7 mars 2008

Une femme dangereuse (1940) de Raoul Walsh

Titre original : « They drive by night »

Une femme dangereuseElle :
(pas vu)

Lui :
Ce film de Raoul Walsh est à deux facettes. Le titre anglais They Drive by Night ferait plutôt référence à la première moitié du film qui dépeint de façon assez réaliste le monde des routiers et la difficulté d’être indépendant en cette fin des années 30. Walsh parvient ainsi à donner une réelle dimension sociale à son film sans sacrifier le suspense. Le titre français Une Femme Dangereuse s’appliquerait plutôt à la seconde partie, plus policière et même judiciaire, qui est en fait étonnamment proche de l’intrigue de Ville Frontière (Bordertown), film de 1935 signé Archie Mayo avec Paul Muni et Bette Davis. La Warner semble avoir réutilisé une trame de scénario, comme les studios ont l’habitude de le faire quelquefois. L’interprétation n’est pas très flamboyante, le film restant centré sur George Raft qui livre tout de même une assez bonne prestation sans être absolument remarquable. Humphrey Bogart est ici en faire valoir (il a tourné ce film juste avant La Grande Evasion du même Raoul Walsh, film qui saura le mettre en valeur). Ida Lupino est en revanche particulièrement convaincante dans son rôle de femme dangereuse.
Note : 3 étoiles

Acteurs: George Raft, Ida Lupino, Ann Sheridan, Humphrey Bogart, Gale Page
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Remarque :
La Warner ayant déjà utilisé le titre They Drive by Night pour un film de l’anglais Arthur B. Woods (1938), le film de Walsh est sorti en Angleterre sous le titre The Road to Frisco.

5 mars 2008

La Splendeur des Amberson (1942) de Orson Welles

Titre original : The Magnificent Ambersons

La splendeur des AmbersonsElle :
Ce film intense sur l’amour impossible à la fin du XIXe siècle entre un génial inventeur automobile (Joseph Cotten) et la fille d’une riche famille (Dolores Costello) illustre le déclin d’une certaine aristocratie et la montée d’une bourgeoisie plus libérale. La déchéance progressive de ces Ambersons, motivés pour certains par l’amour mais pour d’autres par la jalousie et la haine, est admirablement mise en relief par la mise en scène inventive de Welles.
Note : 5 étoiles

Lui :
Avec La Splendeur des Amberson, Orson Welles nous offre un très beau film qui mêle amour impossible, saga familiale et analyse sociale. Tourné un an après son premier film Citizen Kane, on y retrouve les éléments qui feront la personnalité de tous ses films : un jeu de caméra fougueux et osé, une utilisation de l’ombre et de la lumière, les plans-séquences (scènes tournées sous leur forme définitive, sans montage ultérieur). Tous ces éléments contribuent à donner de la force à La Splendeur des Amberson qui devient ainsi un film à la fois émouvant et captivant avec, une fois de plus, un personnage principal que l’on aime haïr. Le film a été amputé par la RKO de sa dernière demi-heure, jugée trop déprimante. Les coupes réalisées sont, semble t-il, perdues à jamais.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Joseph Cotten, Dolores Costello, Anne Baxter, Tim Holt, Agnes Moorehead
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5 mars 2008

Le criminel (1946) de Orson Welles

Titre original : The Stranger

Le criminelElle :
Très beau film noir où le suspense, la musique angoissante et le fabuleux Edward G Robinson sont au rendez-vous de la tradition classique du film policier. La photographie en noir et blanc très contrasté vient amplifier ces sentiments de peur et de dégoût que nous inspire le personnage de criminel nazi interprété par Orson Welles.
Note : 4 étoiles

Lui :
Filmé de façon classique, du moins par rapport aux autres films d’Orson Welles (1), cet excellent film noir envoûte et captive. Comme d’habitude avec Welles, les personnages sont puissants et semblent traverser l’écran. La fin peut paraître un peu bizarre, ratée pourrait-on même dire…
Note : 4 étoiles

Acteurs: Edward G. Robinson, Loretta Young, Orson Welles
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(1) En fait, Orson Welles a tourné ce film très rapidement juste pour montrer qu’il pouvait être aussi excellent réalisateur qu’un autre pour des films classiques. Le scénario est de John Huston et Welles a même déclaré : »Il n’y a rien de moi dans ce film ».

