1925 : un milliardaire s’ennuie dans une immense demeure, entouré d’une armée de domestiques. Un cirque passe. Il reconnaît en l’écuyère la seule femme qu’il ait jamais aimée… Ce n’est que le point de départ de Yoyo qui se déroule sur près de quarante ans. Toute la première partie se déroulant avant le cinéma parlant, elle est donc muette (!) (avec toutefois des effets sonores) et la vitesse est très légèrement accélérée. C’est un véritable florilège de gags, de détournement d’objets, une véritable merveille qui force l’admiration. C’est un hommage aux films muets, on pense en premier à Buster Keaton bien entendu du fait de son personnage placide et sans expression, mais aussi à Max Linder. Le film devient ensuite parlant quand l’histoire passe le cap de 1928 et le film évoque alors plus les films de Chaplin, avec une belle poésie bucolique et toujours de nombreux gags qui s’enchaînent parfois très rapidement. Car il y a beaucoup de rythme dans Yoyo. Les transitions sont toutefois quelquefois brutales. Les gags ne donnent pas dans le spectaculaire, ils sont au contraire fins, délicats, parfois très discrets ; ils créent une atmosphère amusante et chaleureuse qui donne une belle personnalité au film. C’est un vrai bonheur de pouvoir enfin voir (et revoir à loisir) les films de Pierre Etaix, longtemps bloqués par un imbroglio juridique. Yoyo est son deuxième long métrage, sans doute son meilleur. C’est une merveille, un petit bijou.
Elle:
Lui :
Acteurs: Pierre Étaix, Claudine Auger, Philippe Dionnet, Luce Klein
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Étaix sur le site IMDB.
Voir les autres films de Pierre Étaix chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Pierre Etaix venait de voir 8 ½ de Fellini, un film qui l’avait fortement impressionné. A noter ce clin d’œil sur l’affiche d’une représentation de cirque ambulant : l’heure du spectacle est marquée « 8 ½ h ». On remarque ainsi tout au long du film de petits clins d’œil.
* Après des années et des années de blocage, les films de Pierre Etaix sont enfin distribués à nouveau, notamment dans un beau coffret DVD.
Rien à ajouter sur votre commentaire. Etaix reste encore un cinéaste très méconnu. C’est donc un vrai événement que ses films aient été enfin réédité après les longues complications judiciaires qu’on sait. Jerry Lewis qui s’y connaissait jugeait que c’était un des plus grands comique. Il y a une dimension qui a été peu soulignée, Etaix est un cinéaste très français, que ce soit dans la façon de filmer la France et l’errance de Yoyo, ou que ce soit celle de revisiter l’histoire. Cette nostalgie d’un monde qui disparaît est rythmé par une jolie musique qui triture toujours le même thème. Mais n’oublions pas aussi les courts métrages de l’auteur qui sont aussi très excellents, voir la chute de « Rupture » !
Oui, vous avez raison de souligner ce point. En cela, il est d’ailleurs assez proche de Tati (et comme on le sait, Pierre Etaix a débuté sa carrière cinématographique en travaillant sur Mon Oncle de Tati).
Je trouve les films de Pierre Etaix plutôt démodés et quelques gags me font sourire, sans plus. Il louche aussi du coté de B.Keaton.
Hommage exceptionnel à Pierre Etaix
au CinéBelval
en présence du réalisateur
ESCH-SUR-ALZETTE – LUXEMBOURG – 23 mars 2013
PROGRAMME du samedi 23 mars : 19.30 – LE SOUPIRANT précédé du court-métrage HEUREUX ANNIVERSAIRE
la projection sera suivie d’une discussion avec l’auteur-réalisateur Pierre Etaix et prolongé par une séance de dédicace des ouvrages et DVD