Titre original : « His Girl Friday »
Lui :
La Dame du Vendredi est la seconde adaptation au grand écran d’une pièce de Ben Hecht, The Front Page, à ceci près qu’Howard Hawks a pris le parti de féminiser le personnage principal (la suite de sa filmographie prouve d’ailleurs que le réalisateur affectionne les inversions de sexes pour relancer une intrigue). Ce changement lui permet de déplacer en partie le point central vers les relations homme-femme tout en conservant son aspect critique de la presse à sensation : dans les deux cas, c’est l’art de la manipulation qui attire Howard Hawks. Une journaliste (Rosalind Russell), jadis brillante, vient annoncer son remariage imminent à son ex-patron et ex-mari (Cary Grant). Ce dernier est bien décidé à la récupérer par n’importe quel moyen. Comme beaucoup des comédies de cette époque, La Dame du Vendredi repose beaucoup ses dialogues qui atteignent une densité peu courante. Presque tout le film se déroule dans deux lieux, en réalité deux pièces : le bureau du rédacteur en chef et la salle de presse d’un établissement pénitentiaire (avec un bref passage dans un restaurant pour une scène mémorable). Donc, aucun effet de décors, théâtre oblige, mais en revanche les dialogues fusent, brillants, riches et très enlevés. Ils ne sont nullement datés et paraissent aujourd’hui aussi actuels qu’il y a 70 ans. Le déroulement du scénario est aussi vif que les dialogues. Tout concourre à faire de La Dame du Vendredi un film extrêmement plaisant, à l’équilibre parfait. Une belle réussite.
Note :
Acteurs: Cary Grant, Rosalind Russell, Ralph Bellamy, Gene Lockhart, Porter Hall
Voir la fiche du film et la filmographie de Howard Hawks sur le site IMDB.
Voir les autres films de Howard Hawks chroniqués sur ce blog…
Remarque :
La traduction en français du titre est plus digne d’un cancre que d’un distributeur : elle ne veut rien dire. En fait, Man Friday, en anglais, désigne un homme à tout faire, l’homme de toutes les situations (l’expression vient de Robinson Crusoë). His Girl Friday joue la carte de l’inversion de sexe et souligne une certaine ambiguité : Cary Grant cherche à recupérer à la fois sa femme et son meilleur journaliste, « sa femme à tout faire » en quelque sorte.
Autres adaptations de la pièce de Ben Hecht :
The Front Page de Lewis Milestone (1931) avec Pat O’Brien dans le rôle du journaliste et Adolphe Menjou dans le rôle du patron de journal.
The Front Page (Spéciale première) de Billy Wilder (1974) avec Jack Lemmon (le journaliste) et Walter Matthau (le patron).
Switching Channels (Scoop) de Ted Kotcheff (1988) avec Kathleen Turner (la journaliste) et Burt Reynolds (le patron)
Tiens, on doit avoir les mêmes fournisseurs DVD.
J’ai regardé avec beaucoup de plaisir His girl Friday. Il est vrai que ça fuse, je pense que ce film atteint un score inégalé de mots prononcés par seconde (surtout que les conversations téléphoniques se superposent et se télescopent gaillardement dans la salle de presse). 70 ans et pas une ride, c’est beau…
Grandiose classique du genre « screwball comedy » qui a accouché, après guerre, de l’ennuyeuse comédie romantique à l’américaine. Revenez, les Hawks, Capra, Wilder etc. !
Sur le DVD de ce film que je viens de visionner, le titre français qui apparaît en sous-titre au générique est « L’Assistante »… un titre dont on ne trouve de trace nulle part ailleurs !
Sans doute s’agit-il plus d’une tentative de traduction du titre que d’un titre utilisé pour distribuer le film.