1 mars 2008

Flight Command (1941) de Frank Borzage

Flight CommandElle :
(pas vu)

Lui :
Filmé avec beaucoup de professionnalisme par Frank Borzage, Flight Command repose sur un scénario très classique : une jeune recrue doit faire ses preuves au sein d’une prestigieuse escadre d’aviateurs. Amour et suspicion viennent compliquer la situation… Si la partie romance n’est pas particulièrement forte, les scènes d’aviation sont très réussies et assez prenantes, sans qu’il y ait de scènes de combat d’ailleurs puisque l’escadre ne fait que s’entraîner. Flight Command Les avions de cette époque étaient assez rudimentaires et leurs pilotes prenaient de grands risques. Bien qu’un peu anodin, Flight Command (jamais sorti en France semble t-il) est plutôt plaisant.
Note : 3 eacute;toiles

Acteurs: Robert Taylor, Ruth Hussey, Walter Pidgeon
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29 février 2008

La grande évasion (1941) de Raoul Walsh

Titre original : « High Sierra »

La Grande EvasionElle :
(pas (re)vu)

Lui :
La Grande Evasion de Raoul Walsh offre un premier grand rôle pour Humphrey Bogart qui cesse ainsi de jouer les petites frappes antipathiques et autres faire-valoir de second plan. Certes, son personnage est encore un repris de justice mais il s’agit ici d’un truand au grand cœur, très humain et qui attire la sympathie. Humphrey Bogart apporte une réelle dimension à ce personnage de tueur en lui donnant à la fois une férocité de psychopathe et une ingénuité désarmante. Il inaugure ainsi toute une décennie de grands rôles mythiques pour lui, une décennie qui verra aussi la fin de ces films de gangsters qui firent les beaux jours de la Warner dans les années 30 ; La Grande Evasion est l’un des tous derniers et, en même temps, préfigure ce que sera le film noir des années 40. A noter également, la très belle composition d’Ida Lupino. La scène finale, sur le Mont Whitney, est restée célèbre.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Ida Lupino, Humphrey Bogart, Joan Leslie
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Anecdote :
George Raft avait refusé le rôle car le personnage devait mourir à la fin, Paul Muni aurait refusé parce qu’il avait été proposé à George Raft, James Cagney et Edward G. Robinson refusèrent également. Bogart accepta aussitôt. A noter que George Raft donnera un deuxième énorme coup de pouce à Humphrey Bogart en refusant quelques mois plus tard le rôle de Sam Spade dans le Faucon Maltais du « jeune » John Huston.

Remakes :
La Fille du Désert (Colorado Territory) du même Raoul Walsh (1949) avec Joel McCrea et Virginia Mayo, une transposition du même thème dans le monde du western.
La Peur au Ventre (I Died a Thousand Times) de Stuart Heisler (1955) avec Jack Palance et Shelley Winters.

Homonyme :
La grande évasion (The Great Escape) de John Sturges (1963) avec Steve McQueen.

10 février 2008

Les grandes espérances (1946) de David Lean

Titre original : « Great expectations »

Les grandes espérencesElle :
(En bref) Le roman de Charles Dickens Les Grandes Espérances fournit à David Lean la trame pour réaliser un très beau film au scénario captivant et à l’univers inquiétant et étrange. Les ombres noires et contrastées accentuent les caractères des mines patibulaires ou angéliques comme celle du bagnard ou de Pip (interprété par un acteur qui a en fait 38 ans alors qu’il est censé en avoir 20).
Note : 5 étoiles

Lui :
(En bref) Ce film de David Lean retranscrit parfaitement sur grand écran l’univers de Dickens. L’histoire est forte et l’interprétation convaincante, même si l’on peut contester l’âge des comédiens qui paraissent un peu trop âgés pour leur rôle.
Note : 4 étoiles

Acteurs: John Mills, Tony Wager, Valerie Hobson, Jean Simmons, Bernard Miles, Alec Guinness
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13 janvier 2008

Le ciel est à vous (1944) de Jean Grémillon

Le Ciel est à vousElle :
Inspiré d’un fait réel (de 1938), Le ciel est à vous a été tourné pendant l’Occupation. Jean Grémillon nous plonge au cœur de la vie provinciale avec ses mesquineries, ses lâchetés et ses rêves aussi. Ce film est étonnamment précurseur, joyeux, plein de force et de ténacité. Le réalisateur y exalte le féminisme, l’amour dans le couple, la passion de l’aviation ou de la musique qui fait vibrer et vivre intensément. Il dénonce le conformisme, les préjugés et les idées étroites. Charles Vanel et Madeleine Renaud y sont d’immenses acteurs qui jouent soit en retenue ou en exaltation.
Note : 4 étoiles

