Titre original : Der rote Baron
Lui :
Film allemand épique à très gros budget, Le Baron Rouge met en scène les exploits de l’as des as de l’aviation allemande entre 1916 et 1918. Signe des temps, le belliqueux Manfred von Richthofen est transformé en héros politiquement correct : il devient ainsi pacifiste dans l’âme, noble au combat, évitant de tuer les pilotes ennemis… En réalité, le Baron Rouge était issu de l’aristocratie militaire et aimait la guerre plus que l’aviation, il visait en premier le pilote et une de ses tactiques était de repérer les avions ennemis en difficulté pour les abattre. Le film nous présente donc un univers chevaleresque qui n’existait pas vraiment, du moins à ce point. Ce sentiment d’artificialité se ressent aussi devant la jeunesse apparente des pilotes (ils se comportent comme des adolescents en goguette) et surtout devant les scènes de combats aériens où les avions se comportent comme des mouches, volant très vite avec de brusques changements de cap… un vrai jeu vidéo (1). Même en écartant toutes ces incohérences et inexactitudes, Le Baron Rouge apparaît comme un film au déroulement plutôt décousu, quelque peu alourdi par une improbable idylle (2) et une fin étrangement abrupte (3). L’ensemble montre toutefois une bonne qualité de réalisation avec une image assez travaillée, conforme aux standards hollywoodiens des grands films épiques. Voilà donc le Baron Rouge… revisité XXIe siècle.
Note :
Acteurs: Matthias Schweighöfer, Lena Headey, Joseph Fiennes, Til Schweiger, Volker Bruch
Voir la fiche du film et la filmographie de Nikolai Müllerschön sur le site IMDB.
(1) Aucun avion n’est bien entendu réel, ce sont soit des maquettes (plutôt bien faites, même si on peut se demander pourquoi ils ont enlevé une aile à l’avion du Baron Rouge… c’était un triplan), soit des images de synthèse.
(2) Cette aventure amoureuse est bien entendu totalement inventée. C’est assez amusant de savoir que le point de départ est une photographie du Baron Rouge blessé à la tête avec une infirmière à ses côtés. Le réalisateur/scénariste Nikolai Müllerschön a brodé autour, imaginant que le Baron l’avait déjà rencontrée plusieurs fois (l’ensemble est d’ailleurs franchement farfelu).
(3) La bataille finale du Baron Rouge est une ellipse en écran noir… Le budget était-il épuisé ? A noter que, dans la réalité, les circonstances de la mort du Baron Rouge ne sont pas clairement élucidées : un aviateur anglais (que le Baron Rouge rencontre plusieurs fois auparavant dans le film, décidément le monde est petit… il le sauve même de la mort et devinez qui va soigner l’aviateur anglais…) du nom de Roy Brown affirme l’avoir abattu alors que, d’après certains témoignages, des troupes au sol l’auraient descendu. Ce n’est tout de même pas la crainte de donner une fausse information qui a poussé le réalisateur à escamoter la fin du Baron Rouge…
Homonyme :
Von Richthofen and Brown (titre français Le Baron Rouge) de Roger Corman (1971) avec John Phillip Law.
Désolé ,mais il y avait bien une « chevalerie » du ciel durant la première guerre mondiale, qui est attesté par tous les belligérants. Plusieurs fois des pilotes ont rendu hommage à leurs adversaires en lançants des couronnes de fleurs.
Il faut dire que les combats aériens ont fortement évolué entre les duels de 1914 où l’on se tirait dessus à la carabine et les combats en formation en 1918. Le Baron von Richthofen a lui même beaucoup fait évoluer ces combats en les rendant plus efficaces et plus mortels. Le baron n’était pas aviateur par amour de l’aviation, c’était un chasseur et donc un tueur.
Euh, pas grand-chose à voir, mais votre chronique me rappelle l’époque où Michael Schumacher gagnait la quasi-totalité des Grand Prix F1 au volant de sa Ferrari. Les joyeux commentateurs sportifs l’avaient surnommé le Baron rouge.
J’en avais parlé à un (jeune) Allemand. Il trouvait la comparaison ridicule. Moi aussi, j’dois dire.
Et sinon, l’évocation du film me fait penser à un autre long métrage du même acabit: Airlift, sur le blocus de Berlin. Vous l’avez vu ?
Non, nous n’avons pas vu Airlift…
Je m’y connais à peu près autant en aviation qu’en mécanique des fluides, alors j’ai regardé ce film avec mes petits yeux sensibles zet émerveillés de cruche sentimentale. Et j’ai aimé. Grave. Après, ranafout’ que le vrai baron rouge ait été un sale type ou non, c’est peut être pas un bon film historique, mais c’est un chouette film quand même et je me suis complètement laissée portée par l’histoire, la musique et la mise en scène que j’ai beaucoup aimée.
L’ellipse sur sa mort ne m’a pas gênée du tout, au contraire, sachant qu’on ne sait pas exactement comment il est mort, je trouve sage de la part du réalisateur de ne pas s’être risqué sur ce terrain là.
A propos du triplan, on le voit à la fin, il me semble -mais c’est purement hypothétique- que les triplans n’étaient pas utilisés avant la fin de la guerre.
Et quant à l’âge des pilotes, il étaient en effet tous âgés d’une vingtaine d’années en moyenne, et le baron est mort, ce me semble, à l’âge de 25-26 ans. Leur comportement me paraît plutôt logique au sens où ce sont de jeunes aristos qui sont contents d’aller à la guerre puisque eux ne pataugent pas dans un mètre de boue et de petits morceaux de leurs camarades.
Bref tout ça pour dire j’ai quand même trouvé que c’était un très beau film, mais là c’est mon sentimentalisme neuneu qui parle, et aussi mon admiration sans bornes pour les acteurs que je trouve excellents.
désolé de te casser ta magnifique critique sur Manfred von Richthofen.
Primo: oui il existait une « chevalerie », un certain respect dans les combats aériens. Les pilotes rendaient parfois hommage à leurs adversaires tombés au combat. C’est attesté par des historiens et des combattants. ( Et non le baron rouge n’était pas un boucher sanguinaire)
Deuxio: les soldats étaient enrôlés très tôt dans l’armée, dès 18 ans. Il est donc normal que les acteurs soient jeunes et est un comportement parfois « enfantins ». La moyenne d’âge des pilotes était de 20 ans et le baron est mort à 25 ans. Et puis si tu avais vécu l’horreur de la Grande Guerre je pense que toi aussi tu aurais eu ce comportement pour t’évader un instant.
Tercio: on ne connait pas les circonstances exactes de la mort de Manfred von Richthofen. Le réalisateur n’a donc pas voulu commettre de fautes historiques.
Bref c’est un film plutôt fidèle je trouve sur l’aspect historique. Ta critique n’est pas fondé sur de vrais arguments historiques je trouve donc qu’elle n’a pas lieu d’être.
Effectivement son dernier avion était bien un Fokker Triplan , mais il a aussi volé sur un Albatros biplan peint également en rouge .
Donc tout est bien exact dans cet excellent film .