Titre original : « Cloak and Dagger »
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, un chercheur en physique nucléaire reçoit pour mission d’aller en Europe pour entrer en contact avec des physiciens que les nazis forcent à travailler pour eux. Le but est d’empêcher l’ennemi de travailler sur la bombe atomique… Cloak and Dagger était le surnom donné à l’Office of Strategic Services (OSS), agence de renseignement américaine créée en 1942 (et qui sera remplacée en 1945 par la CIA). C’est aussi le titre d’un livre-enquête paru en 1946 qui a été source d’inspiration pour le scénario de ce film (qui n’est pas vraiment basé sur des faits réels). On peut le classer parmi les films de propagande, même s’il est sorti après la fin de la guerre ; Hiroshima était alors très récent et il était nécessaire de justifier la bombe et ne pas effrayer les populations. La fin initiale que Fritz Lang avait prévue et tournée (voir ci-dessous) fut d’ailleurs escamotée par la Warner pour placer une fin plus heureuse. Cloak and Dagger apparaît en deçà des autres réalisations de Lang. Ce n’est pas tant le flagrant manque de crédibilité qui joue en sa défaveur mais plutôt son manque de cohésion. Personne ne semble à l’aise dans son rôle, à commencer par Gary Cooper. En fait, ce sont les scènes d’action (ou plus exactement de grande tension) qui sont les plus réussies, comme cette scène de lutte silencieuse dans l’entrée d’un immeuble. Dans ces moments-là, Fritz Lang montre tout son art.
Elle: –
Lui : ![]()
Acteurs: Gary Cooper, Lilli Palmer, Robert Alda, Vladimir Sokoloff
Voir la fiche du film et la filmographie de Fritz Lang sur le site IMDB.
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Remarques :
* Fritz Lang a raconté à Lotte Eisner que la scène finale du film constituait « un avertissement contre la nouvelle terreur représentée par les capacités destructrices de la bombe » mais qu’elle a été coupée et même détruite.
* Il semble que cette fin se déroulait ainsi :
Le chercheur italien meurt de ses blessures dans l’avion. Juste avant de mourir, il montre une photo prouvant que les nazis ont bien un centre actif de recherches en Bavière. Un commando est envoyé sur place. Jesper (Gary Cooper) les accompagne. Ils découvrent un site abandonné et supposent que le centre de recherches a été démantelé, probablement transféré mais où ? En Espagne ? En Argentine ? Ailleurs ? La scène finale montrait Gary Cooper sortant du site abandonné, observant la nature riante et déclarant : « Nous ne sommes qu’au début de l’ère atomique et que Dieu nous garde si nous pensons garder cela pour nous ou si nous croyons pouvoir mettre un terme aux guerres avec cette arme sans nous détruire nous-mêmes. »

Gary Cooper et Lili Palmer dans Cape et poignard de Fritz Lang.
La fin prévue par Lang, telle que vous la rapportez devait allonger le film de plusieurs dizaines de minutes, non? Cette fin a-t-elle été conservée, puisqu’elle a été tournée? Aurons-nous un jour la chance de la voir?
Déjà, en l’état, c’est un très bon film, même si ce n’est pas le meilleur de Lang. Mais avec ces minutes supplémentaires, il se pourrait qu’il revête la dimension qui lui manque.
Sinon, je trouve que Gary Cooper incarne un personnage auquel il nous a habitués et que Lilli Palmer est encore une fois remarquable. Quelle grande actrice! Quelle classe!
Il est peu probable que la fin originale refasse surface un jour : les studios l’ont probablement détruite car la paranoïa anti-communiste montait alors. L’année suivante, en 1947, les scénaristes du film, Albert Maltz et Ring Lardner Jr., firent partie des « Hollywood Ten », la première liste noire des gens de cinéma accusés d’insérer de la propagande communiste dans leurs scénarios. L’une des accusations portées contre eux était justement de laisser supposer que les Etats-Unis ne pourraient garder pour eux-seuls l’arme atomique.
Merci pour votre réponse.
Quel dommage que les studios l’aient probablement détruite!
Comment ont-ils osé? C’est une honte! Il est vrai qu’en ce début de guerre froide et de chasse aux sorcières, on ne faisait pas dans la dentelle!