Titre original : « The Quiet Man »
Au retour dans son village natal en Irlande, un américain tombe amoureux de la sœur de son plus grand ennemi… John Ford se penche avec humour et bienveillance sur les traditions irlandaises, avec leurs codes sociaux et leurs pesanteurs. Il y a beaucoup d’humanité et de chaleur dans son film. Ceci dit, L’homme tranquille n’est pas à recommander aux féministes car, même en considérant tout l’humour et la caricature que John Ford a placé dans son film, on ne peut pas dire que l’image de la femme en sorte vraiment grandie… (1) On peut aussi ne pas adhérer pleinement à sa façon de prôner l’acceptation des pires règles sociales pour parvenir à l’intégration. Mais, comme on le sait, le charme des films de John Ford ne réside pas vraiment dans l’idéologie qu’ils véhiculent… et, du charme, L’homme tranquille en a : une construction parfaite, un déroulement limpide, un bel équilibre entre humour et drame, de superbes images et beaucoup, beaucoup de chaleur. Le réalisateur mit de nombreuses années pour trouver un financement pour L’homme tranquille, une histoire jugée trop simple par les producteurs. Le film connut un très grand succès.
Lui :
Acteurs: John Wayne, Maureen O’Hara, Barry Fitzgerald, Ward Bond, Victor McLaglen
Voir la fiche du film et la filmographie de John Ford sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Ford chroniqués sur ce blog…
(1) Sur ce point, L’homme tranquille a souvent été comparé à La Mégère Apprivoisée, même si le propos est assez différent.
Remarques :
* Le monteur Jack Murray a déclaré n’avoir pratiquement rien eu à faire : John Ford avait tourné le film déjà monté, aucun plan ni aucune image n’avait besoin d’être enlevé.
* Anecdote : La phrase que Maureen O’Hara murmure à l’oreille de John Wayne dans le tout dernier plan et qui nous vaut une authentique expression de surprise de celui-ci, n’a jamais été connue. L’actrice n’a accepté de la dire qu’à la condition expresse qu’elle ne soit jamais divulguée…
Excellent film mais dont je cherche désespérément un dvd (anglais+français) de qualité. A quand une réédition ?
John Ford a fait de ce film une véritable comédie, ce qui n’est pas trop courant dans sa filmographie. Les amateurs apprécieront la présence de la musique, un répertoire irlandais joué par des musiciens comme aime le montrer souvent ce réalisateur.
Je revois toujours avec plaisir ce film fétiche de mes grand parents ! et pourtant, je suis plutôt féministe …mais de bons acteurs, de belles images, un rythme soutenu font oublier la caricature.
C’est un film magnifique à tous égards; les préjugés à l’égard des femmes sont ceux de son époque (années 50) et donc instructifs à cet égard. Par ailleurs, le rôle des femmes en tant que gardiennes des traditions, fussent-elles contraires à leurs intérêts, est un phénomène constaté par les sciences humaines (psycho-, socio-, ethnologie). Ce film n’en est pas moins la belle histoire d’un couple qui s’apprivoise mutuellement.
Quant à la scène de la chemise mouillée de John Wayne, elle est si torride qu’on se demande si Ford n’avait pas un faible pour lui…
D’accord avec Nonciade : ces « règles sociales » sont plébiscitées par la propre épouse de Sean qui lui refuse même sa couche tant que le héros n’y aura pas souscrit ! Toutes critiquables qu’elles soient, elles n’en demeurent donc pas moins incontournables pour se faire accepter.
En tout cas, l’idée d’un soit disant « matriarcat celtique », qui n’a sans doute jamais existé, pas plus en Irlande qu’en Bretagne, en prend ici un sacré coup, c’est sûr, ainsi qu’une certaine idée de la femme (ici mue en partie par une forme de cupidité intéressée…). Mais enfin, n’est-ce pas le féminisme qui en est parfois devenu également un, un cliché : une femme musulmane porte elle le voile parce qu’elle y est obligée ? Dans 90% des cas, non : il s’agit d’un choix absolument consenti, contrairement à ce que pensent et disent beaucoup d’Occidentaux, dont de nombreuses féministes, choix où le culturel entre autant en compte que le religieux (confère les coiffes des Bretonnes et autres, jusque, parfois, dans les années 70 et plus tard pour certains terroirs).
Vous semblez oublier que l’image de la femme « asservie à son mari » est justement contre-balancée par la personnalité de Maureen O’Hara, que John Wayne lui-même considérait comme « un mec » (dans le bon sens du terme). Elle se plie certes aux règles sociales de son pays et de son temps, mais c’est elle qui commande, en fait. (« Essuie tes pieds ! – en guise de bienvenue à son frère joué par Victor McLaglen.). Et cette personnalité se retrouve dans presque tous ses films, jusqu’à « Ta mère ou moi ».