Titre original : « Bell Book and Candle »
Un soir de Noël, à New York, une ravissante jeune femme se désole de ne pouvoir tomber amoureuse d’un homme et mener une vie ordinaire. Elle ne fréquente en effet que des personnes de « son espèce ». Elle aimerait tant pouvoir ainsi passer une soirée avec son nouveau voisin…
Bell Book and Candle est adapté d’une pièce de John Van Druten qui n’avait connu qu’un très petit succès à Broadway au début de la décennie. Cette comédie légère sur le thème des sorcières est mise en scène à l’écran par Richard Quine, artisan des comédies à la Columbia. Beaucoup la considère comme sa réalisation la plus réussie. L’humour repose sur le décalage entre le monde courant et le monde des mages et sorcières. On peut voir le film comme une tentative de retrouver l’humour de la série des Topper (1937) (Cary Grant a d’ailleurs cherché à avoir le rôle) ou encore de I Married a Witch de René Clair (1942). Sans être aussi réussi, l’ensemble est très amusant. Le choix de Kim Novak paraît judicieux pour ce rôle ambivalent (à noter que Vertigo venait tout juste de sortir sur les écrans). L’actrice joue ici avec son propre chat. James Stewart a déclaré n’avoir pas été très à l’aise dans son rôle de businessman mais, s’il montre une petite gêne, celle-ci colle très bien avec son personnage. La présence de Jack Lemmon est plus inattendue ; elle ajoute des notes d’humour supplémentaires. Bell Book and Candle nous fait passer un bon moment.
Elle: –
Lui :
Acteurs: James Stewart, Kim Novak, Jack Lemmon, Ernie Kovacs, Elsa Lanchester, Janice Rule
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Quine sur le site IMDB.
Voir les autres films de Richard Quine chroniqués sur ce blog…
Kim Novak et son chat Pyewacket dans L’adorable voisine de Richard Quine.
Remarques :
* Richard Quine a été amoureux de Kim Novak pendant des années.
* La Columbia avait prêtée Kim Novak à la Paramount pour Vertigo. L’arrangement prévoyait une réciprocité. C’est ainsi que James Stewart s’est retrouvé dans cette production Columbia.
* Le français Philippe Clay est bien visible en chanteur dans deux scènes situées dans le Zodiac Club. Il y fait un beau numéro.
* L’expression Bell book and candle (= cloche, livre et bougie) fait référence aux trois accessoires nécessaires dans un rite latin d’excommunication par anathème (merci Wikipedia). A noter toutefois qu’il n’est jamais fait allusion à la religion dans cette histoire.
James Stewart et Kim Novak dans L’adorable voisine de Richard Quine.
Elsa Lanchester, Kim Novak et Jack Lemmon dans L’adorable voisine de Richard Quine.
je ne m’étais arrêté sur la toile de fond de cette romance, mais il évoque une certaine homosexualité (de manière moins tourmenté certes que Tennessee Williams dans La Chatte sur un toit brûlant, sorti la même année). Sur le blog « Nobody knows, even I », un billet lui est consacré, je le copie-colle ici pour l’analyse.
Réunissant James Stewart, Kim Nowak et Jack Lemmon, ce film de Richard Quine, réalisateur bien oublié aujourd’hui, est sorti en 1958 sous le titre original de « Bell, Book and Candle ». Film mineur dont le succès fut mitigé, il est une adaptation d’une pièce de John Van Druten, écrite en 1950 et dont l’action, située à Greenwich Village, suggérait un contexte gay. Or, pour le film, ce qui était au départ un environnement gay devient un cabaret louche pour sorcières où cependant, toute trace de « gaytitude » n’a pas disparu: l’un des personnages signale que cette boîte est très gaie, tandis que James Stewart cite le rapport Kinsey; de même, certaines scènes comme le numéro de Philippe Clay, les regards jetés par Jack Lemmon ou l’étrange sorcière Bianca de Passe (Hermione Gingold) jouent sur l’ambiguïté des lieux pour laisser suggérer cet environnement, le sorciers et sorcières tenant ici le rôle « non-conformiste » des homos.
Or, ces sorciers et sorcières ont un grave problème : leur sort leur interdit l’amour sous peine de perdre leurs pouvoirs, ce qui les vouent à la solitude et à la mélancolie (une allusion à la situation des homos à l’époque ?). C’est pour rompre ce cycle infernal que la sorcière Gillian Holroy (Kim Novak), une personne non-conventionnelle (elle tient une boutique d’art primitif, marche pieds-nus …), en cette période de Noël, va vouloir mettre la main sur son voisin du dessus, l’éditeur Shep Anderson (James Stewart), et comme elle apprend qu’il est sur le point de se marier avec Merle Kittridge (Janice Rule), une personne que Gillian a connu au lycée et qu’elle déteste particulièrement, elle va user de sortilèges pour que Shep tombe dans ses bras.
Malgré les aveux de Gillian, Shep met du temps à réaliser qu’il a été joué puis, quand il en prend conscience, va voir Bianca de Passe pour un « désenvoutement »; c’est justement au même moment que Gillian se rend compte qu’elle a perdu ses pouvoirs de sorcière parce qu’elle est réellement tombée amoureuse de Shep. Le traditionnel « Happy End » vient alors les réunir, évidemment sur le thème de l’amour n’a pas besoin de sortilèges pour naître, n’est que sortilèges librement consentis et ne se découvre que dans la mélancolie de la perte.
Comme on le voit, c’est assez « culcul » et peu original ; cela n’a rien d’un film mémorable et il n’y aurait rien à en retenir s’il n’y avait cette petite touche « gay ». On dit pourtant que c’est celui-ci qui inspira la célèbre série « Ma sorcière bien-aimée », comme quoi …