2 avril 2014

Le Bal des vampires (1967) de Roman Polanski

Titre original : « The Fearless Vampire Killers »
Autre titre : « Dance of the Vampires »

Le bal des vampiresLe vieux professeur Abronsius, expert en chauve-souris, arrive dans un petit village enneigé de Transylvanie avec son assistant. Ils espèrent récolter des preuves de l’existence des vampires. Ils font halte dans l’auberge où ils vont être le témoin d’évènements surprenants… Après le sérieux Répulsion, Roman Polanski nous avait déjà montré son humour (noir) dans Cul-de-sac mais cette fois il va beaucoup plus loin avec Le Bal des vampires. Il n’y a en effet absolument rien de sérieux ici et le fait d’utiliser tous les codes du genre pour les tourner en dérision a quelque peu irrité les amateurs de films de vampires à l’époque. Il faut dire que Polanski ne respecte rien : qu’un vampire soit homosexuel, passe encore, mais qu’un vampire ne craigne pas un crucifix montré devant lui sous prétexte qu’il est juif, là cela ne va plus du tout ! Le bal des vampiresIl mâtine sa parodie d’un humour multi-facettes, certaines scènes sont même dans la grande veine de l’humour slapstick du cinéma muet. Petit délice, Le Bal des vampires reste hilarant même lorsqu’on le connait très bien pour l’avoir vu à de nombreuses reprises. La prestation de l’acteur irlandais Jack MacGowran est incroyable, absolument désopilant d’un bout à l’autre en vieux scientifique farfelu, avec son allure d’Albert Einstein d’‘opérette. Face à lui, le jeu de Roman Polanski est plus sage, presque timide. Pour un peu, on en oublierait de faire attention à belle photographie et aux décors assez remarquables.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jack MacGowran, Roman Polanski, Alfie Bass, Sharon Tate, Ferdy Mayne
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.
Voir les autres films de Roman Polanski chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Roman Polanski

Remarques :
* A sa sortie, le titre complet américain était : « The Fearless Vampire Killers or: Pardon Me, But Your Teeth Are in My Neck » (= Les intrépides chasseurs de vampires ou : Pardonnez moi mais je crois que vous avez planté vos dents dans mon cou.)
* C’est sur ce film que Roman Polanski a rencontré Sharon Tate qu’il épousera peu après.
* Le Bal des vampires est surtout une parodie des films de la Hammer, compagnie de production britannique spécialisée dans les films d’horreur.
* A sa sortie aux Etats Unis, le producteur Martin Ransohoff a coupé 16 minutes de film, rajouté une courte séquence de dessin animé avant le générique pour bien montrer qu’il s’agissait d’une comédie, refait le doublage de certains acteurs et rajouté au titre « Pardon me, but… »

Le Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers)Roman Polanski et Jack MacGowran dans Le Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers) de Roman Polanski.

3 réflexions sur « Le Bal des vampires (1967) de Roman Polanski »

  1. « AIGUISEZ VOS CROCS! »
    C’est la meilleure réplique du film que le comte von Krolock lance à l’assistance assoiffée à la fin du bal. C’était en 68 – avant mai – à Paris au printemps que le couple Roman et Sharon, en voyage de noces, ouvrait leur bal pour présenter leur film avec une affiche dessinée comme une BD très drôle et très rouge. C’est sur le tournage, dans les studios anglais, qu’ils étaient tombés en amour. Ils jouaient ensemble dedans et tombaient aussi – fiction interposée – timidement et naïvement amoureux, pour le meilleur et surtout pour le pire si l’on s’en réfère à la fin du film. LE BAL serait comme un film d’adulte adolescent encore un peu enfant dans sa tête, un peu aventureux pour un public un peu de la même trempe (comme le sera également plus tard PIRATES), ce que devait être encore Polanski à l’époque, et c’est cela qui en fait l’originalité et la réussite. Un cocktail d’humour, de frousse et d’hommage (pour les spectateurs d’alors, les films habituels de vampires « dits fantastiques » étant relégués dans des circuits de distribution parallèles!). Le ton est donné dès le départ lorsque le vieux lion de la MGM en devient vert et que de ses canines acérées perle une goutte de sang qui descend tout au long du générique. Je ne savais pas qui était à l’époque ce metteur en scène et quand j’ai compris que c’était ce gnome amoureux qui jouait lui-même Alfred l’assistant de l’intrépide et inconscient professeur chasseur de vampires, je suis tombé des nues. Mais ce qui me fit le plus jubiler c’était la mécanique assez somptueuse mise en oeuvre au service du film dans le Scope couleurs du studio : les décors, costumes, couleurs, lumières, et la musique de Krzystof Komeda. La première partie dans la sinistre auberge perdue de Transylvanie sous la neige semble sortie des toiles de Chagall, du reste c’est le nom du couple d’aubergistes aux trognes épouvantables, ceux là même qui cachent une perle dans la misère crasse, leur fille, la très jolie Sarah Shagal à qui Sharon Tate offre l’ovale de son visage laiteux et romantique enserré d’une magnifique chevelure rousse érotique. Les moments de tête à tête entre Alfred/Roman et Sarah/Sharon sont auréolés de tendresse naïve et charmante et (forcément) émouvante (lorsque l’on sait ce qui arriva l’année suivante dans la vraie vie). Le kidnapping de la belle dans sa baignoire où tombe la neige du vasistas par l’émule de Dracula est un moment de poésie effrayante. Et bien sur la célèbre séquence pendant le bal avec le partage incomplet des reflets dans les miroirs est astucieusement mis en scène. C’est un film qui prend son temps et qui prend donc à revers les jeunes spectateurs d’aujourd’hui qui, sur les vampires, en ont vu d’autres depuis.
    Toujours en 68 – après le joli mai – arriva à l’automne un second Polanski – c’était une époque formidable – beaucoup plus terrifiant : ROSEMARY’S BABY qui allait faire de Roman un metteur en scène star à qui Hollywood fit un pont d’or.
    – LE BAL DES VAMPIRES enregistra à Paris 115 000 entrées en 15 semaines
    – ROSEMARY’S BABY allait en avoir près de 300 000

  2.  « Aiguisez vos incisives ! », si je ne m’abuse, réplique du Comte Von Krolock joué par Ferdy Mayne qui est aussi « delicious » que lors de son face à face avec notre Louis national dans « Les Grandes Vacances » (McFarell) ou dans « Jo » (Mr Grunder).
    Entièrement d’accord sur votre excellente critique/ reflexion sur ce petit bijou d’humour noir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *