Titre original : « Undercurrent »
Lui :
Alors qu’il n’a encore tourné pratiquement que des comédies musicales, Vincente Minnelli reçoit de son producteur un scénario de drame psychologique assez puissant, basé sur une nouvelle de Thelma Strabel : La fille d’un chercheur universitaire épouse un jeune et élégant industriel célèbre. D’abord mal à l’aise dans le milieu mondain que fréquente son mari, elle se transforme pour être une épouse parfaite. Elle découvre assez rapidement des zones d’ombre dans le passé de son mari qui semblent le hanter… Si Katharine Hepburn est tout à fait dans le style de rôle qui lui va comme un gant, Robert Taylor, plus habitué aux rôles de séducteur, ne semble pas toujours parfaitement à l’aise avec les aspects noirs et inquiétants de son personnage biface. De son côté, le jeune Robert Mitchum fait une belle prestation avec une délicatesse qui ne lui est pas coutumière (très belle scène dans l’écurie). Si le film a certainement plus souffert que profité de ces décalages, on se laisse facilement captiver par cette histoire sombre et intrigante, grâce à un scénario fort et à une atmosphère prenante. Lame de fond est un film qui paraît plutôt sous-estimé. Il ne manque qu’une étincelle supplémentaire pour en faire un grand film.
Note :
Acteurs: Katharine Hepburn, Robert Taylor, Robert Mitchum
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.
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Remarques :
1) Une meilleure alchimie entre les acteurs aurait certainement provoqué l’étincelle manquante. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie comment il était lui-même impressionné par Katharine Hepburn qui, de plus, exerçait son humour cinglant et ravageur sur tout le monde. Elle ne s’est pas du tout entendu avec Robert Mitchum (ce n’est guère gênant dans le sens où ils ont peu de scènes en commun, si ce n’est la scène finale : cette rencontre, qui devrait être poignante, est assez plate, il ne se passe rien !)
2) Robert Mitchum, qui venait d’être nominé pour l’oscar du meilleur second rôle, était à ce moment surexploité par David Selznick qui le payait une misère. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie qu’il tournait trois films en même temps : Undercurrent le matin, Desire Me l’après-midi et The Locket le soir…et Minnelli d’ajouter : « pas étonnant que ses yeux cernés soient devenus si célèbres! »