Titre original : « Otona no miru ehon – Umarete wa mita keredo »
Autre titre français : « Et pourtant nous sommes nés »
(Film muet) Un employé s’est installé avec sa famille dans la banlieue de Tokyo, dans le but d’habiter près de son patron. Ses deux garçons ont du mal à s’intégrer avec les autres enfants du quartier qui forment une petite bande… Alors que l’on pourrait penser qu’il s’agit d’un film traitant de la délinquance juvénile, Gosses de Tokyo est plutôt une comédie qui met en scène le monde des enfants et la confrontation avec le monde des adultes. Ozu (alors âgé de 29 ans) montre déjà la qualité de son regard sur la société japonaise. Les adultes ont des rapports qui reposent sur une certaine duplicité qui est absente du monde des enfants, plus naïf et pur. Ozu parvient remarquablement à faire jouer les enfants avec beaucoup d’humour et de postures amusantes tout en restant dans un registre très naturel qui insuffle une certaine fraîcheur à l’ensemble. Plutôt affranchi de ses influences américaines, Ozu fait montre ici d’un style déjà très personnel qui préfigure celui qu’il développera : caméra assez basse, plans vides de transition, beaucoup de plans fixes, et l’on retrouve certains de ses objets fétiches, les trains qui passent, le linge qui sèche. Très original pour son époque, Gosses de Tokyo est un film vraiment remarquable de la première partie de la filmographie d’Ozu.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Tatsuo Saitô, Tomio Aoki, Mitsuko Yoshikawa, Hideo Sugawara
Voir la fiche du film et la filmographie de Yasujirô Ozu sur le site IMDB.
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Remarques :
* Le sous-titre du film est « Un livre d’images pour adultes ». Le film montre en effet le monde des adultes tel que vu par un regard d’enfant.
* Chishû Ryû a déjà un petit rôle : c’est l’un des deux projectionnistes.
* Sur le thème de la confrontation du monde des enfants à celui des adultes, Ozu tournera quelque 25 années plus tard Bonjour (1959).
Une œuvre à la fois très sobre et très touchante. Un des plus beau film sur l’enfance.
De mémoire une scène savoureuse qui reflète le rapport entre les deux frères pendant tout le film (le cadet faisant souvent ce que fait l’ainé) :
Le père demandant au cadet ce qu’il veut faire plus tard : » Je veux être colonel »
« et pourquoi pas général ? » » parce que le général c’est mon frère »
Autre scène favorite, celle où les deux enfants ayant fait l’école buissonnière, demande à un adolescent de simulé sur leur copie la notation du professeur (évidemment c est un 20/20!)
Un film MAGNIFIQUE