Titre original : « Loong Boonmee raleuk chat »
Titre complet : « Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) »
Boonmee, un apiculteur thaïlandais d’une soixantaine d’années, sent la mort approcher. Un soir, sa femme défunte et son fils disparu depuis des années font une apparition à la table du dîner. Le fils a pris l’apparence d’un grand singe aux yeux rouges brillants. Boonmee a la faculté de se souvenir de ses vies antérieures. Accompagné de sa famille, il va traverser la jungle jusqu’à une grotte au sommet d’une colline, lieu de naissance de sa première vie… Inspiré du livre « A Man Who Can Recall Past Lives » du moine thaïlandais Phra Sripariyattiweti, livre qui serait basé sur une histoire vraie, Oncle Boonmee a pour thème central la réincarnation et c’est un film que l’on peut ressentir différemment selon ses attirances vers une certaine spiritualité de l’existence. Il n’est pas ici question que de vies antérieures mais aussi d’une certaine superposition (ou entrelacement) de différents degrés de réalités, dans lesquels des créatures fantastiques (et/ou imaginaires) peuvent apparaître. Le film est particulièrement lent mais certaines scènes sont très belles et pleines de douceur. C’est en tous cas un film qui a le mérite d’être différent. Oncle Boonmee a été primé à Cannes en 2010, l’année où Tim Burton était président du jury.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Thanapat Saisaymar, Jenjira Pongpas
Voir la fiche du film et la filmographie de Apichatpong Weerasethakul sur le site IMDB.
Ah, « Oncle Boonmee ! ». Je suis heureux d’avoir vu ce film… en salles. J’y suis allé dans une sorte de militantisme cinéphile, pour apporter ma pierre à l’idée que tous les films devraient avoir le droit de cité chez nous. Je rêve d’un monde où le cinéma naîtrait partout (c’est presque le cas ?) et franchirait toutes les frontières.
Que dire du film lui-même ? Bien sûr, sans sa Palme d’or, jamais je n’aurais fait attention à lui. Je l’ai vécu entre fascination pour certaines images et engourdissement devant sa lenteur fondamental. Avec un peu de recul, et comme vous le dites, je l’ai admis comme un film « différent », loin de nos canons français et/ou anglosaxons. Et j’ai trouvé que c’était bien de le prendre ainsi.
Pas étonné, finalement, que le jury réuni autour de Tim Burton l’ait couronné roi de Cannes. C’est le film le plus étrange qui soit, mais il a gagné mon respect. Je crois que, même s’il est particulièrement hermétique parfois, c’est une vraie proposition de cinéma.
Merci pour ce commentaire Martin.
Oui, c’est effectivement un film qui est loin des canons du cinéma occidental (et même, dans une certaine mesure, asiatique). C’est certes un avantage dans le monde actuel du cinéma qui souffre d’une standardisation certaine, mais on peut trouver que ce n’est pas une qualité en soi (bref, je veux dire que la différence est un avantage et non qualité). 😉
Ce n’est toutefois pas un film que je conseillerais à une personne pour le convaincre du caractère universel du cinéma dont vous parlez à juste titre, car il est tout de même un peu hermétique pour un spectateur occidental. Je ne sais quelle est la perception d’un spectateur plus sensible au concept de la réincarnation, mais pour le spectateur occidental que nous sommes, le film offre principalement une immersion dans un monde différent dont nous restons spectateur. Le film peine à toucher en nous quelque chose de profond, il peut intriguer mais pas vraiment éveiller quelque chose (du moins en ce qui me concerne bien entendu…)
« Tonton, t’es là? »
Venant de lire L’arbre aux papillons d’or, puis de remplir ma fiche de devoir, je me suis télétransporté vers cet oncle pour voir s’il figurait sur la liste des invités de notre cher Lui car j’étais à peu près certain de l’y trouver.
Quitte à me répéter, autant faire d’une pierre deux coups.
D’autant que je viens de revoir le film dans la rétrospective intégrale consacrée au cinéaste à Pompidou, et que cette seconde vision m’a encore plus enchantée que la première fois.
Effectivement, rares sont les films de cette nature, et dans le cas précis du cinéaste thailandais, je le dirai de toute son oeuvre.
La question posée est : On y entre ou pas; on lâche prise ou pas…Il est certain que si l’on se tient à distance, en réserve, au bord pour ne pas tomber, ou que l’on s’échappe, ça ne marchera pas et le film n’aura aucune influence sur votre réception. Pour les autres, heureusement il y en a , quelle félicité que ce monde de folle douceur poétique intemporelle abstraite (j’entends pour une âme occidentale). Ici aussi long cheminement vers une transformation de soi, et des autres par ricochets
Ce ne sont pas des scénarios à histoires carrées programmées, ce sont des grilles qui s’ouvrent et des oiseaux qui s’envolent avec grâce avec multitude d’effets…