Lui :
Le Ciel est à vous met en scène un garagiste et sa femme qui vont tous deux se passionner pour l’aviation. Jean Grémillon a tourné ce film (non sans peine) pendant l’Occupation et le film a été l’objet d’une petite polémique car à sa sortie, au tout début de 1944, il fut récupéré aussi bien par les pétainistes qui y voyait là une glorification de la famille et des petites gens, que par les résistants à l’occupant qui y voyaient une attaque contre la famille traditionnelle et contre la résignation. Avec le recul, on a plus l’impression que Jean Grémillon a surtout voulu faire un film sur la passion : comment un couple d’apparence classique et ordinaire peut tout remettre en cause et prendre tous les risques pour aller jusqu’au bout d’une idée. Le Ciel est à vous est un grand film populaire (dans le bon sens du terme) soutenu par un couple d’acteurs vraiment convaincants.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Madeleine Renaud, Charles Vanel
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Note : (Ne lisez pas cette note si vous n’avez pas encore vu le film)
En mai 1938, Andrée Dupeyron, femme d’un garagiste de Mont-de-Marsan, battit le record féminin de vol en ligne droite entre Oran (Algérie) et Tel El Aham (Irak), soit la distance de 4360 kilomètres, battant le record de 4063 kilomètres établi deux jours avant par Elisabeth Lion. Elle disparut effectivement pendant deux jours et fut retrouvée dans le désert par des nomades.

La veille du départ, Charles Vanel dit en regardant l’avion de la concurrente : « Evidemment, on ne peut pas lutter… » En fait, cet avion est un Messerschmitt, ce qui rend cette petite phrase lourde de sens (puisqu’ils lutteront et vaincront).
(Infomations prises sur une page du site Aeromovies )

4 janvier 2008

Passport to Pimlico (1949) de Henry Cornelius

Passport to PimlicoElle :
Après la découverte dans une cave d’un édit du XVe siècle donnant leur quartier aux Ducs de Bourgogne, les habitants du quartier londonien de Pimlico décident de faire sécession d’avec l’Angleterre. Le gouvernement les prend au mot et installe une frontière. Le film a bien du mal à convaincre, le début de l’histoire peine vraiment à décoller. La fin est plus amusante.
Note : 3 étoiles

Lui :
Passport to Pimlico Passport to Pimlico est un film très original et assez surprenant, un pur produit anglais des Studios Ealing. C’est une satire des mesures de rationnement prises dans l’Angleterre d’après-guerre et dont l’humour, très british, repose essentiellement sur un comique de situation. L’idée de départ, franchement inhabituelle, s’amuse du légendaire légalisme britannique : un texte dûment signé il y a 400 ans reste valide aujourd’hui… Passport to Pimlico est tout de même un peu décevant, assez fermé dans son developpement ce qui l’empêche de décoller vraiment.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Stanley Holloway, Betty Warren, Barbara Murray
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28 décembre 2007

Jeux dangereux (1942) d’ Ernst Lubitsch

Titre original : To be or not to be

Jeux dangereuxLui :
Comment un maître de la comédie peut-il traiter d’un sujet aussi grave que la guerre, une guerre dans laquelle le monde est plongé ? Ernst Lubitsch donne une réponse magistrale avec Jeux Dangereux, à la fois une comédie très drôle, un film au suspense quasiment insoutenable et un pamphlet contre la tyrannie et pour la liberté. To be or not to be, être ou ne pas être, nul titre ne serait plus approprié à ce film où l’on cherche à passer pour un autre mais c’est un jeu dangereux quand il s’agit de prendre la place d’un membre de la Gestapo dans le Varsovie occupé. Il y a de nombreux moments de pure comédie entremêlés dans une intrigue assez angoissante, où l’on frémit d’appréhension ; l’ensemble est dopé par un rythme qui ne laisse aucun répit, aucun temps mort pour souffler. C’est cet équilibre qui rend Jeux Dangereux vraiment remarquable et absolument unique.
Note : 5 étoiles

Acteurs: Carole Lombard, Jack Benny, Robert Stack
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Remarques :
Jeux dangereux* Si Jeux Dangereux est aujourd’hui reconnu comme un film assez marquant et l’un des meilleurs de Lubitsch, il fut plutôt mal compris à sa sortie, Lubitsch se voyant accusé de se moquer du sort terrible de la Pologne et de Varsovie.

* To be or not to be est le dernier film de la belle Carole Lombard. Celle qui fut l’épouse de William Powell puis de Clark Gable périra quelques mois plus tard, avant même la sortie du film, dans un accident d’avion lors d’une tournée pour vendre des War Bonds. La phrase « What can happen on a plane ? » (Que peut-il arriver dans un avion ?) qu’elle prononce au début du film fut supprimée au montage final. Elle figure toutefois dans les versions actuelles.

* Clin d’œil (à l’intention de ceux qui ont suivi avec ferveur une certaine série télévisée dans leur enfance) : To be or not to be est l’un des tous premiers rôles de Robert Stack, alias Eliot Ness.

Remake :
To be or not to be d’Alan Johnson (1983) avec Mel Brooks et sa femme, Anne Bancroft, remake plutôt réussi.

To be or not to be