Elle :
Ce film en noir et blanc réalisé avec une simple caméra DV vibre d’intensité et d’émotion. Les années 70, des images d’archives entrecoupent les scènes de cette histoire vraie. Benoît Jacquot filme la cavale échevelée de jeunes braqueurs qui viennent de tuer un homme. Isild Le Besco incarne une toute jeune femme follement amoureuse de l’un d’entre eux. Elle quitte la maison et est prête à le suivre jusqu’au bout et n’importe où. Elle illumine le film par sa grâce, la pureté de ses émotions, de son insouciance et de son désir de liberté. Benoît Jacquot ne fait pas un polar mais s’attache à montrer la fuite éperdue de jeunes gens touchés par un amour fou. Le film est bien rythmé et les personnages sont attachants. On ne s’ennuie pas une seconde. Preuve qu’on peut créer de très bons films avec peu de moyens et un bon metteur en scène.
Note :
Lui :
Basé sur une histoire réelle, ce récit d’une cavale, une fuite en avant éperdue, est surtout centré sur son héroïne principale, une jeune bourgeoise qu’un amour fou, irraisonné, entraîne dans une histoire qui n’est pas la sienne. Benoît Jacquot parvient merveilleusement à donner beaucoup de force à ce personnage, jeune fille d’une innocence et d’une naïveté désarmante. Filmé en DV, avec montage apparent de documents d’époque (1970), le grain de l’image peut faire peur dans les premières secondes mais on oublie très rapidement les imperfections tant il y a de force dans ce noir et blanc qui permet de superbes plans de visages notamment. On pourra juste reprocher à Benoît Jacquot de n’avoir laissé que peu de place aux autres personnages, qui paraissent un peu stéréotypés, à commencer par son compagnon de cavale.
Note :
Acteurs: Isild Le Besco, Ouassini Embarek, Nicolas Duvauchelle, Laurence Cordier
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L’amour fou, elle et lui sont dans la note juste. Pauvre enfant de l’amour épidermique, hormonal, éclaté. Il s’agit d’un premier coup de sang pour une peau épicée à l’exotisme et l’ignorance. Les premières effluves de cet amour hormonal, ouvre du singulier à tout l’univers des possibilités et des projets les plus irrationnels. D’une pureté d’agneau aux premières vibrations, l’ange amoureux se déchire sous les contradictions de la vie sociale. L’intime laisse place à l’inconnu. Lentement, l’instinct de survie transporte malgré elle l’adolescente vers le réel, vers son rôle de victime. Moins naïve d’une rencontre à l’autre, sa cavale lui fait prendre pied dans un monde toujours plus immoral. Jeune fille bourgeoise sous influence elle perd en spontanéïté mais gagne en instinct de survie. Elle revient au connu, à sa famille bourgeoise, à une sécurité provisoire. En résumé la jeune actrice incarne à la perfection une jeunesse fraîche blessée par un premier amour catastrophe qui la blesse profondément et qui lui servira d’obstacle contournable via son expérience dans la trame constructive d’une vie en accéléré, mais qui prendre un rythme adéquat dans les mois subséquents. Le Noir et Blanc donnent encore plus de sensualité au personnage. Film au climat envoûtant malgré le jeune âge du personnage. Il n’y a jamais de dissertation juvénile et puérile dans ce film. Le scénario est découpé au couteau. Film intimiste et d’une facture très riche comme si une histoire véritable donnait des fruits encore plus frais à l’ensemble de l’oeuvre. Jamais il ne manque d’unité de lieu et de temps à cette oeuvre sublime…