Actrice renommée de théâtre, Myrtle Gordon répète et rode une pièce dans la Connecticut en vue de la première à New York. Son personnage est celui d’une femme perturbée par son âge. La mort accidentelle d’une de ses très jeunes admiratrices va enclencher un fort processus d’identification de l’actrice à son personnage… Ecrit, réalisé et joué par John Cassavetes, Opening Night est un film sur le thème de l’acteur et du double, et surtout sur l’angoisse de l’âge, de la perte de la jeunesse. Mais plus que le fond, c’est surtout la forme qui rend le film remarquable : Cassavetes parvient à mêler scènes réelles et scènes jouées à un point tel que nous ne savons plus très bien où nous sommes : la vie et le théâtre se fondent. Il nous place très près de ses personnages qui semblent pénétrer en nous. Gena Rowlands est une fois de plus absolument magistrale dans un personnage complexe (et plutôt antipathique). Seule la fin est un peu décevante, presque facile et plutôt étonnante de la part de Cassavetes : louer ainsi l’improvisation est surprenant de sa part d’un réalisateur qui écrit entièrement tous ses textes (1)(2).
Elle:
Lui :
Acteurs: Gena Rowlands, John Cassavetes, Ben Gazzara, Joan Blondell, Paul Stewart
Voir la fiche du film et la filmographie de John Cassavetes sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Cassavetes chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur John Cassavetes…
Remarques :
* Cameo : Dans l’ultime scène du film, Peter Falk, Seymour Cassel et Peter Bogdanovich font une brève apparition.
* Joan Blondell, qui interprète l’auteure de la pièce jouée, fut la reine des comédies musicales de la Warner. Elle a débuté sa carrière au cinéma en 1930. Ici, elle est âgée de 71 ans (son personnage dit en avoir 65…) L’actrice décédera deux ans plus tard. Le site IMDB la crédite de 91 longs métrages (+ 63 films et séries TV).
(1) Hormis Shadows, son tout premier film qui était entièrement improvisé, John Cassavetes a écrit entièrement tous ses films.
(2) Le sentiment de déception de cette fin est fort bien décrit par Coursodon et Tavernier : « Rien n’a été résolu, au sens dramatique du terme mais aussi au sens courant, toutes les questions posées restent en suspens et l’auteur nous donne l’impression désagréable (et inhabituelle) de se dérober (en particulier lorsqu’il laisse entendre qu’une improvisation peut se substituer avec succès à un texte, lui qui, ironiquement, s’est fait le champion du texte camouflé en improvisation). » (dans 50 ans de Cinéma américain, Nathan, 1991, p.342)
Même l’appartement de l’actrice ressemble à une scène de théâtre…
Bonjour. Il y a tellement de commentaires élogieux sur John Cassavetes. Mais tous remplis de pensées intellectuelles sans jamais raconter une seule histoire de film. Je recherche le film de lui qui comprend un passage absolument important qui se passe en Crêtes. Ces images sont absolument fabuleuses (Il est avant tout un photocraphe) car elles montre le personnage faire une retraite dans une maison au milieu de nul part dans la montagne Cretoise, sans électricité, sans gaz, sans eau courante et téléphone. Ce qui a échappé à tous ces brillants intellectuel emballés par leur écriture, est le côté mystique de John Cassavetes. Qui est né en Grèce !
La scène que vous racontez (un personnage d’origine crétoise qui retourne vivre très simplement dans la montagne crétoise) me rappelle bien quelque chose mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus…
Je ne pense pas que ce soit un film de Cassavetes toutefois, qui d’ailleurs tourne souvent en studio et qui est un urbain…
Petit détail : sans vouloir ergoter, Cassavetes n’est pas né en Grèce : il est « d’origine grecque » mais il est né à New York (son père est né en Grèce et a émigré aux Etats Unis alors qu’il était encore enfant et sa mère est née à New York).
Je pense que le film recherché dont il est question est TEMPETE de Paul Mazursky d’après La Tempête shakespearienne dont John Cassavetes et Gena Rowlands sont entre autres les interprètes
Bravo !
Le monde est une scène (de théâtre) et donc la face réfléchissante du miroir renvoie que la scène est le monde
C’est ainsi qu’Opening night (qui dresse le portrait d’une comédienne de théâtre en détresse) vient de loin et a laissé derrière lui des petits. Opêning vient d’une pièce ancienne du même titre écrite par John Cromwell, comédien et dramaturge, en référence à une autre pièce et un autre personnage encore plus anciens, l’actrice Arkadina dans La mouette de Tchekhov. il l’écrit également en s’inspirant de la vie de la comédienne Laurette Taylor qui créa le rôle d’Amanda dans La ménagerie de verre de Tennessee Williams en 45 à Broadway. La pièce de Cromwell narre le trajet semé d’embuches d’une grande comédienne de fiction Fanny Ellis, star vieillisante et alcoolique s’apprêtant, après une cure de désintoxication, à faire son come-back sur scène en jouant Arkadina dans La mouette. Ce préambule historique a permis à John Cassavettes en 77 d’actualiser ce propos pour bâtir son film et offrir à Gena son épouse un écrin cinématographique pour un rôle en or.
Donc, la comédienne Gena (47 ans) interprète la comédienne Myrtle essayant d’interpréter Victoria, la seconde femme du titre de la pièce dans le film, obsédée par son âge (autre beau jeu de miroir avec Bette Davis, la comédienne Margo Channing dans All about Eve de Manckiewicz, et même entourage de l’auteur, du producteur, du metteur en scène, des partenaires).
Au sortir d’une représentation de rodage de la pièce à New Haven avant la première New-yorkaise – comme c’est l’habitude, et comme c’est déjà le cas dans All about Eve -Myrtle, assaillie par les fans, s’engouffre dans une voiture sous la pluie, et constate en se retournant que l’une d’entre elles, adolescente, est renversée par une autre voiture. Ainsi que ça commence. La séquence est reprise intégralement dans Tout sur ma mère d’Almodovar dont le film est dédié à Gena et Bette
Ainsi que tout commence dans Opening night, et tout se poursuit et se reprend, puisque Isabelle Adjani vient de créer Opening night – le film de Cassavettes – à la sccène en 2019.
Ainsi que tout commence, mais je m’arrête là pour ne pas encombrer inutilement les colonnes gracieusement mises à disposition des fans du couple John et Gena ..et des autres…dont je suis. Le film peut maintenant dérouler sa continuité et l’escalade des épreuves pour Myrtha, car il faudrait autant de place que je viens d’en prendre pour aller à son aboutissement, la fameuse dernière bobine….Peut-être une autre fois..