Titre original : « The Bedford Incident »
En pleine Guerre froide, un journaliste (Sidney Poitier) est héliporté à bord d’un destroyer de Marine américaine au large du Groenland pour un reportage. Son capitaine (Richard Widmark) traque un insaisissable sous-marin soviétique qu’il soupçonne de violer les eaux territoriales de l’OTAN…
Producteur de films de Stanley Kubrick, l’américain James B. Harris n’a que peu tourné lui-même. The Bedford Incident est sa première réalisation. Il s’agit de l’adaptation d’un roman de Mark Rascovich, un suspense basé sur le jeu du chat et de la souris, mêlé d’un zeste de folie obsessionnelle qui pourrait le rapprocher de Dr Folamour. On retrouve en effet cette crainte de l’emballement dans l’équilibre de la terreur où le moindre faux-pas peut provoquer un cataclysme nucléaire. La tension monte constamment, bien entretenue par le personnage du commandant jusqu’au-boutiste auquel Richard Widmark (qui est aussi producteur) donne chair. Il s’agit d’une production britannique, avec des capitaux américains : les moyens sont visiblement limités, on le ressent dans les scènes d’extérieur (icebergs et maquettes) sans que cela n’entrave sa force. The Bedford Incident n’eut que peu de succès et reste assez méconnu aujourd’hui. Il mérite mieux que cela.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Richard Widmark, Sidney Poitier, James MacArthur, Martin Balsam, Eric Portman
Voir la fiche du film et la filmographie de James B. Harris sur le site IMDB.
Richard Widmark dans Aux postes de combat de James B. Harris.
Remarques :
* James B. Harris a produit The Killing, Paths of Glory et Lolita mais a cessé son partenariat avec Kubrick avant Dr. Folamour. Certaines sources le créditent d’avoir participé à l’écriture de ce dernier mais rien n’est moins sûr.
* The Bedford Incident n’est pas basé sur des faits réels mais on sait depuis l’ouverture des archives soviétiques qu’un incident presque similaire a eu lieu. En octobre 1962 (donc avant la crise de Cuba), un sous-marin soviétique a été pris en chasse par un destroyer américain. Ce dernier, ignorant la présence d’armes nucléaires dans le sous-marin, a utilisé des charges explosives pour forcer le forcer à faire surface. Pensant qu’une 3e guerre mondiale avait éclaté, le capitaine soviétique voulut répliquer mais, fort heureusement, fut empêché par le commandant de la flotte qui se trouvait exceptionnellement à bord.
Eric Portman, Sidney Poitier et Richard Widmark dans Aux postes de combat de James B. Harris.
L’un des tous premiers rôles de Donald Sutherland : Aux postes de combat de James B. Harris.
Très bon film méconnu qu’on pourrait rapprocher également de » Moby Dick » dans la folie paranoiaque du commandant interprété par Widmark .
Widmark jouait là à contre emploi de ses idées progressistes .
Comme pour un certain nombre de films , le budget restreint est compensé par un certain sens de l’atmosphère et un scénario débarrassé de contraintes trop commerciales .
A découvrir .
On peut trouver un petit côté « Moby Dick » à l’ensemble, en effet.
Widmark joue un personnage qui est contraire à ses convictions mais c’est pour mieux les affirmer puisque, tout comme Dr Folamour, le fond du propos est de mettre en relief les risques d’une guerre nucléaire : il suffit d’une personne incontrôlable (ou mal contrôlée) pour déclencher l’apocalypse.
Pardon pour l’anachronisme mais toutes les scènes de conduite radar de Star Wars et de l’Empire Contre Attaque sont ici reprises par Georges Lucas . Le son et bruitage des communications radio surveillant le sous marin dans Aux Postes de Combat sont ceux des droïdes espions envoyés par Dark Vador pour trouver le repaire de la Rébellion ; les grands panneaux circulaire luminescents de conduite et de poursuite de la salle des opérations du Destroyer Bedford sont ceux des scènes où la princesse Leia conduit l’attaque sur l’étoile de la mort ….