Titre original : « Star Wars: Episode VIII – The Last Jedi »
Pendant que le brutal Premier Ordre traque les derniers combattants de la Résistance, la jeune Rey tente de convaincre Luke Skywalker de quitter sa retraite pour venir se battre à leurs côtés…
Ce nouvel épisode de la série Star Wars tente de créer un pont entre les premiers films et les derniers, que ce soit au niveau des personnages ou des constituants qui ont forgé la mythologie : on retrouve ainsi des personnages anciens joués par les mêmes acteurs, de nombreux combats dans l’espace, une initiation Jedi, l’inévitable scène de bar multi-races, le duel au sabre, etc. etc. Hélas, toutes ces réutilisations se font au détriment du scénario qui n’est qu’une suite d’invraisemblances et d’incohérences. Il est manifeste que l’idée a surtout été de créer un grand spectacle sans se soucier de le rendre crédible. Et le spectacle est bien là dans les scènes d’action, avec parfois de belles réussites graphiques. Les dialogues sont réduits à des banalités consternantes et certaines scènes (sur l’île notamment) paraissent bien longues.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Mark Hamill, Carrie Fisher, Adam Driver, Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Benicio Del Toro
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Daisy Ridley et Mark Hamill dans Star Wars: Episode VIII – Les derniers Jedi de Rian Johnson.
Remarque :
Les scènes dans la retraite de Luke Skywalker ont été tournées à Skellig Michael, minuscule île (22 ha) située au sud-ouest de l’Irlande, 11 km au large des côtes du Kerry. Les cahutes rondes en pierre sont les restes d’un petit monastère datant du Moyen Âge.
Je suis étonné que vous ayez mis quatre étoiles au pathétique « épisode 7 » et seulement deux à celui-ci qui est plus intéressant. D’ailleurs, le bar multi-race dont vous regrettez le cliché n’est pas dans cet opus mais bien dans le précédent !
Bien sûr, cet opus n’est pas à la hauteur des deux trilogies précédentes (la trilogie préquel est étonnamment méprisée alors qu’elle vole trois Everest au-dessus de cette dernière trilogie poussive), mais je le trouve bien plus étoffé que Le réveil de la Force.
Ce Dernier Jedi * recèle les mêmes limites que le précédent, c’est-à-dire qu’il est un décalque de la trilogie historique. Dans le premier : début sur une planète désertique, un héros orphelin (une héroïne orpheline) avec des dons innés de pilotage se retrouve propulsé(e) dans l’aventure suite à la découverte d’un droïde porteur d’un message secret (parallèlisme très appuyé !). Dans le deuxième : le héros (l’héroïne) part retrouver le dernier Jedi encore vivant pour être initié(e), et va être confronté(e) à un lieu souterrain le mettant au contact du côté obscur de la Force. OK, lassant.
Mais.
Mais au moins, ici, le scénario est joliment féministe (à un triple niveau). L’héroïsme macho est démystifié (la « tête brûlée » Poe en prend pour son grade, et c’est bienvenu). Les plans « qui réussissent toujours malgré leur invraisemblance » se retrouvent à échouer — et c’est là une belle audace, très très rare dans ce genre de film (et double : échec du plan machiavélique de Snoke et échec du vaste arc narratif visant à désamorcer le pisteur et qui n’a finalement servi à rien). Je comprends que ces audaces narratives, ainsi que la dénonciation du cynisme des riches et des marchands d’arme, aient gêné les réacs. Mais je les trouve au contraire réjouissantes.
Donc de belles surprises, de belles réussites. Qui ne compensent pas totalement un scénario parfois vraiment invraisemblable (les projections à ultra-distance par exemple), trop foutraque car partant dans trop de directions à la fois.
Mais peu importent les faiblesses (réelles), qui maintiennent cet opus à un niveau moyen. Il reste intéressant, réjouissant et réellement réussi grâce à ses audaces politiques et grâce à une vraie régénération du concept de Jedi et de Force. Car les dernières scènes de Luke Skywalker, sur l’île (avec Yoda) et lors du combat final, possèdent une réelle profondeur qui était totalement absente de « l’épisode 7 ». Ces scènes soulignent joliment que l’échec antérieur de l’ordre Jedi était dû à son ossification et qu’il n’a de sens que si ses bases sont renouvelées, et en même temps affirment (à raison selon moi) que nous avons besoin de légendes et d’espoir. En réapparaissant, en humiliant Kylo Ren, Luke a réalisé un acte fondamental : il a fait renaître chez les enfants un rêve d’émancipation et une confiance en des figures de référence. Il a relancé un mythe, redonné un élan.
Mine de rien, ce film porte (et incarne dans une situation précise) un message d’émancipation, tout autant politique que philosophique, et ce n’est pas anodin.
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* Le pluriel du titre français est une aberration, plusieurs dialogues du film précédent et de celui-ci indiquent pourtant clairement que le titre anglais (qui peut avoir deux sens a-priori) constitue bien un singulier.