Renvoyé pour avoir giflé son contremaître, Etienne Lantier part dans le nord de la France à la recherche d’un nouvel emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou grâce à une famille de mineurs qui l’héberge. Quand la direction décide de baisser les salaires, il pousse les mineurs à la grève… Lorsqu’il tourne cette adaptation du roman de Zola, Germinal, le réalisateur français Albert Capellani est déjà un spécialiste des adaptations littéraires (1). Il vient d’ailleurs de terminer une adaptation-fleuve (5h) des Misérables. Sans être aussi long, son Germinal dure 2h30, durée inhabituelle à l’époque. Nous sommes à une époque où le cinéma français dominait toujours le cinéma mondial grâce à sa force narrative. C’est bien le cas ici : si l’utilisation de la caméra reste très classique pour l’époque (plans fixes, pas de gros plans, quelques travelings latéraux), Germinal est étonnant de naturel à la fois par la mise en scène et le jeu des acteurs (l’école naturaliste propre au théâtre). On est étonné de voir avec quel naturel se comportent les acteurs ou figurants même quand ils ne sont pas au premier plan : on a vraiment l’impression de voir une scène véritable (2). Henry Krauss (Etienne Lantier) et Sylvie (Catherine Maheu) sont absolument remarquables, Sylvie tout particulièrement par ses nombreuses petites expressions et mimiques qui donnent beaucoup de vie. Le jeu très naturel permet de se passer de dialogues. Les intertitres, peu nombreux, sont utilisés pour décrire la ou plutôt les scènes qui suivent (ce qui correspond à l’usage de l’époque). Parmi toutes les adaptations de Germinal, celle de Capellani est probablement celle qui a le plus de force sur le propos social du roman de Zola.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Henry Krauss, Sylvie, Jean Jacquinet, Paul Escoffier
Voir la fiche du film et la filmographie de Albert Capellani sur le site IMDB.
Remarques :
(1) En 1908, Charles Pathé avait créé la Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres (S.C.A.G.L.), filiale de Pathé qui avait pour but de produire des adaptations des œuvres les plus prestigieuses de la littérature française. Il avait placé Albert Capellani à sa tête. Le réalisateur supervisait donc de nombreux films en plus de tourner les siens.
(2) La seule scène qui échappe à la règle est celle de la fête foraine, visiblement tournée au milieu de la foule d’une véritable fête. Résultat : des dizaines de badauds regardent la caméra, jusqu’à venir se planter devant. C’est très amusant à regarder mais on ne regarde que les badauds !
Autres adaptations :
Au pays noir de Ferninand Zecca et Lucien Nonguet (1905) (court métrage de 15 mn)
Germinal d’Albert Capellani (1913)
Germinal d’Yves Allégret (1963) avec Julien Sorel et Claude Brasseur
Germinal de Claude Berri (1993) avec Renaud et Gérard Depardieu
Découvrez l’envers du décor :
https://vincennes1900.blogspot.fr/2017/10/germinal-au-petit-parc-de-vincennes.html