Lui :
Deuxième volet de la trilogie que Lars von Trier consacre à l’Amérique « Land of opportunity » (le premier étant Dogville et le troisième sera prochainement Wasington), Manderlay reprend le même principe totalement dénudé de mise en scène que Dogville : un sol peint avec l’emplacement des bâtiments et autres lieux de décors, le tout agrémenté de seulement quelques éléments de mobilier. Cette fois, Lars von Trier traite du pouvoir, de l’exploitation et de l’esclavage. Son héroïne Grace est une jeune oie blanche, assise sur ses certitudes issues du politiquement correct, qui désire instaurer de force un système basé sur la démocratie et la liberté au sein d’un petit domaine rural dans l’Alabama des années 30 (on peut faire aussi le parallèle avec l’Irak puisque la jeune Grace a quelques sbires armés à sa disposition pour imposer ses vues). Manderlay m’a paru beaucoup moins convaincant que Dogville, l’ensemble étant plus confus à mes yeux, avec une caméra à l’épaule plus pénible à supporter et surtout un contenu uniquement centré sur le discours un peu simplet de la jeune femme dont les certitudes ne seront sérieusement bousculées (dans un registre un peu surprenant d’ailleurs) que dans les 15 dernières minutes. Manderlay a beau soulever des problèmes tout aussi intéressants (sinon plus), il n’a pas, hélas, la richesse de développement de Dogville.
Note :
Acteurs: Bryce Dallas Howard, Isaach De Bankolé, Danny Glover, Willem Dafoe, Lauren Bacall
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Borzage sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Lars von Trier chroniqués sur ce blog…
Très heureux que vous parliez (même au singulier) de Manderlay. Je n’ai pu le voir qu’un fois et veux absolument le revoir. Serai sans doute plus positif encore. Je n’adhère pas du tout au procès que beaucoup ont fait à ce film (sur sa fin).
De mémoire, le point le plus faible pour moi reste Bryce Dallas Howard (pourtant très bonne actrice à mes yeux), mais trop jeune pour ce rôle il me semble. Elle manque de poids, de vécu, quand il s’agit d’exprimer la perte accentuée de « l’innocence ». Dommage que Kidman ait lâché l’affaire… Bref, pour moi, c’est dans cette tension entre ce personnage (coeur de la trilogie) et le(s) dispositif(s) ou/et processus que ça flanche un peu.
Oui, je suis d’accord sur Bryce Dallas Howard, elle n’a pas de présence et elle fait trop jeune, mais je pense que c’est voulu de la part de Lars von Trier, pour accentuer son côté « oie blanche », son inconséquence, son aveuglement nourri du fait d’être sûre de son bon droit, l’absence de recul, etc…
Quant à la fin du film, oui la démonstration est un peu brutale, certainement un peu maladroite car excessive. Globalement c’est sur ce registre que Manderlay m’a beaucoup moins plu que Dogville. La démonstration de von Trier me paraît ici moins habile
(et aussi moins bien ficelée, confus, sombre ; et pour Dogville il y a avait l’attrait de la nouveauté dans la forme, cela joue aussi sans doute)