Titre original : « La virgen de agosto »
Alors que tout le monde s’exile pour les vacances, Eva reste à Madrid en plein mois d’août. La jeune femme de 33 ans redécouvre la capitale, se laissant porter par les déambulations et les rencontres…
Eva en août (traduction littérale du titre original = « La vierge d’août ») est coécrit et réalisé par Jonás Trueba. Le réalisateur espagnol a l’âge de son personnage principal et habite ce quartier de Madrid qu’il a filmé en images réelles. Il dit être influencé par Eric Rohmer et plus particulièrement Le Rayon Vert (1986). Il y a effectivement certaines similitudes dans sa façon de nous faire suivre son personnage dans ses rencontres successives. En revanche, il ne parvient pas à générer la moindre émotion et nous restons seulement spectateur. Si ses rencontres s’épanchent volontiers, Eva reste fermée à double-tour, éludant plus ou moins habilement toutes les questions personnelles. De plus, les discussions restent assez superficielles. Au final, nous n’éprouvons rien pour elle. Le cinéaste prend son temps, certainement un peu trop car on éprouve un petit désintérêt à mi-parcours et on se console en se disant que l’on visite Madrid (sa vie nocturne surtout). Plaisant à défaut d’être vraiment intéressant, le film a toutefois été bien reçu par la critique.
Elle:
Lui :
Acteurs: Itsaso Arana, Vito Sanz, Isabelle Stoffel, Joe Manjón
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Itsaso Arana dans Eva en août (La virgen de agosto) de Jonás Trueba.
PORTRAIT EN CREUX (d’une jeune fille en feu?)
Filmé en 2018 en pleine vraie canicule madrilène, très exactement du 1er au 15 si l’on suit les pages de l’éphéméride d’Eva (ce qui note un rapport temps réel/temps filmé très précis), et sorti en France en août 2020 (pour respecter cette concordance de temps) entre deux confinements
Ce film écrit et tourné en duo de connivence entre le jeune cinéaste et sa jeune égérie se déguste comme un sorbet d’été. L’Eva du titre, apparemment nouvelle vierge sur terre, occupe un bel appartement prêté pour ce temps de vacance à tous points de vue, de l’esprit comme du corps. C’est l’intérêt du film. Du reste son carnet intime est peu rempli. Est-ce que tenir un carnet intime pour une jeune fille d’aujourd’hui est encore beaucoup usité? C’est juste une question sociologique en passant. Elle va et vient dans la ville s’y laissant flotter ou conduire au gré de quelques rencontres. Eva déambule dans des temps morts. Ce n’est pas la première fois que le cinéma, très adepte de cette figure, disons un cinéaste et son actrice, accompagne une jeune femme dans des lieux, ici Jonas Trueba, fils de cinéaste et Itsaso Arana
La ville fuie par ses habitants mais inondée de touristes frémit dans l’attente des fêtes religieuses qui se préparent avec les processions jusqu’à la nuit des larmes de San Lorenzo pendant laquelle la foule attend avec ferveur le passage des étoiles filantes, queues de comètes traversant la nuit associées aux larmes saintes (Espagne comme Italie sont championnes)
La balade révèle en son centre une séquence magnifique qui nous emporte en flottant sur place, celle où Eva consent à se baigner à moitié habillée (ou déshabillée, on choisira), s’abandonne dans l’eau claire d’une rivière, sans doute le Manzanarès – la photo est sublime – en un temps suspendu de bienfaisance et d’acceptation de notre nouvelle madone, moment de grâce sans parole comme il advient parfois soudain dans un film et qu’on peut assimiler ici à un baptême puisque le film semble arborer les stigmates de traces religieuses certes un brin confuses (août est également le mois du signe de la Vierge). Un peu de poésie dans ce monde de brutes!
* Je n’avais pas remarqué le cercle auréolant le profil d’Eva/Eve sur l’affiche