Chef d’un orchestre symphonique berlinois de premier plan, Lydia Tár est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle…
Tár est un drame psychologique américano-allemand écrit et réalisé par Todd Field. Il s’agit du troisième long métrage de cet ancien acteur, le précédent (Little Children) datant de 2006. Il est étonnamment réussi pour quelqu’un qui tourne si peu. Il en a écrit le scénario spécialement pour Cate Blanchett et ne tarit pas de louanges sur l’actrice. Il est vrai qu’elle accomplit une performance extraordinaire, donnant une crédibilité inouïe à son personnage. Elle est de tous les plans et son jeu est puissant, montrant une grande présence à l’écran. C’est un film assez complexe, que l’on peut aborder sous plusieurs angles. Dès les premières minutes, nous sommes happés par un long mais passionnant interview de la chef d’orchestre qui nous plonge dans un univers de passion pour la musique. Le récit nous montre aussi la solitude des positions de pouvoir. Il met en relief la misogynie du milieu de la musique classique (1) et dresse le portrait d’une femme très libre. Enfin, l’histoire a ses mystères, des évènements inexpliqués qui créent une atmosphère étrange, parfois à la limite du surnaturel. La mise en scène est précise. L’ensemble est intelligent et brillant. Un film passionnant qui sort des sentiers battus du cinéma américain.
Elle:
Lui :
Acteurs: Cate Blanchett, Noémie Merlant, Nina Hoss, Sophie Kauer, Mark Strong
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Remarque :
Les musiciens jouent réellement, même Kate Blanchett. Sophie Kauer est une jeune violoncelliste, qui n’avait aucune expérience d’actrice.
(1) A propos des femmes chefs d’orchestre, le réalisateur précise : « Le monde de la musique classique austro-allemand est figé dans le passé. Il suffit de regarder les orchestres majeurs. À ce jour, pas un seul n’a de femme chef d’orchestre à sa tête. À ce titre, notre film est un conte de fées. »