28 août 2007

Le septième sceau (1956) de Ingmar Bergman

Titre original : « Det sjunde inseglet »

Le septième sceauElle :
(pas vu)

Lui :
Dans la filmographie d’Ingmar Bergman, Le Septième Sceau apparaît comme l’un des films les plus ambitieux dans son propos, un film auquel il a voulu donner avant tout une dimension philosophique ou métaphysique. Comme pour lui donner plus de poids, voire une certaine légitimité, Bergman ancre ses réflexions dans un contexte historique : un chevalier de retour des Croisades cherche des réponses sur l’existence de Dieu. Outre toute une série de réflexions sur la crainte de la mort et la vanité de notre existence, cette trame lui permet de mettre en scène des plans vraiment remarquables, telle cette partie d’échec de Max von Sydow avec la Mort sur la plage ou la procession des pénitents. Toutefois, ce n’est pas tant la puissance ou la richesse des images qui frappèrent tant à l’époque et assurèrent à ce film (et à Bergman) sa renommée car, comme certains critiques ne manquèrent pas de le souligner, Le Septième Sceau ne peut guère se comparer avec les œuvres de Dreyer ou Sjöström. Non, c’est bien l’ambition de son propos qui lui valu d’être remarqué. Dans un registre plus anecdotique, on notera que le soin de Bergman dans le choix de ses jolies actrices est souvent cité sur ce film.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Max von Sydow, Gunnar Björnstrand, Bibi Andersson, Inga Gill, Inga Landgré
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16 août 2007

L’eau à la bouche (1959) de Jacques Doniol-Valcroze

L'eau à la boucheElle :
Film à l’atmosphère sulfureuse, L’eau à la bouche nous plonge dans les années 60 et des libertés sexuelles d’une bourgeoise légèrement décadente par certains côtés. On se laisse emporter par les interdits que bravent trois couples, dont un de domestiques, mais le scénario finit par tourner en rond et n’aboutit vraiment nulle part. Est-ce seulement un exercice de style ?
Note : 3 étoiles

Lui :
Eminence grise des Cahiers du Cinéma et donc de la Nouvelle Vague, Jacques Doniol-Valcroze réalise là son premier long métrage, vif dans la mise en scène et au propos délicatement libertin. La musique de Gainsbourg a quelque peu contribué à l’aura de ce film qui, sans laisser de traces indélibiles, se laisse regarder avec plaisir. On sait depuis que ce sera hélas le meilleur film de ce réalisateur.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Françoise Brion, Alexandra Stewart, Michel Galabru
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8 août 2007

Le démon s’éveille la nuit (1951) de Fritz Lang

Titre original : « Clash by night »

Clash by NightElle :
(pas vu)

Lui :
De retour dans sa ville natale, une femme tente de refaire sa vie en épousant un pêcheur, mais continue de rêver à quelque chose de plus exaltant… Fritz Lang semble s’être embourbé dans cette adaptation d’une pièce de Clifford Odets dont il a pourtant quelque peu modifié la trame. Prisonnier de ses lourdeurs mélodramatiques, Le démon s'éveille la nuit Le Démon s’éveille la Nuit n’a pas la personnalité que l’on attend de ce grand cinéaste et nous apparaît sous un jour terriblement conventionnel. Il nous reste une assez bonne prestation de Barbara Stanwyck et un petit rôle pour la jeune Marilyn Monroe qui allait exploser 2-3 ans plus tard.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Paul Douglas, Robert Ryan, Marilyn Monroe
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18 juillet 2007

Le jour où la terre s’arrêta (1951) de Robert Wise

Titre original : The day the earth stood still

Le jour où la Terre s'arrêtaElle :
Voilà un film de science-fiction comme je les aime. On se laisse prendre volontiers à cette histoire d’extra-terrestres qui débarquent dans une grande ville américaine ; beaucoup de rythme et un solide scénario nous poussent à partager les appréhensions et les étonnements qu’engendre cet atterrissage sans précédent.
Note : 5 étoiles

Lui :
Ce film de Robert Wise est l’un des piliers du cinéma de science-fiction des années 50. Une bonne partie son originalité réside dans le fait que Wise l’a filmé et mis en scène comme un thriller : la traque de Klaatu l’extra-terrestre par l’armée est digne des meilleurs films noirs. Le fond du message du film Le jour où la Terre s’arrêta est toutefois pacifique (nous sommes alors en pleine période de la montée de la guerre froide) et le scénario met en outre le doigt sur d’autres faiblesses de la nature humaine : la peur de l’inconnu, les mouvements de foule, … Une belle réussite.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Michael Rennie, Patricia Neal, Hugh Marlowe
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Note : Un remake de The day the Earth stood still est sorti fin 2008 sous la direction de Scott Derrickson, qui a surtout réalisé précédemment des films d’horreur. On peut légitimement être inquiet…

