Titre original : « Meek’s Cutoff »
En 1845, dans les étendues arides de l’ouest américain, un petit convoi de trois chariots avance obstinément emmené par un pisteur qui s’est un peu perdu après avoir voulu prendre un raccourci… Le western moderne n’en finit pas de chercher de nouvelles voies et La dernière Piste peut certainement être qualifié de film expérimental tant il pousse très loin l’austérité et le dénuement, tout en revendiquant sa filiation avec un certain classicisme. Ce récit d’une lente et longue errance parvient à nous transmettre l’épuisement de ses personnages dont l’existence semble vouée à un éternel flottement. La dernière Piste a néanmoins été très bien accueilli par la critique.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Michelle Williams, Bruce Greenwood, Paul Dano, Shirley Henderson
Voir la fiche du film et la filmographie de Kelly Reichardt sur le site IMDB.
Visuellement abouti, certes, mais assez peu palpitant si l’on considère qu’il s’agit d’un western. Réalisé par une femme, une fois n’est pas coutume. Aucune scène d’action à proprement parler. J’ai vu ce film en salle au moment de sa sortie sans trop pouvoir décider s’il m’avait plu ou non. Il y a un indéniable vérisme dans cette description d’un petit convoi de pionniers qui s’est égaré dans les étendues sauvages de l’Oregon et devra in fine s’en remettre à l’étranger par excellence qu’incarne un Indien capturé en cours de route.
La réalisatrice a opté pour un format d’image carré qui, à mon sens, tire la cinématographie du côté de la photo d’art (cf. Ansel Adams, par ex.) et confère en même temps un cachet d’authenticité à ce périple westernien dénué de tout lyrisme, sec, austère en effet. Les personnages, individus très ordinaires, offrent peu de prise. Lisses, très lisses, jusqu’à la pure transparence. En définitive, on se dit que ça a bien dû se passer comme ça, la conquête de l’Ouest : sans coups d’éclat, sans péripéties spectaculaires, sans héroïsme. Personnellement, je préfère la vision d’un Anthony Mann (cf. « Bend of the River »/ »Les Affameurs »). Pour atteindre à la vérité, ou du moins à la vraisemblance, et afin de toucher le coeur du public, l’art doit consentir à un minimum d’artifice. Ici, le parti-pris quasi documentaire, dos tourné à l’épopée, la tonalité prosaïque, ont quelque chose d’un peu décourageant/décevant pour l’amateur de westerns que je suis. Et si j’en crois la sévérité de votre notation, je ne dois pas être le seul dans ce cas.