L’Exercice de l’État nous propose une vision d’un monde que l’on connait finalement assez peu. Pierre Schöller nous montre non pas les petites manuvres politiciennes, les luttes intestines mais plutôt une image plus réelle, plus quotidienne pourrait-on presque dire, de l’exercice du pouvoir : comment un ministre, doté de convictions et qui, à priori, désire rester intègre, va gérer un projet de réforme importante sur laquelle il va certainement devoir se rétracter et comment la réalité vient s’immiscer par ses évènements, ses imprévus. Assez intelligemment, Pierre Schöller a choisi un ministre de second plan (les transports) et s’arrange pour que le bord politique ne soit pas clairement évident. Il s’est documenté sur les mécanismes de décision, nous montrant bien comment le ministre travaille avec son chef de cabinet et ses proches conseillers. Cet aspect rend le film attrayant car il nous montre de l’intérieur un monde auquel nous n’avons accès. En revanche, le défaut de L’Exercice de l’État est sans doute de ne proposer que cela, la réflexion sur le pouvoir restant finalement assez limitée. La tension est bien créée, elle reste constante tout au long du film. Pierre Schöller fait preuve d’une belle maitrise de la mise en scène et l’interprétation d’Olivier Gourmet est parfaite ; il est soutenu par des seconds rôles fort bien tenus.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Olivier Gourmet, Michel Blanc, Zabou Breitman, Laurent Stocker, Sylvain Deblé, Didier Bezace
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Je n’aurais pas mieux dit. « L’exercice de l’État » porte bien son titre et j’ai trouvé le film d’une intelligence rare. Olivier Gourmet est effectivement excellent, tout comme Zabou Breitman et Michel Blanc.
Même si le scénario n’échappe pas à quelques clichés, j’ai bien aimé le personnage du chauffeur, interprété d’ailleurs par un chômeur, si je ne me trompe pas.
Je m’amuse à constater que le réalisateur a choisi un comédien belge pour un premier rôle qui est pourtant « parisien ». Sauf, là encore, erreur de ma part.
Merci pour votre commentaire.
Le chauffeur est effectivement un acteur non professionnel. Cela se sent tout de même, car ils ont un peu forcé sur son côté taciturne. 😉
Quant à Olivier Gourmet, il a suffisamment de talent, je pense, pour jouer un rôle français, belge, suisse etc. Son talent dépasse les frontières. D’ailleurs, quand on y réfléchit bien, il n’y a pas beaucoup d’acteurs (francophones bien entendu) qui pouvaient l’interpréter de façon si magistrale car son jeu, toujours très entier, très « punchy », va très bien avec le personnage du ministre (qui rappelons-le, n’est pas sorti de l’ENA).
On pourrait aussi ajouter que le son de ce film est particulièrement soigné (récompensé aux César 2012 et perceptible même sur le DVD), ce qui n’est pas si courant dans le cinéma français. Souvent cela sonne comme « Au théâtre ce soir »…
Oui, vous avez raison de le souligner car le son n’est généralement pas, hélas, le point fort des films français.