Le commissaire Maigret retourne dans le village de son enfance. Il a été appelé par la comtesse de Saint Fiacre dont, enfant, il était un peu amoureux mais qu’il n’a pas revue depuis. Elle a reçu une sérieuse menace par lettre anonyme : « Tu mourras avant l’office des morts »… Georges Simenon a écrit L’Affaire Saint-Fiacre au début des années trente, un excellent roman qui n’avait jamais été porté à l’écran. De façon assez inhabituelle, le personnage de Maigret a ici une histoire personnelle qui vient se mêler à son enquête. Egalement, il montre une certaine nostalgie et regrette la disparition d’un certain mode de vie, celle où le comte « tient son rang ». L’équipe est en grande partie la même que celle de Maigret tend un piège (1957) qui connu un certain succès : Delannoy est entouré Rodolphe-Maurice Arlaud et Michel Audiard pour l’écriture et Gabin tient le rôle principal. De tous les acteurs qui ont interprété le célèbre commissaire, Gabin est l’un de ceux qui le personnifient le mieux avec son mélange naturel de placidité et de sureté. Dans cette affaire, presque tous les personnages sont suspects : certains acteurs se montrent ainsi à la limite du jeu excessif sans, toutefois, que cela en devienne gênant. La patte de Michel Audiard se ressent dans les dialogues avec de belles répliques qui surviennent là où on ne les attend pas. Même si la mise en scène de Delannoy n’est pas de plus inspirées, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre est une enquête fort bien ficelée et les quelque 1h30 passent fort rapidement.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Jean Gabin, Michel Auclair, Valentine Tessier, Robert Hirsch, Michel Vitold
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Delannoy sur le site IMDB.
LASSITUDE, LASSITUDE…
«A quoi pensez-vous Maigret ?» demande la vieille Comtesse au commissaire, lors de l’une des premières scènes, avant de lui reposer la même question, bien plus tard, en voix off, une fois assassinée par procuration. Oui, à quoi pense le vieux Maigret, ramené au Saint Fiacre de son enfance ? Et d’abord, y-a-t-il vraiment eu crime ? L’ex fils du régisseur du domaine se montre là, plus redresseur de tort que super enquêteur. (…) Jules ne peut s’extraire du gamin aux yeux bleus épiant la belle et jeune comtesse dans le Parc.
Tu pense trop Maigret et tu parles trop ! Audiard en profite un peu, beaucoup, intensément ! Heureusement Gabin, cette fois, se raccroche à Simenon. Il ajoute des silences et de la lourdeur. De la «lassitude» précise Vecchiali. Delannoy s’applique, c’est son job. Louis Page filme en noir et blanc, comme Jack Cardiff en couleur, intensément ! Des trois Gabin/Maigret celui-ci s’avère le meilleur. Car les fantômes du petit Jules finissent par nous hanter.
Mais, attention ! Nous voilà déjà en 1959 ! Voyez le mauvais fils de la Comtesse: Cynique, décadent, interprété, qui plus est, par le crépusculaire Michel Auclair(à droite photo, Frankeur à gauche). Il secoue néanmoins sa chaîne ! Et ça branle dans le manche !
Oui, à quoi pensez vous Audiard, Delannoy, Gabin ? Qu’il serait temps de quitter le naturalisme, et de passer à autre chose. Par exemple, au baroque ? Au parodique ? Bref à «donner dans le bizarre» ! Sinon, on va se lasser.
Merci pour ce commentaire.
Je me suis toutefois permis d’enlever une phrase, celle où vous révélez le nom du coupable… 😉
Merci et toutes mes excuses à vous et à nos amis cinéphiles internautes. En fait de coupable(s)….
En lisant cet avis comme un flash-back surgit du passé (1959) sur un film ancien mitonné à l’ancienne, ça me ramène à l’enfance tout comme ce bon vieux commissaire Jules dans le film. Alors que Truffaut tournait Les 400 coups, Godard A bout de souffle, Resnais Hiroshima mon amour, etc., Delannoy et Gabin tournaient de façon impersonnelle (pour le premier) et classique (pour le second) des Maigret de façon professionnelle pour le grand public du week-end; pas de mal à ça, d’autant que malgré tous ces handicaps, ce cluedo de province distille quelque charme rance et passé (dépassé) et sans cesse repassé par la télé. Le premier de ces charmes en est leurs scénarios solidement charpentés dans lesquels les brochettes des comédiens se dégustent aux petits oignons, le commissaire Gabin en tête
Merci pour cet article sur les Maigret « de Gabin » ! J’ai une petite préférence pour Maigret tend un piège, avec un Audiard particulièrement incisif, je trouve…
Bonne journée à vous !