12 juillet 2007

Deux hommes dans Manhattan (1959) de Jean-Pierre Melville

Deux hommes dans ManhattanElle :
Virée nocturne dans les rues sombres de New-York sur fond de jazz à la recherche d’un diplomate de l’ONU disparu. Très beau noir et blanc et magnifiques cadrages de New-York la nuit créent une atmosphère inquiétante et mystérieuse. Jean-Pierre Melville en journaliste de l’AFP, mène l’enquête en compagnie d’un photographe alcoolique véreux.
Note : 4 étoiles

Lui :
C’est un film à plusieurs facettes. C’est tout d’abord un polar, une enquête sur la disparition d’un homme. Mais le film est traité comme un documentaire : on parcourt Manhattan en tous sens et Melville s’attarde sur les scènes de rues (probablement réelles). C’est enfin une mise en accusation du journalisme à sensation, mettant en évidence les tentations, les dérives, qui sont toujours d’actualité 40 ans après la sortie de Deux Hommes dans Manhattan. La photographie est très sombre, sans recherche trop apparente, mais assez séduisante.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Pierre Grasset, Christiane Eudes, Jean-Pierre Melville
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10 juillet 2007

Le port de la drogue (1953) de Samuel Fuller

Titre original : Pickup on South Street

Le Port de la Drogue Elle :
Sur fond d’espionnage, voici un film noir efficace et rondement mené par un Samuel Fuller qui laisse passer son antipathie pour le communisme en pleine période de Maccarthisme. Curieusement, le titre de la version française évoque la drogue alors qu’on n’en entend nullement parler pendant le film. Richard Widmark remplit à merveille le rôle du malfrat guoguenard et parfois violent, assailli de vagues de tendresse. Les personnages sont en constant déséquilibre entre la frontière du bien et du mal. Samuel Fuller privilégie les plans serrés et s’approche des visages pour capter au plus près leurs errements.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le Port de la Drogue Le Port de la Drogue (*) est en réalité une histoire d’espionnage mais traitée comme un film noir très classique. Avec ses ambiances nocturnes et la traque de tueurs par les policiers, le film est en effet très proche de ses homologues traitant de la chasse au crime sauf qu’ici le propos a été politisé par Samuel Fuller : dans la scène d’ouverture, très forte, sans une parole prononcée, ce que le vif et brillant pickpocket (merveilleux Richard Widmark) subtilise dans un sac est en fait un microfilm contenant un secret que les « Rouges » veulent faire sortir du pays. Si l’on accepte de mettre de côté le propos profondément anti-communiste qui est quelque peu émoussé quand on visionne le film 50 ans plus tard, le film apparaît comme une petite merveille de classicisme, film noir et sombre vu à travers les yeux de deux personnages très forts : un pickpocket et une aventurière, deux laissés pour compte de la société qui n’iront pas, toutefois, jusqu’à trahir leur pays… Jean Peters (la future femme de Howard Hughes) incarne de façon très authentique son personnage et noue avec le jeune Richard Widmark une relation quelque peu tumultueuse. A noter également la belle composition de Thelma Ritter dans le rôle de la vieille Moe.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark , Jean Peters, Thelma Ritter , Murvyn Vye
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(*) Au départ, le roman de Dwigth Taylor parlait d’une histoire de drogue. Ce fut Samuel Fuller qui voulut replacer cette histoire dans un contexte politique. En 1953, l’anti-communisme battait son plein… Soucieuse de ne froisser personne, la branche française de la Fox choisit de revenir au trafic de drogue dans la version doublée. Au lieu du microfilm d’un secret militaire, il y est question de cachet d’une substance illicite. D’où le titre français : Le port de la drogue.

Le film eut un remake : The Cape Town Affair (1967) de Robert D. Webb avec Claire Trevor, James Brolin et Jacqueline Bisset.

19 mai 2007

Règlement de comptes (1953) de Fritz Lang

Titre original : « The big heat »

Règlement de comptesElle :
Un grand film noir chargé d’une ambiance oppressante et d’une violence presque sadique. Glenn Ford incarne un flic incorruptible prêt à tout pour élucider la mort d’un policier. Il est sur le point de franchir les limites de la droiture lorsqu’il se trouve amené à venger le meurtre de sa femme. Les frontières sont poreuses et fragiles. Fritz Lang dépeint avec noirceur le milieu corrompu de la police et celui des truands sans scrupules. La scène où Lee Marvin ébouillante le visage de son amie est brutale et sauvage. Ce beau visage brûlé sur un côté est très symbolique ; il reflète à la fois le bien et le mal qui rongent les fondements de la société américaine des années 50.
Note : 4 étoiles

