27 mai 2005

« Osama » (2003) de Siddiq Barmak

OsamaElle :
Ce premier film afghan sur le régime des Talibans est à la fois poignant et lumineux grâce à la petite Osama, cette jeune adolescente qui doit se faire passer pour un garçon pour subvenir aux besoins de sa famille. Ce film fait avec peu de moyens parvient à restituer les sentiments de terreur qu’éprouvent les femmes afghanes. Humiliation, emprisonnement, lapidation, pas de droit à l’éducation et au travail. Elles sont condamnées à vivre emprisonnées dans leur statut de femme sans aucun espoir d’en sortir. Le réalisateur montre également la répression et le machisme des hommes, leurs rites mécaniques, la formation des futurs talibans dans les écoles coraniques. Les images sont belles et émouvantes. Pas un mot de trop… reste surtout le regard bouleversant d’Osama qui appelle au secours.
Note : 5 étoiles

Lui :
C’est un film témoignage, qui nous dresse un portrait assez terrifiant de la position des femmes en Afghanistan sous le régime des Talibans. Siddiq Barmak sait montrer simplement les choses sans chercher à faire des images-choc, sans en rajouter sur côté émotionnel. Ce n’est pas un documentaire puisque le scénario nous fait suivre le trajet de la petite Osama qui doit se travestir en garçon pour tenter de faire vivre sa famille. Fort bien réalisé, c’est un film à la fois poignant et révoltant.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Marina Golbahari
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29 mars 2005

« Le cerf-volant » (2003) de Randa Chahal Sabag

Cerf volantElle :
Ce film sensible et sincère (Lion d’Argent à Venise en 2003) met en scène Lamia, une jeune fille libanaise mariée de force par sa famille à son cousin qui vit dans un autre village libanais annexé par Israël. Entre les deux, un no man’s land contrôlé par deux soldats israéliens dont l’un tombe amoureux de Lamia. La raison de ce mariage est qu’elle s’est permise d’aller rechercher son cerf-volant tombé de l’autre côté de la frontière de barbelés. Cet objet symbolise un désir de liberté et d’émancipation des femmes. Ce mariage forcé aboutit à un divorce qui stigmatisera la jeune femme à vie. La réalisatrice ne se lance pas dans de grands discours politiques. Elle fait le constat des absurdités d’une situation où les frontières empêchent les peuples de communiquer et de s’aimer. C’est avec humour, qu’elle montre les femmes communiquer par mégaphone d’un village à un autre. Elle dénonce également les conditions de vie de ces femmes voilées condamnées au bon vouloir de leurs maris. Par certains côtés, le film rappelle « Intervention divine » d’Elia Suleiman.
Note : 4 étoiles

Lui :
Ce film nous permet de porter un regard très particulier sur les à-côtés de la guerre de territoire au Proche-Orient, et plus particulièrement sur une famille coupée en deux, dont les membres sont séparés par un no man’s land d’un kilomètre. Le réalisateur a choisi de nous montrer sans drame et même avec beaucoup d’humour, cette famille forcée de se parler par mégaphone. C’est aussi un regard porté sur une certaine opposition entre deux types de sociétés, puisque le personnage principal est une jeune fille de 15 ans que sa famille veut marier de force. Beaucoup de délicatesse dans cette histoire, malgré l’environnement peu favorable, et une certaine candeur qui force l’adhésion.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Flavia Bechara
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16 novembre 2004

Alila (2003) d’ Amos Gitai

AlilaElle :
Amos Gitai choisit de nous montrer une société israélienne contemporaine mal dans sa peau et décadente. C’est au travers d’une dizaine de personnages hauts en couleur vivant dans un immeuble bricolé que le réalisateur cherche à témoigner de leurs problèmes de communication et d’identité. Un couple divorcé dont le mari Ezra dort dans son camion pendant que son ex-femme couche avec un bel éphèbe, a des difficultés avec leur fils qui ne veut pas passer 3 ans à l’armée. Le grand-père qui vit avec son chien ou le rescapé des camps qui habite avec sa domestique asiatique cohabitent avec une femme flic loufoque et une jeune femme qui veut assouvir ses pulsions sexuelles avec un mari adultère. C’est un foutoir à la fois cocasse et tragique sous lequel jaillit un désir profond de vivre, rire, d’échapper à la peur, à la pression ambiante de la ville qui subit des attentats. La pluie tant attendue à la fin du film symbolise ce fort désir de purification qui permet d’avoir des rapports humains harmonieux. .
Note : 3 étoiles

Lui :
Ce film d’Amos Gitaï est assez différent des précédents, moins intégriste pourrait-on dire. Il nous brosse le portrait d’un petit groupe de personnes dans un quartier populaire de Tel-Aviv, des personnages hauts en couleurs, assez en marge de la société. Depuis le couple adultère jusqu’à l’entrepreneur raté et ses travailleurs clandestins, on a là toute une brochette de caractères. On sent une certaine vision désenchantée de la société israélienne actuelle, la fuite des idéaux et l’installation progressive du « chacun pour soi ». Le film est bien construit, avec une bonne utilisation des murs et des décors, avec toutefois quelques longueurs et faiblesses.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Yaël Abecassis, Uri Klauzner
Voir la fiche du film et la filmographie de Amos Gitai sur le site IMDB.

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