Titre original : « The Killers »
Lui :
A la tombée du jour, deux tueurs arrivent dans une paisible petite ville. L’homme qu’ils cherchent, pourtant prévenu, attend avec résignation ses exécuteurs qui le trouvent rapidement. Intrigué par la présence d’une police d’assurance, un enquêteur tente de reconstituer son histoire… Adaptation d’une nouvelle d’Ernest Hemingway, Les tueurs possède une construction assez complexe en flashbacks successifs. Le film est un grand classique du film noir. Femme fatale, traitrises, hold-up, querelles autour du butin, tous les éléments constitutifs du genre sont présents. Le fatalisme du truand, engendré par la conscience de son faux-pas, est une notion qui apparaît fortement dans ce film de Siodmak et qui marquera définitivement le genre pendant de nombreuses années. Outre la superbe photographie qui joue avec les ombres, on remarquera une belle maitrise de la caméra, le plus beau plan du film étant sans conteste la scène du hold-up, filmée entièrement à la grue ; un plan que ne renierait certainement pas Orson Welles. Les tueurs marque la première apparition de Burt Lancaster. Très physique, avec un passé d’acrobate, l’acteur montre une grande présence malgré la brièveté de ses apparitions et rend la scène de boxe très authentique. Le film propulsera aussi la carrière d’Ava Gardner dont l’apparition dans sa robe noire reste l’une des images les plus célèbres du cinéma.
Note :
Acteurs: Edmond O’Brien, Ava Gardner, Burt Lancaster, Albert Dekker, Sam Levene
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Siodmak sur le site IMDB.
Voir les autres films de Robert Siodmak chroniqués sur ce blog…
Remarque :
Burt Lancaster ne fut engagé qu’à la suite de deux défections des acteurs précédemment choisis pour le rôle. Il passa directement au statut de star. Comment distingue t-on une affiche d’époque de Les tueurs d’une affiche plus récente ? Simplement en regardant la place de Burt Lancaster sur l’affiche : initialement tout en bas, il est rapidement monté en tout premier… et le pauvre O’Brien est en tout petit.
Remake :
A bout portant (The killers) de Don Siegel (1964) avec Lee Marvin et Angie Dickinson
Oui, un classique du film noir, un des plus surprenant aussi. Le remake de Don Siegel est aussi très intéressant puisqu’il s’agit du premier film noir en couleurs !
« Criss-Cross » est encore meilleur dans le genre, toujours avec Burt Lancaster et toujours de Siodmak, il n’y manquait que Ava Gardner !
Ah, c’est amusant : je n’avais jamais fait attention à quel pouvait être le « premier film noir en couleurs »… C’est assez étonnant car 1964, c’est assez tardif, mais cela semble logique vu le niveau des budgets couramment alloués à ce type de film.
L’analogie que vous faites avec Orson Welles se retrouve également dans la structure narrative en flash-back (que vous évoquez aussi), qui rappelle bien sûr beaucoup (et est très certainement influencée par) celle de Citizen Kane.
Il est intéressant de noter que le film est adapté d’une nouvelle d’Ernest Hemingway, qui ne raconte que la première séquence (l’arrivée des tueurs dans la petite ville et la mort du « Suédois »). Tout le reste du film et donc de l’histoire est le fait des scénaristes, ce qui, je trouve, est assez révélateur de l’invention du genre à l’époque.
Toujours un plaisir que de vous lire !
Oui, vous avez raison, cette construction de film-enquête, où l’on part de la fin tragique du personnage pour reconstituer sa vie sous forme d’une série de flashbacks racontés par des personnes différentes, a été initié par Citizen Kane. Il ne fait nul doute que Siodmak s’en soit inspiré.
Merci pour cette information sur la brièveté de la nouvelle d’Hemingway. Je suis allé voir qui avait écrit le scenario : c’est Anthony Veiller. Petit détail qui peut avoir de l’importance : Tony Veiller venait de signer le scénario de The Stranger (Le criminel), film d’Orson Welles…
Chose surprenante : IMDB liste aussi la participation de Richard Brooks et de John Huston… Effectivement, dans son autobiographie, Huston dit avoir travaillé avec Veiller sur le découpage.