Titre original : « Les vacances de Monsieur Hulot »
Monsieur Hulot arrive dans son automobile antique et pétaradante dans un petit hôtel en bord de mer. Son comportement inhabituel qui tranche avec celui des autres vacanciers va lui attirer une certaine antipathie… Second long métrage de Jacques Tati, Les vacances de Monsieur Hulot est le premier film où il met en scène Monsieur Hulot, personnage lunaire et un peu maladroit qui a gardé une âme d’enfant. Le film enchaîne les gags dans un style élégant et poétique. Basé sur une grande faculté d’observation, l’humour de Jacques Tati utilise souvent les objets ou les attitudes, avec beaucoup de naturel, sans jamais avoir besoin de forcer le trait. C’est un humour sans méchanceté mais qui égratigne au passage certains comportements sociaux ou certains travers de notre société. Il n’y a que très peu de paroles (1) et elles n’ont d’ailleurs que peu d’importance, Tati les utilisant comme des bruitages. Son humour ne vieillit pas, le film est même assez moderne ; en tous cas, certains gags restent dans nos esprits à tout jamais.
Elle:
Lui :
Acteurs: Jacques Tati, Nathalie Pascaud, Lucien Fregis
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tati sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jacques Tati chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Les vacances de Monsieur Hulot a été tourné à Saint-Marc-sur-Mer près de Saint-Nazaire. L’Hôtel de la Plage y existe toujours (racheté par une grande chaîne d’hôtels américaine).
* En 1963, Jacques Tati a réalisé un nouveau montage et retravaillé et enrichi la bande sonore. En 1978, il a ajouté une scène pour parodier le film de Steven Spielberg Les dents de la mer (la barque qui se plie en deux).
La version la plus courante aujourd’hui est celle de 1978. Le DVD paru en 2009 propose la version de 1978 et la version originale de 1953.
* Tout comme Mon Oncle, le film Les vacances de Monsieur Hulot a été transformé en roman par Jean-Claude Carrière avec des illustrations de Pierre Etaix (voir le livre).
(1) Monsieur Hulot ne dit qu’un mot de tout le film : « Hulot ».
Petit commentaire rapide: je suis heureux que tous les deux, à l’unisson, vous portiez ce film en haute estime. C’est un chef-d’oeuvre que je place dans mes dix films préférés. Tati est génial, à l’instar de Chaplin, Keaton, Tex Avery et Woody Allen dans la veine humoristique. J’oubliais les Monty Python et sans doute quelques autres (Billy Wilder est également très drôle dans certaines de ses comédies).
Ma note pour « Les vacances de monsieur Hulot »: 18,5/20, cinq étoiles.
Sauf s’il s’agit également d’une scène ajoutée postérieurement (ces re-montages sont déroutants pour la chronologie !), la scène où Hulot monte un escalier en portant des bagages qui l’aveuglent, et prend une valise posée en haut de l’escalier pour une marche supplémentaire ce qui fait que le vide qui suit provoque une chute, a été reprise à l’identique par Billy Wilder dans Certains l’aiment chaud. D’ailleurs, dans le chef-d’œuvre de Wilder, cette scène se situe également dans une station balnéaire, ce qui suggère l’hommage (mais ce qui a forcément été pris pour un gag original par le public anglo-saxon ne connaissant pas le film de Tati).
Cette scène fait très certainement partie de la version de 1953… puisqu’en 1963, il n’a fait qu’un nouveau montage (sans ajout de scène) et que la seule scène ajoutée en 1978 est celle de la barque.
Je ne me souvenais pas de cette scène chez Billy Wilder. Je ferai attention la prochaine fois que je le regarderai…
[Pour ce qui est de Certains l’aiment chaud, la scène se situe à l’arrivée de la troupe dans l’hôtel, à l’issue du voyage en train. C’est juste avant (ou juste après ?) que Jack Lemmon se fait remarquer par le milliardaire futur auteur de « Nobody is perfect ».]
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Par ailleurs, petit détail que je viens de vérifier : en fait M. Hulot prononce quelques autres mots que son nom. Certes il ne parle pratiquement jamais, dit deux fois son nom pour se présenter (à l’hôtel au début, à la jeune femme de l’autre hôtel par la suite, juste avant la scène de l’escalier faussé par une valise), et fait seulement vaguement entendre de très légers murmures (et encore, ils sont vraiment à peine audibles).
Mais… il prononce une tirade ! Vers le milieu du film, lorsqu’un vacancier est oublié par son minibus collectif (?) alors qu’il est dans le magasin de souvenirs, la voiture d’Hulot arrive et Hulot lui dit très distinctement : « Montez montez ! » Puis il commence à faire demi-tour et ajoute « On va les rattraper ». Et comme l’autre personne tarde à trouver où monter dans la voiture, Hulot ajoute : « Dépêchez-vous ! ».
Cela fait donc trois courtes phrases enchaînées. Très distinctes. D’une voix forte.
C’est assez étonnant car c’est vraiment l’unique moment du film. D’une certaine manière, cette incongruité d’entendre Hulot parler est contrebalancée par le fait que durant toute cette scène on ne le voit pas : il est totalement caché par le toit (instable) de sa voiture, il est dans l’ombre. Mais c’est bien lui, sans aucun doute, puisque c’est le point de départ de la scène où ils débouchent par erreur dans un enterrement et où le moteur s’arrête, ce qui oblige Hulot à sortir et commettre plusieurs gestes maladroits — dont celui qui est peut-être mon gag préféré, où la roue de secours devient une couronne mortuaire.