Titre original : « High and dizzy »
Lui :
(Court métrage de 26 minutes) Un jeune médecin sans clientèle fréquente un voisin qui brasse de la bière de contrebande dans son bureau. Ils s’enivrent et se retrouvent, passablement éméchés, dans un hôtel. Dans un premier temps, High and Dizzy joue surtout avec l’ivresse. Il y a beaucoup de situations amusantes dans cet hôtel. On rit bien… et tout à coup c’est le choc ! Mildred Davis, en pleine crise de somnambulisme, ouvre une fenêtre et, sans faiblir, se met à marcher sur la corniche de l’immeuble à 20 mètres du sol. La scène est d’autant plus frappante que rien ne le laissait présager ; personnellement, mon cœur a fait un bon de trois mètres et l’on imagine aisément les cris de frayeur dans les salles de l’époque. L’un des premiers plans est suffoquant, tourné en plongée à 45 degrés, laissant voir deux étages entiers juste sous elle avec, bien plus bas, les tramways et les passants dans la rue (1). L’effet de vertige est encore plus fort que dans Never Weaken ou dans le célèbre Safety Last! La voyant passer devant sa fenêtre, Harold Lloyd va la suivre sur la corniche : nous avons donc alors une jeune fille somnambule endormie et un garçon ivre mort, incapable de mettre un pied devant l’autre, qui vont et viennent sur une corniche de trente centimètres de large à 20 mètres du sol ! La virtuosité et l’audace d’Harold Lloyd dans ce genre de plans n’a jamais été vraiment égalé. Un film vivement déconseillé aux personnes cardiaques.
Note :
Acteurs: Harold Lloyd, Roy Brooks, Mildred Davis, Wallace Howe
Voir la fiche du film et la filmographie de Hal Roach sur le site IMDB.
Voir les autres films de Hal Roach chroniqués sur ce blog…
(1) La technique d’Harold Llyod était de faire construire une fausse façade de quelques étages au sommet d’un building (ou, comme ici, sur la butte du Hill Street Tunnel). Il faisait empiler des matelas devant la fausse façade pour le cas où… Mais, sur le premier plan, la caméra filme vers le sol et l’on voit pratiquement deux étages entiers sous Mildred Davis (ou plus exactement sous sa doublure, car elle est doublée dans ces 5 premières secondes). Il s’agit probablement d’un plan réel mais l’on ne voit aucun câble…
[Ajout : L’excellent livre de John Bengtson précise que la scène a été tournée sur la corniche du 11e étage du Citizens National Bank sur la 5e Rue !]
Remarque :
Harold Lloyd n’a finalement tourné que 5 films (sur plus de 200) où il joue avec le vertige des hauteurs :
– Look out Below (1919), court métrage d’1 bobine
– High and dizzy (1920), court métrage de 2 bobines
– Never Weaken (1921), court métrage de 3 bobines
– Safety Last! (1923), long métrage (avec la fameuse scène de l’horloge)
– Feet First (1930), long métrage (parlant)
Et pourtant, on se souvient aujourd’hui d’Harold LLoyd en premier pour ces scènes. Elles ont beaucoup marqué les esprits.
Je n’ai pas vu High and Dizzy, mais j’ai encore l’estomac qui se soulève en pensant à Safety last… la sensation physique est bien réelle, c’est insoutenable. Quel phénomène !
Oui, on peut se demander pourquoi cette sensation physique fonctionne toujours si bien aujourd’hui…
Nous sommes blasés des images, nous sommes sommes habitués aux images fabriquées de toutes pièces, aux incrustations, etc…
Et pourtant, quand Mildred Davis est sortie sur la corniche, j’ai failli défaillir… 🙂 Il faut dire que je ne m’y attendais pas du tout, je ne savais pas qu’il y avait une telle scène dans ce film… Quand on regarde Never Weaken ou Safety Last, on n’attend que cela : les scènes dans les hauteurs. Mais là, c’était différent. L’effet était assez fabuleux. 🙂
Ce qui est dommage, c’est que en racontant tout cela j’empêche mes lecteurs d »avoir le même effet… Bon, mais d’un autre côté, il faut bien parler du film.