Dans le train-couchettes Marseille-Paris, la jeune Bambi fait la connaissance de Daniel. Elle le fait entrer subrepticement dans son compartiment qui a une couchette de libre. Le lendemain matin, l’une des voyageuses est retrouvée morte étranglée. L’inspecteur Graziani se met sur l’affaire…
Adaptation d’un roman de Sébastien Japrisot, Compartiment tueurs est le premier long métrage de Costa-Gavras qui avait été auparavant assistant de René Clair, Jacques Demy, Jacques Becker et René Clément. Depuis le tournage de Le Jour et l’heure de Clément, il était devenu très ami avec le couple Montand-Signoret et l’acteur l’aidera beaucoup à monter son premier projet. Le plateau d’acteurs réunis ici est assez impressionnant, y compris dans les tout petits rôles, et c’est presque un jeu pour le spectateur d’aujourd’hui de mettre un nom sur tous les visages. L’histoire est assez brillante dans son idée de base, une belle variation sur le crime parfait, qui nous laisse dans le brouillard pendant la plus grande partie du film avant un dénouement un peu rapide. Le récit prend en outre la peine de bien explorer ses personnages en profondeur. Compartiment tueurs a permis à Costa-Gavras de prouver qu’il était capable de réaliser des productions plus importantes. Le film sera un succès, notamment (ce qui est toujours plus rare pour un film français) aux Etats-Unis.
Elle:
Lui :
Acteurs: Yves Montand, Simone Signoret, Catherine Allégret, Jacques Perrin, Michel Piccoli, Pierre Mondy, Pascale Roberts, Claude Mann, Charles Denner, Jean-Louis Trintignant, Bernadette Lafont
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Simone Signoret, Yves Montand et Claude Mann dans Compartiment tueurs de Costa-Gavras.
Catherine Allégret et Jacques Perrin dans Compartiment tueurs de Costa-Gavras.
Un très bon premier film. Après plusieurs années d’assistanat Costa-Gavras nous livre un grand polar , mis en images un peu par chance. Au départ le réalisateur s’était amusé à adapter cinématographiquement le roman du alors peu connu Japrisot, par exercice et sans espérer un passage à l’acte. L’appui de Montand / Signoret , le désir de se lancer dans le cinéma de leur fille Catherine et les hasards des rencontres et discussions concrétiseront la création de cette petite bombe.
Restent aujourd’hui direction d’acteurs, décors étudiés pour une perfection technique, astuces de scénarios ( Gavras nous mets plusieurs fois sur la piste de l’identité du coupable grâce à d’imperceptibles détails ) .
Pour l’interprétation, difficile de ne pas citer Montand en inspecteur méridional, mais surtout Piccoli en pauvre type pas très net sur et en lui et Charles Denner en grande gueule sarcastique. Et une flopée d’acteurs de cette époque , connus ou pas , défilant amicalement devant la caméra de Costa-Gavras, parfois en silhouettes muettes et inattendues.
Et techniquement, on a une caméra qui n’arrête pas de bouger . Dés le générique, l’image se remue sur des plans fixes et des photos des interprètes, sur une musique rock de Michel Magne . C-G joue à fond le jeu du titre : étroitesse du compartiment de train dans lequel 6 personnes se retrouvent réunies par le hasard des réservations SNCF. Malgré l’exigüité la caméra bouge sans cesse, parfois imperceptiblement. Comme plus tard dans la chambre et les couloirs d’hôtel et la cabine téléphonique ou Jacques Perrin est traqué par le tueur. Comme les locaux de la P.J. , étroits, enfumés et encombrés de policiers ( j’ai souvent pensé au Clouzot de « Quai des orfèvres » ).
Signalons aussi l’aspect vestimentaire du coupable entrevu dans les scènes de l’hôtel : sans doute inspiré d’un Krimi allemand d’Edgar Wallace et préfigurant les futurs sadiques de Mario Bava et du giallo italien.
Un polar très différent de ce qui faisait à l’époque en France dans le genre et qu’on ne pourrait d’ailleurs pas refaire à notre époque : le compartiment fumeur ( ayant servi d’inspiration au titre) n’existant plus tout comme beaucoup de trains de nuit ne sont plus affrétés affrété depuis belle lurette par la SNCF !