Emile et Louis tentent de s’évader de prison mais seul Louis y parvient. Il monte une petite affaire de phonographe et, après quelques années, se retrouve à la tête d’un complexe industriel prospère. C’est alors qu’Emile le retrouve… À nous la liberté a été écrit et réalisé par René Clair. C’est son troisième film parlant. Il s’agit d’une comédie utopiste, proche des idées de l’extrême gauche de l’époque. Assez étrangement, René Clair choisit de dénoncer les méfaits du travail à la chaîne et du capitalisme en adoptant un ton très léger. Ponctué par des chansons, le film se situe dans le réalisme poétique du cinéma français du début des années trente. S’il peut paraître appartenir à une autre époque, le film est néanmoins remarquable par sa fraîcheur, sa naïveté et aussi son inventivité. Les décors de Lazare Meerson sont d’un beau futurisme épuré (dans le style du courant Bauhaus) et la photographie est belle. La scène de la chaîne de montage est une merveille d’humour et d’invention ; il est manifeste que Chaplin s’en est inspiré pour Les Temps modernes (1). La scène finale du discours est elle aussi une merveille d’humour. La comparaison du travail à l’usine avec l’univers carcéral est une source constante d’humour, un humour qui, par moments, paraît encore ancré dans le burlesque du muet. Grâce à son utopisme poétique, À nous la liberté n’a pas perdu de son pouvoir de séduction.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Henri Marchand, Raymond Cordy, Rolla France, Paul Ollivier
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Remarques :
* Si l’allusion à Charles Pathé fut parfois soulignée, elle est totalement involontaire.
* Le film est sorti en France au moment où la crise de 29 frappait durement l’Europe. Le machinisme et l’automatisation du travail étaient souvent montrés du doigt.
* Petit paradoxe : le slogan « Le travail, c’est la liberté » est resté célèbre alors qu’il est employé de façon ironique par René Clair : ses images montrent plutôt que le travail, c’est la prison.
(1) A la sortie du film de Chaplin Les Temps modernes, en 1935, la Tobis, distributeur d’À nous la liberté, a attaqué Chaplin et United Artists pour contrefaçon. René Clair n’a pas voulu s’associer à cette démarche, tout d’abord par respect envers Chaplin qu’il tenait en haute estime et aussi parce que cela le mettait mal à l’aise, s’estimant avoir été lui-même inspiré par le personnage de Charlot. L’action en justice suivit toutefois son cours et dura plus de dix ans. Un arrangement finira par être trouvé. Précision : la Tobis était une société française à capitaux allemands. En 1935, elle était contrôlée par Goebbels.