênant à d’autres. Ainsi surtout des alternances de ralentis et d’accélérés, vraiment archétypaux des comics. Ce type de découpage est amusant et vivifiant par moments (par exemple lorsque Holmes suit Irene dans les étals de forains, avec des ralentis brefs suivis d’accélérés aussi brefs), vraiment lourd dans d’autres (l’explosion interminable et sous tous les angles dans le dock, là encore avec les alternances de cadrage, les ralentis, les gros plans, qui sont presque une caricature du rythme narratif pesant et du découpage visuel convenu des comics).
Disons que cette inspiration comic book apporte à ce film son meilleur et son pire, mais l’un dans l’autre cela donne un film réussi, rythmé et distrayant.