Titre original : « Uomini contro »
Première Guerre mondiale. Nous sommes en 1916 dans le nord de l’Italie où les italiens se battent contre les autrichiens. Un général italien qui vient de perdre dans un mouvement de panique une position importante veut la reprendre coûte que coûte. Mais ce sommet de colline se révèle imprenable… Adapté d’un roman d’Emilio Lussu, Les Hommes contre n’est pas sans rappeler Les Sentiers de la gloire de Kubrick. Le film de Rosi est lui aussi un film militant qui dénonce la barbarie de la guerre et ses nombreuses morts inutiles, des morts d’autant plus révoltantes quand elles sont causées par l’obstination aveugle d’un ou deux officiers. Les faits rapportés sont réels et il y eut bien une mutinerie de soldats à l’été 1917 près de Santa Maria la Longa. Les Hommes contre est sorti en 1970, en résonance avec un certain courant pacifique et antimilitariste qui se développait alors. En Italie, un procès pour « dénigrement de l’armée » fut intenté mais se termina par un acquittement. Francesco Rosi est très direct dans sa démarche, nous livrant sans fard une dure réalité qui parle d’elle-même : tout discours devient inutile. L’interprétation est parfaite, jamais appuyée, sans aucun accent mélodramatique. Presque à la limite du documentaire, le film fait aujourd’hui oeuvre de mémoire.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Mark Frechette, Alain Cuny, Gian Maria Volonté
Voir la fiche du film et la filmographie de Francesco Rosi sur le site IMDB.
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Remarque :
Emilio Lussu a réellement vécu en tant que soldat les évènements décrits (en 1916 et 1917). Il a écrit le livre Les Hommes contre beaucoup plus tard en 1938. Dans le film, il est représenté par le jeune Lieutenant Sassu. Comme son personnage, l’écrivain a été tout d’abord interventionniste (favorable à l’entrée en guerre de l’Italie contre L’Autriche et l’Allemagne) avant de changer d’opinion après avoir vu les atrocités de la guerre. La fin du livre est toutefois différente de la fin du film car il survivra. Dans l’Entre-deux guerres, il aura une activité politique et combattra activement le fascisme naissant. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il sera ministre dans le premier gouvernement d’unité nationale de l’Italie libérée.
>> Pour se faire une idée de l’accueil critique en France du film à sa sortie, lire les extraits de presse sur le site de la Cinémathèque Française.
« Les Hommes Contre » a été pour moi un film déclencheur, après l’avoir vu j’ai beaucoup lu et c’est ce qui m’a décidé à refuser de faire mon service militaire, de choisir d’être objecteur de conscience, ou insoumis (je serais réformé pour mauvaise vue !); c’est ce film qui m’a faire prendre conscience, à 20 ans, des liens entre le cinéma (distraction…) et la littérature (philosophie…); j’ai dévoré ensuite Christian Metz (Essai sur la signification du cinéma), j’ai fait des études de journalisme et de sémiologie; Au cours d’un Festival de Cannes, j’ai eu l’occasion de « remercier » Francesco Rosi, à qui nous rendons hommage aujourd’hui, en lui racontant que c’était grâce à son film que je n’avais pas été soldat, ça l’a beaucoup amusé et on a pris un pot ensemble. Je vais revoir tous ses films. Ambroise Perrin 10 janvier 2015
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