Titre original : « Domenica d’agosto »
Par un dimanche ensoleillé d’août 1949, les habitants de Rome se rendent en masse vers la plage d’Ostie. Nous suivons certains d’entre eux : une famille nombreuse, un veuf accompagné de sa petite fille et de sa nouvelle compagne, un groupe d’adolescents à vélo, une jeune fille qui se laisse emmener dans une luxueuse voiture, un jeune policier amoureux d’une bonne, etc. … Dimanche d’août est le premier long métrage de Luciano Emmer qui n’avait auparavant réalisé que des courts métrages documentaires d’art. L’idée de base a été écrite par Sergio Amidei, scénariste (entre autres) de Rome, ville ouverte de Rossellini. Dimanche d’août s’inscrit pleinement dans le courant du néoréalisme italien, il nous immerge dans cet univers populaire romain de l’Après-guerre, un monde plein de vie où l’amour reprend ses droits alors que les restes de la guerre sont toujours bien présents, une redécouverte de l’insouciance en quelque sorte. Plutôt que de nous les faire suivre l’une après l’autre, Luciano Emmer a préféré entremêler plusieurs petites histoires, nous faisant sauter de l’une à l’autre. Ce procédé narratif, aujourd’hui bien connu, était à l’époque extrêmement original. Il donne en tous cas encore plus de vie et de rythme à l’ensemble. Sous jacent, le contexte social est bien là car la hiérarchie des classes est reproduite au bord de l’eau : il y a la plage privée et la plage publique. S’il n’y a pas d’acteurs de premier plan, on remarque que la jeune Anna Baldini a beaucoup de présence (on pourrait la décrire physiquement comme une Ingrid Bergman très jeune). Assez étonnamment, ce sera son seul film. Et le film marque la première apparition à l’écran dans un rôle un tant soit peu important du jeune Marcello Mastroianni (25 ans). Dimanche d’août est un film humaniste, plein de vie et haut en couleur, qui se double d’un témoignage sur l’Italie de l’Après-guerre, un monde où chacun, à sa façon, oeuvre pour atteindre une vie meilleure.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Anna Baldini, Vera Carmi, Emilio Cigoli, Marcello Mastroianni, Massimo Serato
Voir la fiche du film et la filmographie de Luciano Emmer sur le site IMDB.
Remarques :
* Dimanche d’août a été post-synchronisé en studio. C’est ainsi que Marcello Mastroianni est doublé par Alberto Sordi.
* L’assistant-réalisateur Giulio Macchi a démissionné après une semaine de tournage, accusant le réalisateur Luciano Emmer de n’avoir aucune compétence technique. Il fut remplacé par le jeune Francesco Rosi (Dimanche d’août est son troisième film comme assistant).
* A sa sortie, le film a été malmené par la Critique italienne. De son côté, le Centre Catholique du Cinéma (Centro Cattolico Cinematografico) a dénoncé son « exhibitionnisme dégoûtant ».
La plupart des films italiens d’après-guerre étaient postsynchronisés, et la prise de son directe ne fit sa réapparition qu’à la fin des années 1960.
De grands réalisateurs ont toujours préféré la postsynchronisation pour les possibilités qu’elle offrait.
Par exemple, Federico Fellini se moquait du parfait synchronisme entre les voix et l’image. Au contraire, il trouvait que cela ajoutait au côté surréaliste de ses films… Il imposait à ses acteurs une technique spéciale qui consistait à leur faire réciter des chiffres à la place des dialogues, et faisait synchroniser ensuite avec les véritables dialogues, mais pas forcément par les mêmes interprètes si leur voix ne correspondait pas à ce que le réalisateur attendait !
Cela a été le cas pour ce film de Luciano Emmer où Marcello Mastroianni était le physique et Alberto Sordi la voix…
Merci pour ces précisions. Oui, la post-synchronisation a toujours été plus développée en Italie qu’ailleurs. Si je me souviens bien, cela était dû à une loi des années trente qui obligeait que tous les films diffusés en Italie soient doublés en italien.
Dans le cas de ce film, la post-synchronisation ne sent guère alors que les dialogues sont très naturels, ça parle et ça crie dans tous les sens! C’est surtout net pour Mastroianni, car si on reconnait bien son physique, on ne reconnait pas sa voix.