Lui :
Fable écologique futuriste, Avatar brille surtout par ses images du monde imaginaire de Pandora. La création de cet univers est assez magique même si l’on peut regretter son côté un peu fourre-tout et un certain manque d’épuration. Pour donner tout son intérêt à la version 3D, le film multiplie les plans vertigineux qui sont, ceci dit, généralement réussis. Les scènes de vol sont très belles. Si le scénario, dans ses grandes lignes, ne brille pas vraiment par son originalité (c’est le moins que l’on puisse dire), il renferme en revanche une multitude de belles petites trouvailles sur les objets ou les interactions avec les éléments de ce monde imaginaire. Pour le reste, le film est très formatté et plutôt trop long.
Note :
Acteurs: Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang
Voir la fiche du film et la filmographie de James Cameron sur le site IMDB.
Voir les autres films de James Cameron chroniqués sur ce blog…
Avatar n’était ni à faire, ni à entreprendre. Ce film qui n’invente rien, reprend tous les thèmes déjà surexploités de Robinson Crusoé à Pocahontas. Ces thèmes sont d’autant plus mal traduits et se noient dans une abondance de clichés americano-écolo. Enfin, la 3D n’apporte rien et aurait même plutôt tendance à atténuer l’image et les couleurs.
Je n’ai vu ce film qu’en DVD, sur écran d’ordinateur, plusieurs années après sa sortie. Mais il a été pour moi un enchantement (et une très bonne surprise).
Comme vous le soulignez, les images sont magnifiques et même stupéfiantes, et nous immergent totalement. Je crois avoir rarement vu un film d’une telle beauté visuelle. Vraiment. J’ai été éblouis, captivé, envoûté.
Jusqu’à la lecture du commentaire de « Critique-Ouverte » ci-dessus, je me faisais une joie par anticipation de pouvoir sans doute enfin voir Avatar en salle et en 3D, à l’occasion de sa probable « ressortie » en amont de la sortie de sa suite (suite que je n’attends guère pour elle-même et que je n’ai guère envie de voir : l’histoire n’appelle pas de suite, et son prolongement ne peut donner lieu qu’à répétition ou déception). Si j’en crois ce commentaire, et contrairement à ce que je pensais, le fait de ne pas avoir pu bénéficier de la version 3D aurait plutôt amélioré ma perception du film ? Je reste sceptique. Un certain nombre de décors et de scènes offrent manifestement un « volume » supplémentaire en 3D, et je continue à penser que le film doit être encore plus enchanteur dans cette forme. J’essaierai quand même (ne serait-ce que pour bénéficier de l’immersion dans un « grand écran » !) — quitte à revoir mon DVD plus tard si la 3D me déçoit.
C’est clair, j’ai avant tout été subjugué par les images, les décors, l’univers foisonnant et divers, la richesse esthétique. J’ai pris un coup de soleil visuel, et j’en ai encore des étoiles dans les yeux. Mais je ne partage pas votre condescendance envers l’histoire. Bien sûr, elle comporte des clichés. Bien sûr, une partie de la structure du récit est convenu. Et alors ? C’est le cas de 99% des chefs-d’œuvre, et personne ne le leur reproche. Les contes, les mythes, les pièces de Shakespeare, les drames de Victor Hugo, les thrillers, les livres d’aventure : tout cela est basé sur des structures attendues. Cet aspect ne peut pas « en soi » être un prétexte à critique. La question est de savoir si cette trame est bien traitée, et oui, ici elle l’est. Je le dis d’autant plus que :
— je m’attendais à un film bien moins intéressant (c’est pour ça que je n’étais pas allé le voir en salle),
— j’y ai trouvé quelques éléments de plagiat évidents de la bande dessinée Aquablue (c’est un peu pénible de voir combien le cinéma nord-américain pille sans scrupule la bande-dessinée française, sans jamais citer ses inspirations), ce qui m’énerve forcément (non pas que ces emprunts soient mauvais, bien au contraire, mais cela réduit l’inventivité des scénaristes et cela est malhonnête puisque la source n’est pas citée),
— j’ai une réticence viscérale envers la mystique militaire (ici, le bon gars surentraîné que ses valeurs militaires d’honneur et de simplicité conduisent à embrasser la cause des spoliés).
Mais tout cela est bien agencé, avec certaines finesses (le bon militaire pas très futé finit quand même par s’opposer à sa hiérarchie : ça, ce n’est pas très « valeurs américaines »), avec de bonnes raisons (l’entraînement militaire du personnage principal est évidemment « la » condition permettant d’une part sa rapide adaptation à son incarnation, et d’autre part son rôle héroïque ensuite).
Et puis j’en ai un peu marre que, dans notre société, les scénarios cyniques ou pervers soient qualifiés de brillants (je pense aux films de Polanski qui, indépendamment des polémiques légitimes sur le cinéaste, sont d’une noirceur et d’une perversion assez dérangeantes à la longue) tandis que les scénarios écologistes ou humanistes seraient « naïfs ». Cela en dit long sur la manière dont nos élites ont construit un cadre culturel (au double sens artistique et anthropologique) extrêmement normé et complaisant.
Non, parler d’écologie n’est pas gnan-gnan, et ça ne l’est certainement pas plus que de parler des névroses d’un malfrat dans une ville obscure. Non, conter la rébellion d’un peuple contre l’anéantissement de son territoire n’est pas « convenu », c’est même extrêmement audacieux dans un monde où justement c’est systématiquement tourné en dérision (ou passé sous silence). Les valeurs implicites qui conduisent à trouver CE scénario « cliché écolo » (en oubliant les clichés constants de 99% des œuvres encensées par les mêmes) sont extrêmement circonstanciées (l’intelligentsia blanche de la civilisation occidentale) et ne constituent pas mon univers d’anthropologue.
Le scénario d’Avatar est assez prévisible, oui. Comme celui de tous les films d’aventure ou de fantasy (à quelques très rares exceptions près, qui en font d’ailleurs des chefs-d’œuvre, comme Princess Bride ou Stardust le mystère de l’étoile). Il n’en est pas moins bien mené (et c’est cela que l’on attend d’une œuvre)… et mis en scène dans un décor à couper le souffle.
Ce n’est certes pas le film du siècle, mais un excellent film. Et un « spectacle » parfait, ce qui est l’un des rôles du cinéma.