Elle :
La liaison d’un adolescent avec une femme mariée conduit ce jeune garçon à se faire tuer par le mari de sa petite amie. Un sujet assez classique qui aurait pu se terminer en thriller bien angoissant. Todd Field choisit un angle original pour parler de cette mort. C’est avec sobriété et en créant une atmosphère presque paisible avec peu de dialogues qu’il étudie le cheminement psychologique des parents de l’adolescent. Leur incommunicabilité, les reproches réciproques, leurs sentiments de culpabilité et leur frustration de ne pouvoir réparer la mort de leur fils les conduisent à la vengeance. Cette délicate esquisse qui tente de trouver des remèdes à la disparition de l’être cher est ponctuée par une partition musicale tout aussi légère malgré la terrifiante réalité de la mort. In the bedroom est un film original et touchant.
Note :
Lui :
L’atmosphère est terriblement lourde dans ce film, tellement lourde que la vision du film devient un peu pénible. De plus, la mise en place de l’histoire est faite de telle façon, que la suite, dramatique à souhait, est fort prévisible ce qui accentue encore la pesanteur de l’atmosphère. Si l’interprétation est assez remarquable, les personnages sont un peu survolés, on se contente de les regarder dans des plans souvent assez longs. Le film n’est pourtant pas dénué de charmes, ni de personnalité.
Note :
Acteurs: Tom Wilkinson, Sissy Spacek, Nick Stahl, Marisa Tomei
Voir la fiche du film et la filmographie de Todd Field sur le site IMDB.
Lui est lourd (i.e.) le critique ci-haut. Il n’y a aucune lourdeur dans ce film , au contraire il y a une justesse de ton qui rend l’atmosphère propre à la réflexion du spectateur sur la trame, le dénouement, l’action. Le réalisateur rejoint ainsi l’intelligence du cinéphile. Il y a une tentative de déviance mais toujours à l’air pur d’un village Atlantique. Une certaine fluidité ressort du scénario ce qui donne une impression vidéo ou parfois télévision. Le psychodrame est parfaitement construit de silences, d’hébétude devant la mort de l’adolescent. L’émotion de certains protagonistes semble fugitive, mais il en est ainsi des gens traumatisés par l’impensable: la mort d’un enfant. Le rythme n’est jamais troué, le film coule lentement vers une intrigue à l’américaine. Une histoire de vengeance. Un réalisateur français aurait séparé le couple, un américain renforce l’union fragile par le secret. Le climat n’est pas envoûtant et un peu linéaire, ce qui donne un côté documentaire à l’ensemble de l’oeuvre. Les notations psychologiques ne sont pas sans finesses, sans raffinement ou artificielles comme l’écrit l’homme d’en haut. Nous sommes dans une allégorie prémonitoire il faut bien le dire, mais le réalisateur n’a pas mis l’accent sur l’aspect thriller mais sur l’inconfort, la haine, la colère, une idée de justice un peu Far West à l’Américaine et c’est bien ainsi. Sissy Spacek développe un personnage tout en nuances, en finesses de jeu et en subtilité, un être un peu rural, mais très intelligent. Les personnages ne sont pas artificiels, au contraire ils sont consistants et forts. Ce sont les personnalités qui jouent leur drame. Il ne s’agit pas d’une vision concentrée et simpliste des relations humaines. J’ai vécu dans un village de ce type et on croirait à un cinéma vérité. Les dialogues ne sont pas creux, les personnages sont limités dans un cadre spécifique et ce ne sont pas des italiens ou des latins, ce sont des américains intelligents qui vivent dans une société qui ne ressemble à rien d’autre. Il n’y a jamais dans ce film, la moindre rupture de ton dans les dialogues. Le récit est capricieux mais jamais vide. Au contraire, tout est lumière sur la lumière dans ce film. Pour moi, il s’agit d’une réussite, surtout côté Sissy Spacek que j’avais envie de prendre dans mes bras jusqu’à la fin. Merci ! Excellent film….Renaud Jules Deschênes