9 mai 2022

La souris qui rugissait (1959) de Jack Arnold

Titre original : « The Mouse That Roared »

La Souris qui rugissait (The Mouse That Roared)Le Duché du Grand Fenwick, un minuscule État des Alpes, décide de déclarer la guerre aux États-Unis pour la perdre aussitôt et obtenir une aide économique pour le développement du pays (dans la logique du plan Marshall). Une pitoyable armée d’archers de style moyenâgeux est envoyée en Amérique…
Très british dans son humour, cette comédie semble sortir tout droit des studios anglais Ealing mais il n’en est rien. La souris qui rugissait a été réalisée pour la très américaine Columbia par Jack Arnold, réalisateur américain connu pour avoir signé L’étrange créature du lac noir (1954) et L’homme qui rétrécit (1957). Il s’agit de l’adaptation du roman homonyme de l’irlandais Leonard Wibberley qui a imaginé ce pays de fiction, Le Grand Fenwick, qu’il fera vivre dans une petite série de romans. L’histoire est totalement farfelue et joue beaucoup avec les anachronismes pour créer l’humour. A noter qu’il faut attendre le tout dernier plan pour comprendre le sens du titre. Se moquant de « l’équilibre de la terreur », le propos général est plutôt pacifique. Peter Sellers tient ici trois rôles, avec brio, dont celui de la Grande-duchesse Gloriana qui dirige le duché. De façon assez surprenante, le film n’eut que peu de succès en Angleterre mais fut un hit aux Etats-Unis.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Peter Sellers, Jean Seberg, William Hartnell, David Kossoff, Leo McKern
Voir la fiche du film et la filmographie de Jack Arnold sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jack Arnold chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Richard Lester réalisera en 1963 une suite, La souris sur la lune (The Mouse on the Moon), adaptée du roman du même nom de Leonard Wibberley paru en 1962, avec Margaret Rutherford, Ron Moody et Bernard Cribbins.

La Souris qui rugissait (The Mouse That Roared)Jean Seberg, William Hartnell, Peter Sellers et David Kossoff dans La souris qui rugissait (The Mouse That Roared) de Jack Arnold.

La Souris qui rugissait (The Mouse That Roared)Peter Sellers et William Hartnell dans La souris qui rugissait (The Mouse That Roared) de Jack Arnold.

Une réflexion sur « La souris qui rugissait (1959) de Jack Arnold »

  1. Ce film est un chef-d’oeuvre d’humour british; il montre une fois de plus que ce n’est pas le nombre de millions investis qui déterminent la valeur d’une œuvre. Peter Sellers est fantastique dans ses trois rôles, qui préfigurent « Dr folamour » quelques années plus tard, dans le film de Kubrick, sur le même sujet des dangers de la guerre froide.
    Le réalisateur Jack Arnold avait déjà réalisé plusieurs films de série B d’excellente facture, dans lesquels il a chaque fois introduit des éléments de réflexion très riches: dans « la créature du lac noir », l’impossibilité de communiquer avec un être trop différent, mais avec des sentiments humains (del Toro raconte que ce film a inspiré sa « forme de l’eau »); la place de l’homme dans l’univers, dans « l’homme qui rétrécit ». Dans la « souris », tourné en pleine guerre froide, c’est l’irresponsabilité de la course à l’armenent atomique qui est fustigée. Les politiques-négociateurs-diplomates en prennent méchamment pour leur grade; la partie de « Diplomacy » de la fin est un sommet, avec ces puissants jouant une caricature de Monopoly pour se partager le monde.
    Cette farce est bourrée de situations totalement improbables qui amènent souvent une grande poésie. Les images de l’équipe d’archers cotte-de-maillés déambulant dans une New-York déserte, car toute la population est terrée dans les abris en raison d’un exercice atomique, ce qui leur permet de s’emparer de la bombe Q et de son auteur, est un poème.
    Si ce film semble si british, c’est parce qu’il l’est vraiment. Jack Arnold est américain, mais il est venu en Angleterre pour tourner ce film, dans des studios britanniques; il sera produit par « Highroad Productions » en Angleterre. Columbia n’est que le distributeur aux USA.
    Une dernière chose: ce film, que j’ai vu en pleine guerre d’Ukraine, prend à l’heure où j’écris un relief particulier. Certains devraient le mettre dans leur play-list…

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