Elle :
Film intéressant et novateur qui rappelle un peu les cadrages et ambiances à la Pasolini. Une île sicilienne isolée du monde sur laquelle une femme libérée et farfelue fait scandale parmi les habitants pétris de traditions et de préjugés. Des nuées de gamins livrés à eux-mêmes qui se battent et subsistent chichement. Les images sont contrastées comme pour un film noir et blanc et les prises de vue expriment la violence des actes et des sentiments.
Note :
Lui :
Cette histoire de femme de pêcheur, un peu décalée dans le microcosme d’une petite île italienne, aurait pu laisser peu de traces, mais il y a un style certain dans ce film d’Emanuele Crialese. Tout d’abord, ses personnages sont très forts et sa camera semble épouser le paysage, faire corps avec cette île à la fois quasi-désertique et féerique. Il nous offre de nombreux plans assez marquants, utilisant non seulement les paysages, la mer et les scènes sous l’eau, mais aussi certains objets, comme tous ces plans où il met en scène le scooter pour montrer la cohésion de cette famille si turbulente. Il joue également fortement avec l’ambiguïté de ces rapports, on semble parfois être à la limite de quelque chose. Beaucoup d’authenticité également, on a l’impression de toucher les personnages. Respiro est un beau film.
Note :
Acteurs: Valeria Golino, Vincenzo Amato, Francesco Casisa
Voir la fiche du film et la filmographie de Emanuele Crialese sur le site IMDB.
Voir les autres films de Emanuele Crialese chroniqués sur ce blog…
Je vous souhaite énormément de bonheur pour 2006. Et plein de bons films.
A plus.
Merci beaucoup. Je te souhaite en retour plein de bonnes choses pour 2006 et adresse mes meilleurs voeux aux visiteurs de ce blog.
TRINACRIA PER SEMPRE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Beau film bien interprété par l’actrice italienne valeria golino, très jolie, on en parle beaucoup trop peu par rapport à tant d’autres acteurs ou showbiz envahissants!
Bonjour,
J’ai beaucoup aimé ce film; il y a quelque chose d’originel, une beauté « antique » des personnages et des paysages… Le réalisateur nous montre que la « douce folie » de son personnage féminin apporte un souffle à toute une communauté. « Respiro »…
À noter que la petite île où se déroule le film n’est autre que Lampedusa.
Désormais, la vie y est sans doute différente avec l’arrivée régulière de migrants et le refus de l’Italie et de l’Europe de les accueillir correctement. Mais à l’époque du film, ce nom était surtout connu pour être le fief théorique de l’auteur du livre dont à été tiré le film Le guépard (mais il n’a jamais vécu à Lampedusa, uniquement en Sicile).
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Des ami·e·s sicilien·ne·s avaient très mal reçu ce film, considérant qu’il était désobligeant pour les Siciliens et les insulaires, décrits comme arriérés. Ce n’était pas mon avis : avec certes un autre arrière-plan global, le même film aurait pu être situé en Bretagne insulaire, et sans doute en Grèce ou dans une petite île du large de l’Irlande ou de l’Écosse.
La rigidité sociale des sociétés insulaires est pratiquement une constante, en tout cas en Europe où elle contraste avec les évolutions plus rapides des habitudes sur le continent. Le dire n’a rien de désobligeant. Et surtout, c’était une situation nécessaire pour créer le décalage irrémédiable entre cette femme indépendante et le reste du groupe.
Plus encore : me renseignant sur le film a-posteriori, je découvre que :
– la plupart des acteurices étaient des Lampedusien·ne·s, non-professionnel·le·s,
– certaines situations et dialogues étaient directement inspirés de la vie quotidienne de l’île, observée par l’équipe avant le tournage ou suggérés par les habitant·e·s de l’île (et l’usage ponctuel du dialecte sicilien local était authentique),
– le thème du film est inspiré d’une légende locale.
L’authenticité du film n’était donc pas factice. Et j’en garde, quoi qu’il en soit, un très bon souvenir.