Nord-est de l’Italie, région Frioul-Vénétie julienne, 1900. Le bébé de la jeune Agata est mort-né et ainsi condamné à errer dans les Limbes. Un homme lui parle d’un endroit dans les montagnes où son bébé pourrait être ramené à la vie, le temps d’un souffle, pour être baptisé. Agata entreprend seule ce voyage et rencontre Lynx, qui lui offre son aide…
Piccolo corpo est un film italien co-écrit et réalisé par Laura Samani, son premier long métrage. Il s’agit d’une histoire qui se situe entre la chronique réaliste et le fantastique alimenté par un mysticisme religieux. Le sujet est original mais basé sur des éléments réels : de tels sanctuaires existaient « partout dans les Alpes (en France on en comptait presque deux cents) » (1). L’obstination de la jeune Agata émeut et finit par nous conquérir. La réalisatrice donne également à sa quête une dimension de parcours initiatique vers une émancipation féminine. L’atmosphère est légèrement irréelle et tend à abolir la frontière entre le réel et le mystique (2). Filmé dans les dialectes frioulan et vénète, une certaine nostalgie de l’Italie d’avant son unification est perceptible. Piccolo corpo est un film très particulier qui mérite d’être découvert.
Elle:
Lui :
Acteurs: Celeste Cescutti, Ondina Quadri
Voir la fiche du film et la filmographie de Laura Samani sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.
(1) Assez surpris (et, je l’avoue, un peu sceptique) par cette affirmation de la réalisatrice relayée par le dossier de presse, j’ai trouvé cette étude de Jacques Gélis qui précise : « Des milliers et des milliers d’embryons et d’enfants à terme ont été ainsi exposés et ont donné des « signes de vie » entre le XIVe et le XIXe siècle dans des dizaines et des dizaines de sanctuaires en France, en Belgique, en Suisse, en Autriche, en Allemagne du sud et en Italie du nord. » (Techniques et culture, n° 60, 2013/1).
La page Wikipédia sur les « Sanctuaires à répit » cite des nombres précis : 277 en France entre le XIIIe siècle et le début du XXe.
(2) Note d’intention de Laura Samani :
« Dans le film, Dieu ne se trouve ni dans les miracles ni dans les prières, ni même dans les dogmes qui divisent la vie après la mort en paradis, enfer et limbes. Dieu existe à un autre niveau : chez Lynx qui ne croit en rien et n’est donc pas touché par le postulat initial du miracle ; chez Agata qui exploite sa colère afin de redessiner les frontières du possible ; et dans la relation entre ces deux points de vue solitaires qui sont, pendant un instant, moins douloureux. La frontière est ténue entre la vie et la mort, la réalité et la magie, les possibilités que l’on a espérées et le temps qui nous reste. » (Extrait du dossier de presse)
Ondina Quadri et Celeste Cescutti dans Piccolo corpo de Laura Samani.