Titre original : « The tin star »
Lui :
Du sang dans le désert, derrière ce titre français qui fait plutôt sourire se cache un western d’un très beau classicisme. Un ex-sheriff désillusionné devenu chasseur de primes (Henry Fonda) prend sous son aile un tout jeune sheriff (Anthony Perkins) qui, du fait de son inexpérience, a toutes les chances de ne pas rester en vie très longtemps. Il lui enseigne les ficelles du métier et le jeune élève ne va tarder à devoir mettre les leçons en pratique. Le scénario n’est donc pas franchement original, on retrouve le thème de la transmission de l’ancien, calme et perspicace, au jeune idéaliste et impétueux avec en accompagnement bon nombre de poncifs du western du côté des personnages secondaires. Cependant, le film est très attachant, même assez enthousiasmant, d’abord par sa forme, un beau noir et blanc avec une image très précise, une grande pureté dans la mise en scène sans esbroufe d’Anthony Mann, et aussi par une interprétation à la fois sobre et puissante avec, au premier rang, un Henry Fonda qui montre une grande présence à l’écran. Tout cela contribue à donner une indéniable profondeur à l’histoire et aux personnages. Du sang dans le désert est un western qui fait preuve d’un superbe classicisme et qui mérite de figurer parmi les meilleurs.
Note :
Acteurs: Henry Fonda, Anthony Perkins, Betsy Palmer, Neville Brand, John McIntire, Lee Van Cleef
Voir la fiche du film et la filmographie de Anthony Mann sur le site IMDB.
Voir les autres films de Anthony Mann chroniqués sur ce blog…
Et laissez-moi deviner: Lee Van Cleef y joue le rôle d’un méchant ? 😉
Blague à part (encore que…), le film me tenterait bien. D’abord parce que le western est si souvent associé au Technicolor dans mon esprit que je serai content d’en voir un nouveau en noir et blanc, ensuite parce que j’aime les westerns, de toute façon, ensuite encore parce que j’aime bien Anthony Mann, et enfin parce qu’il y a quand même ce duo de têtes d’affiches assez remarquable.
Dans le style, j’ai revu l’autre jour « Le train sifflera trois fois » et j’y ai pris énormément de plaisir.
Bonne journée.
Oui, Lee Van Cleef est globalement un méchant, mais…
… disons que c’est un peu plus nuancé que cela.
🙂
Bravo ! Maintenant, j’ai encore plus envie de le voir ! 😉
Vous avez raison d’attirer l’attention sur ce western d’Anthony Mann que l’on mentionne assez rarement aujourd’hui parce que 1/ il est en noir et blanc (une photo superbe, comme vous le relevez) ; 2/ le personnage principal n’est pas interprété par Jimmy Stewart, acteur fétiche de Mann ; 3/ le film n’est visible qu’en Zone 1, autrement dit en anglais (avec sous-titres anglais, si on le souhaite) – d’ailleurs, question toute bête, vous l’avez visionné en édition anglo-saxonne, je suppose? Parce que si vous possédez une édition Zone 2 (avec sous-titres français), où l’avez-vous dégotée?
Cela dit, il s’agit d’un western de grande qualité, dont le propos est clairement anti-raciste. Neville Brand, en salopard haineux, est très bien. Ainsi que le reste de la distribution (John McIntire, Lee Van Cleef, Anthony Perkins…). Anthony Mann n’a pas pu s’empêcher de situer la principale scène d’action sur des hauteurs rocheuses (on ne se refait pas), avec enfumage de grotte assez inhabituel pour le genre. Le film offre matière à réfléchir sur les questions d’ordre et de loi. Le rôle que tient ici brillamment Henry Fonda anticipe celui qu’il tiendra deux ans plus tard dans le magnifique « Warlock » (« L’Homme aux colts d’or ») d’Edward Dmytryk ; celui d’un dur aguerri au métier des armes, dont le rôle s’avère capital pour pacifier l’Ouest sauvage dans l’intérêt collectif, avant que l’opinion publique ne retourne sa veste dès lors qu’elle n’a plus besoin de ces mercenaires. Avec la disparition des nettoyeurs de villes, ou, comme ici, des chasseurs de primes, la liberté attachée à la conquête de l’Ouest s’estompe et s’efface au profit de la civilisation et, déjà, du capitalisme rapace. Le western est un genre cinématographique bien plus intelligent qu’il n’y paraît ; surtout lorsqu’un Anthony Mann se trouve aux manettes.
Bon… Je pensais que mon premier commentaire s’était perdu dans je ne sais quel néant… Du coup, je l’ai refait. D’où les redites, et l’inutilité du second commentaire. Désolé.
Oui, il y a eu un petit souci technique avec votre premier commentaire mais j’ai corrigé. Du coup, je me suis permis de supprimer votre second commentaire qui reprenait effectivement les mêmes idées (mais si vous le désirez, je peux aller le rechercher dans la corbeille et le restaurer).
Sinon, j’ai vu ce film sur une chaîne de satellite, en VO bien entendu. Effectivement, il semble n’être jamais sorti en DVD français, il y a bien une version UK (zone 2 donc) mais sans sous-titres français.