Elle :
Quelle bonne surprise! Sofia Coppola dépoussière le film historique pour lui apporter son regard singulier, audacieux et plein d’humour. Marie-Antoinette est un film à grand spectacle provocant, virevoltant, somptueux. Le mélange de musique classique et de rock donne un ton décalé plein de vie ; à aucun moment, il ne choque car il est bien intégré. La mise en scène est d’une grande maîtrise et beauté. Les décors, cadrages, éclairages, costumes sont éblouissants. La réalisatrice nous plonge dans la vie privée luxueuse de cette reine adolescente. Délaissée par son mari, elle dépense sans compter, donne des fêtes fastueuses et se coupe de son peuple. Kirsten Dunst est une actrice pleine de grâce qui donne beaucoup de frivolité et de légèreté au film. Sofia Coppola ne cherche pas à aborder les problèmes politiques du moment ; ils ne sont que survolés. C’est sans doute pour mieux immerger le spectateur dans un univers artificiel coupé de la réalité. Elle nous invite à suivre ce jeune couple royal inexpérimenté et à le regarder s’enfoncer inexorablement et en toute insouciance vers son destin fatal. Sofia Coppola travaille en famille puisque son cousin interprète le rôle du roi et son père Francis Ford Coppola est le producteur du film.
Note :
Lui :
Sophia Coppola nous dresse le portrait d’une jeune femme déplacée et décalée qui ne parvient que difficilement à se trouver une place dans un milieu qui n’est pas le sien. Sa Marie-Antoinette se réfugie dans des fêtes qui lui permettent de noyer son mal-être. Au-delà de cette vision un peu simpliste de l’Histoire, son film est surtout remarquable par sa forme. Marie-Antoinette est un superbe spectacle avec une belle utilisation des décors de Versailles, une superbe photographie magnifiée par la lumière. Sophia Coppola réussit en outre à mêler de la musique actuelle aux décors d’époque sans provoquer de hiatus et sans tomber dans la caricature. Sur ce plan, le film est parfait ; dommage que le contenu soit tout compte fait assez vide et, passé l’émerveillement de la première heure de film, Marie-Antoinette m’est apparu assez long et superficiel.
Note :
Acteurs: Kirsten Dunst, Jason Schwartzman, Judy Davis, Rip Torn, Rose Byrne
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Tout cela est ridicule, tout cela est Versailles.
Marie Antoinette livrée clefs en main au sinistre royaume de France fait ses adieux à ses premiers accompagnateurs existentiels en distribuant de généreuses accolades à un nouvel environnement déconnecté des effusions.
Millésimée en fonction du galbe de sa gorge, « l’Autrichienne » offre des sourires d’adolescentes à des regards austères et voyeuristes se pâmant devant des premiers pas difficiles ou parmi cette nouvelle réglementation des comportements la flatterie due à une favorite fuyant l’agonie d’un roi montre la détermination soumise d’une future reine de France.
La cour est terne malgré la surdose de poudrage, les affinités ne peuvent surgir que de dames de compagnies riant de visages décrépis au seuil de la poussière s’endormant lors de cérémonie.
Les levers matinaux sont un protocole offrant un lit consumé par l’absence d’un futur roi préférant découvrir à la chasse les premiers rayons phoebusiens. La médisance est présente à tous les repas, les rouages politiques s’imposent à l’étude d’une féminité désintéressée préférant offrir un naturel spontané lors d’une représentation lyrique.
Une mère rappelle qu’une senteur offerte conforte une mission, pour cela il faut prendre l’initiative, le dauphin doit consommer cette blondeur pale au sourire éclatant venue du froid visage d’une alliance apaisant pour quelques temps les appétits guerriers de deux géants Européens.
En attendant l’accomplissement du grand œuvre, la belle s’éveille, place à la fête et surtout à une dépense entretenant crescendo les décibels d’un peuple grondant. Le rouge des petits fours se déguste sur des fontaines de champagnes, le beau militaire croule sous l’œillade, la belle est dans la trappe ou cernes, robes noires, courbette balconnée, torches et fourches affamées se profilent à l’horizon.
Un juvénile euphorique de base se fane inexorablement devant la prolifération des interdits, le mal alimente de lui-même un jeune esprit par une matière non comprise puis acceptée librement.
L’apaisant rose dominateur dissimule le trépas à court terme, Marie Antoinette en se révoltant contre l’indifférence d’un lourd protocole codifié attise une finalité récurrente depuis la nuit des temps : la fuite devant le mort de faim.
Sans être outrageusement grisé par ce parcours historique connu de nous tous on peut néanmoins lui attribuer l’éloge d’une bonne maîtrise, la lutte existentielle en milieu trouble nihilise blocages et scrupules offrant l’éclosion d’un visage épanouie dans des comportements choisis.
Marie Antoinette adopte des identités modulables en fonction d’un ressenti, Femme et mère fusionnent dans des lits ou en pleine nature en attendant les inconforts de la Conciergerie