Elle :
C’est avec une caméra énergique et un montage nerveux que Jacques Audiard nous immerge de façon émotionnelle et physique dans l’univers de Thomas, un jeune homme partagé entre l’emprise intéressée d’un père malfrat et le passé d’une mère pianiste décédée. On alterne entre le monde glauque et violent des magouilles immobilières et le milieu feutré des pianistes dans lequel Thomas tente d’entrer. Dans ce rôle d’homme tantôt tourmenté, parfois cruel ou touché par la grâce, on découvre un Romain Duris époustouflant. Comme transfiguré par la découverte de lui-même, on assiste avec émotion à sa transformation intérieure qui va lui permettre de s’affranchir de son passé familial douloureux et de construire son avenir. Un beau film plein d’intensité.
Note :
Lui :
Avec De battre mon coeur s’est arrêté, Jacques Audiard réussit un film assez sombre où l’on retrouve ce côté biface que l’on avait dans son film précédent Sur mes lèvres : son personnage principal a en effet deux visages, la face sombre (le petit malfrat) et la face claire (le pianiste, l’amant). Le film est, par extension, à la fois policier et psychologique. Il filme cela en longs plans assez serrés avec une caméra à l’épaule très mobile et étonnamment efficace. Il est indéniable que Jacques Audiard a su se développer un style. Le film n’est pourtant pas sans défaut, on peut lui reprocher un certain côté macho et surtout d’être exclusivement centré sur son personnage principal : sans l’excellente prestation de Romain Duris (qui prouve ici qu’il ne faut pas le cantonner aux rôles d’adolescents attardés), le film ne tiendrait certainement pas car il n’y a aucune place pour les personnages secondaires qui sont, de ce fait, tous très fades.
Note :
Acteurs: Romain Duris, Niels Arestrup, Aure Atika
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Audiard sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jacques Audiard chroniqués sur ce blog…
Je vois peu de films français, because allergique au nombrilisme persistant de notre cinéma national et là c’est un sommet, l’histoire improbable d’un agent immobilier qui devient un virtuose du piano, c’est très fort. Surtout vu pour Niels Arestrup prodigieux comme d’habitude, le reste c’est une image très moche et césariser ce genre de chose, c’est bien démontrer l’incapacité du cinéma français à s’ancrer dans la réel… Ah Renoir et Truffaut, réveillez-vous….
Je rectifie mon mél… Mille excuses
Je trouve, moi aussi, que le succès de ce film est très surfait. Le scénario est invraisemblable (comme s’il suffisait de se remettre au piano pour réussir !), les scènes de violence, gratuites. Mais R. Duris est formidable.
me encanta romain duris, y es todo lo que tengo para decir…
Tout comme c’était le cas pour son précédent film, « Sur mes lèvres », Jacques Audiard ne joue pas dans le brillant ou le sympathique immédiat. Mais, alors que la confrontation de Paul et de Carla se développait matériellement et émotionnellement jusqu’à provoquer chez le spectateur un mélange d’attention et de compassion, les individualités et relations intérieures que le réalisateur nous offre ici, laissent de marbre. Thomas est un hyper-nerveux, un angoissé agressif parfaitement antipathique. Cela ne serait pas un handicap en soi, si le parcours évolutif de sa personnalité générait un magnétisme vibrant. C’est loin d’être le cas. L’interprétation exceptionnelle que donne Romain Duris de ce jeune homme rêvant de quitter le monde de brutes dans lequel il se noie, afin d’entrer en harmonie avec l’univers artistique dans lequel baignait sa mère, n’est pas en cause. Jacques Audiard a choisi de le faire évoluer dans une atmosphère lourde, poisseuse, perpétuellement tendue, dans laquelle même les séquences de musique sont un combat contre le destin. L’environnement humain n’est pas plus favorisé. Le père de Thomas est un vieil obèse méprisant, égoïste, qui charge son fils des basses besognes qu’il est incapable d’exécuter. Fabrice est un sombre salaud, Minskov (Anton Yakovlev), une authentique crapule. Quant à Chris ou Aline, elles ne brillent guère par leur rayonnement. Seule Miao Lin échappe à la sinistrose générale, sans pour cela devenir une source réellement lumineuse.
Le plus regrettable, à mon sens, n’est pas tant cette propension à la noirceur généralisée. Elle est tout à fait capable de donner naissance à des émotions profondes, viscérales. Ce qui me paraît stupéfiant, et d’autant plus étonnant que l’appréciation très enthousiaste de la grande majorité des critiques me laissait augurer une oeuvre poignante, est de n’avoir ressenti que de l’ennui devant cette suite de scènes pourtant fortes dans leur essence. A l’extrême limite, il serait même possible de dire que le destin de Thomas ne m’intéresse en aucune manière ! Peut-être existe-t-il une porte d’entrée vers son humanité intérieure que je n’ai pas découverte. Pour celui qui est sensible à la création d’une atmosphère sombre, à une mise en scène qui agence avec fluidité les composantes complexes des rapports humains, filiaux, qui explore avec sécheresse, violence, des personnages acides, usés, fragiles, l’enthousiasme est incontestablement au bout de la route. Peut-être le découvrirai-je lors d’une prochaine vision…
Assez bon film sur le sado-masochisme.