Titre original : « The ghost and Mrs. Muir »
L’aventure de Mme Muir est un film comme il y en a peu, inclassable et guère comparable à d’autres films. Contrairement à son habitude, Mankiewicz n’a pas écrit lui-même le scénario, cette adaptation d’un roman d’une femme écrivant sous le pseudonyme R.A. Dick. Une jeune veuve quitte sa belle famille pour venir vivre au bord de la mer. Elle loue une maison qui est, dit-on, habitée par le fantôme d’un capitaine. Entre eux deux vont se nouer des relations assez étroites…
L’aventure de Mme Muir n’a toutefois absolument rien d’un film de fantôme dans le sens classique du terme. Il s’agit plutôt de la rencontre de deux êtres qui, malgré leurs fortes différences, ont beaucoup de choses en commun : la solitude, la quête du bonheur, une certaine mélancolie qui abolit la frontière entre rêve et réalité. Tout est parfait dans ce film : la mise en scène, les dialogues, la musique très lyrique de Bernard Herrmann, les décors et bien entendu l’interprétation avec cette fantastique rencontre entre l’imposant Rex Harrison et la fragile Gene Tierney. L’actrice parvient admirablement à exprimer à la fois la douceur, la délicatesse mais aussi la détermination, voire l’obstination, qui caractérisent son personnage ; c’est l’un de ses plus beaux rôles. Oui, L’aventure de Mme Muir est vraiment un film parfait, un film dont chaque vision enchante, un petit chef-d’oeuvre.
Elle:
Lui :
Acteurs: Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders, Edna Best, Natalie Wood
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph L. Mankiewicz sur le site IMDB.
Voir les autres films de Joseph L. Mankiewicz chroniqués sur ce blog…
« L’un des plus beaux films hollywoodiens »
(ce n’est pas moi qui le dit, c’est Jacques Lourcelles)
Gene Tierney dans ce film est un ravissement !!
Oui, on ne peut que partager votre point de vue. Un des meilleurs films de Mankiewicz et un des plus beaux rôles de Gene Tierney.
http://alexandre.clement.over-blog.com/
Certainement l’un des plus beaux films réalisés.
De la première à la dernière image de ce film on nage en plein bonheur. Tout y est harmonieusement combiné: dialogues, musique, interprétation, rythme….
On retrouvera un peu de cette maitrise de la part de Mankiewicz dans La Comtesse aux Pieds Nus dans les nombreuses séquences vues sous l’angle des différents protagonistes (la rencontre Gardner/Brazzi au casino par exemple)
L’une des qualités de votre blog est de donner envie de découvrir des films (non pas que j’en découvre l’existence en lisant votre blog — même si c’est parfois le cas — mais vous me permettez de « cibler » et vous relancez l’envie de les voir enfin).
Une autre est de permettre de sortir en douceur d’un émerveillement, en venant partager quelques impressions sur un film trop bouleversant pour le quitter trop vite. Merci de me donner l’occasion de me réveiller lentement en verbalisant mes sensations.
L’aventure de Mme Muir est à la fois d’une délicatesse extrême et d’une puissance rare. Il rejoint la courte liste des films inoubliables, pour lesquels il y eut un « avant » et un « après ». Vous parlez de perfection, j’approuve ce terme.
Et il y a ici quelque chose de presque étonnant, car dans le fond ce récit est tout simple dans son point de départ comme dans ses développements. Tout simple, mais parfait. Délicat (malgré le vocabulaire châtié du capitaine — édulcoré dans les sous-titres français, mais ceux qui comprennent à peu près l’anglais peuvent en profiter grâce à la VO), juste, drôle parfois, vif souvent — et triste, si bellement triste et nostalgique. Un film indiscutablement féministe dans la manière dont il dénonce le regard condescendant de l’éditeur ou du séducteur, et dont il met clairement en scène du début à la fin l’émancipation d’une femme. La maison elle-même est envoutante, et elle est l’un des personnages du film à part entière (et ce n’est pas un détail : l’attachement profond du capitaine à cette maison devait être crédible, il l’est). Gene Tierney est d’un équilibre extraordinaire entre d’un côté une force rare et un caractère bien trempé, et d’un autre côté une fragilité et une sensibilité constante. Rex Harrison a juste la distance nécessaire (et une élégance bourrue). Pas un mot, pas un plan, pas une note ne pourrait être amélioré.
Un film beau, délicat, profond, touchant, tellement touchant. Un joyau.