Titre original : « Akibiyori »
La jeune Ayako vit veule avec sa mère depuis la mort de son père. Trois amis de jeunesse du défunt se mettent en charge de lui trouver un mari. Mais Ayako n’a aucune envie de quitter sa mère… Fin d’automne reprend le thème de Printemps Tardif qu’Ozu a tourné onze ans auparavant mais sur un registre totalement différent, plus proche d’une comédie. Ce que le film perd en intensité, notamment dans les rapports entre la fille et sa mère, il le gagne en humour. Et le résultat est tout aussi enthousiasmant. Le ton est donc plus léger : si le mariage est arrangé, c’est ici moins par convenance sociale que par les attentions d’un entourage bien intentionné mais quelque peu maladroit. L’humour est ainsi très souvent présent par l’intermédiaire du trio de quinquagénaires, tous trois amoureux de la même femme (la mère) et qui cherchent d’une certaine manière à assouvir leurs désirs que par personne interposée. Par sa forme, le film est enchanteur avec les superbes plans fixes, très construits (1), caractéristiques du style d’Ozu et une belle utilisation de la couleur. Au delà son apparente légèreté, Fin d’automne est un film vraiment admirable.
Elle:
Lui :
Acteurs: Setsuko Hara, Yôko Tsukasa, Mariko Okada, Keiji Sada, Shin Saburi, Nobuo Nakamura, Ryûji Kita, Chishû Ryû
Voir la fiche du film et la filmographie de Yasujirô Ozu sur le site IMDB.
Voir les autres films de Yasujirô Ozu chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* Setsuko Hara, qui interprétait le rôle de la fille dans Printemps tardif, interprète le rôle de la mère dans Fin d’automne.
* Fin d’automne est sorti en France en 1979. Ce fut ainsi le troisième film d’Ozu à sortir en salles après Voyage à Tokyo et Le goût du saké. En outre, la même année, le Ciné-club d’Antenne 2 avait diffusé Printemps tardif et Printemps précoce. Cela faisait donc cinq films connus.
(1) Hormis la position de la caméra, proche du sol, le style d’Ozu se caractérise par des plans fixes toujours très construits : le sujet principal est généralement centré avec des éléments dans le reste d’image qui servent de repoussoir pour ramener le regard vers le centre. Ainsi, on notera qu’il y a toujours un premier plan, que ce soit des portes coulissantes ouvertes (qui forment un « cadre dans le cadre »), ou une table basse, un objet. Il est d’ailleurs intéressant d’observer la gestion de la profondeur, tous les plans se structurant sur 3, 4 voire 5 niveaux de profondeur.
Pour la troisième fois nous allions au Saint André des arts voir le « dernier » Ozu un an après le précédent, confirmant à la fois intérêt et succès de ces découvertes. Cette fois ci le film sortait dans plusieurs salles parisiennes et confirmait Ozu comme cinéaste de l’intérieur (des êtres et des maisons). L’habitat japonais, bas, peu encombré, fait pour être regardé dans toute sa largeur (pas de lignes verticales), s’ouvrant sur des perspectives coulissantes comme une scène de théâtre où peuvent s’étendre les corps,réunit toute la cellule familiale. L’affection fraternelle, parentale, filiale prennent le pas sur l’amour conjugal des couples. En faisant aujourd’hui mon pèlerinage Ozu à la cinémathèque dans l’ordre où je les ai découverts à leurs sorties, j’ai eu le plaisir de voir l’un après l’autre le Printemps tardif de 49 en N&B suivi par cette Fin d’automne, son remake en couleurs. Variante : le père veuf et la fille de 49 sont remplacés par un duo féminin, la mère veuve et la fille de 60. le « noeud » comme l’écrit Lui est que l’actrice qui était la fille en 49 devient la mère en 60, ce qui, lorsqu’on voit les deux films à la suite, prend un relief saisissant.Une fois sa fille enfin mariée, la mère reste seule (comme c’était déjà le cas précédemment pour le père du Goût du saké). On voit se dessiner dans chaque film peu à peu les valeurs traditionnelles abandonnées par les nouvelles générations tandis qu’elles échappent peu à peu aux anciennes