Lui :
Règlement de comptes est inspiré d’une série d’articles consacrés au gangstérisme et à la corruption parus dans le Saturday Evening Post, transformés par la suite en roman. Ce sentiment d’authenticité que l’on ressent à sa vision est certainement en partie du à ces origines. Filmant avec beaucoup d’efficacité, sans plan inutile, Règlement de comptesFritz Lang se penche plus particulièrement sur son personnage principal, un policier incorruptible (Glenn Ford) à deux doigts de se faire justice lui-même. Fritz Lang est persuadé qu’il y a un moment où tout peut basculer : « si vous faites le premier pas, les abysses s’ouvrent et le deuxième pas devient inéluctable ». Son personnage est ainsi rendu plus proche des gangsters qu’il poursuit. Règlement de Comptes se fit remarquer à l’époque par son côté un peu violent (précisons tout de même que cette violence paraît presque anodine à côté des films actuels). Est-ce cela qui lui donne cette force ? Aujourd’hui, il nous reste un très beau film noir qui se revoit toujours avec grand plaisir.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Glenn Ford, Gloria Grahame, Lee Marvin, Jocelyn Brando, Alexander Scourby
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2 mai 2007

Le beau Serge (1959) de Claude Chabrol

Le beau SergeElle :
Revu avec du recul, ce film me déçoit plutôt ; aurait-il vieilli? Brialy en citadin sauveur des âmes qui débarque à la campagne et découvre les maux quotidiens des ruraux rongés par l’alcool, l’ennui et la frustration, n’est-ce pas une vision un peu trop parisienne et manichéenne des pauvres provinciaux que nous sommes. Brialy, Blain et Laffont sont convaincants mais font un peu pièces rapportées au milieu des villageois qui patoisent.
Note : 3 étoiles

Lui :
Chabrol nous dresse un portrait de la province très profonde, celle où l’on sombre dans l’alcool pour supporter le désoeuvrement et l’absence de buts. Le propos est assez misérabiliste et reste superficiel : on aimerait connaître le parcours du fameux Serge, les raisons de sa déchéance. Jean-Claude Brialy, en citadin qui veut sauver son prochain, et également Gérard Blain font de très bonnes compositions de leurs personnages. Si à l’époque, ce film du tout début de la Nouvelle Vague apportait un ton nouveau, il paraît moins séduisant aujourd’hui. Il garde toutefois un intérêt historique… Claude Chabrol montre une indéniable maîtrise de la mise en scène dès son premier film.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Gérard Blain, Jean-Claude Brialy , Michèle Méritz, Bernadette Lafont
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21 avril 2007

Mark Dixon, détective (1950) d’ Otto Preminger

Titre original : Where the sidewalk ends
Autre titre (Belgique) : La pègre

Where the sidewalk endsElle :
Beau film noir original avec une ambiance ombre et lumière très contrastée qui sert un scénario angoissant. Le héros est un flic douteux dont le père était gangster. Il nous plonge au coeur des gangs, nous montre les coups bas et de la débrouille individuelle. Dana Andrews parvient à nous faire partager ses angoisses, ses hésitations et coups de sang. Gene Tierney est toujours aussi éblouissante et pathétique.
Note : 4 étoiles

Lui :
Otto Preminger fait là une approche originale du film noir, une approche introspective : c’est le policier qui est à la base de la mort d’une petite frappe et qui tente d’échapper à la justice. Le couple Andrews/Tierney fonctionne parfaitement et Preminger est un maître de la réalisation, pourtant ce film ne m’a que moyennement accroché. Sans doute est-ce du à une certaine simplicité du scénario qui semble trop désireux de prouver quelque chose.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Dana Andrews, Gene Tierney, Gary Merrill, Karl Malden
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9 avril 2007

Du rififi chez les hommes (1955) de Jules Dassin

Du rififi chez les hommesElle :
Beau film noir français qui se passe dans le Paris des années 50. Le scénario est classique mais bien construit. Le braquage d’une bijouterie de luxe par une bande de caïds se met en place magistralement. Les acteurs et surtout Jean Servais sont vraiment remarquables.
Note : 5 étoiles

Lui :
Pas de grosse tête d’affiche pour ce film noir français réalisé avec un petit budget. Mis sur la liste noire à Hollywood, le réalisateur américain Jules Dassin s’était alors réfugié en France. Dans ce film, il met l’accent sur la psychologie de ses personnages, des petits truands sans brillance. La scène du cambriolage, presque une demi-heure sans dialogues et sans musique, est un modèle d’intensité et de réalisme.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Jean Servais, Carl Möhner, Robert Manuel, Janine Darcey,Robert Hossein
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