Titre original : « Fatti di gente perbene »
A la fin du XIXe siècle à Bologne, la fille de l’éminent professeur Murri, laïque aux idées progressistes, a épousé un aristocrate arriviste et réactionnaire. Leur mariage est vite devenu un enfer au grand désespoir du frère qui décide d’empoisonner le mari… La grande Bourgeoise retrace l’Affaire Murri qui déchaina les passions en Italie en 1902, un crime dans la haute société que les journaux montèrent en épingle et qui eut de fortes consonances politiques. Comme toujours, Mauro Bolognini soigne la reconstitution et sa photographie : une très belle image, veloutée et aux tons pastels, même si l’on peut trouver qu’il abuse du grain et du flou laiteux qui embrume le film du début à la fin. Bolognini renforce hélas le côté mélodramatique de l’affaire et ne développe guère ses dimensions politiques. Du fait de la distribution internationale, la moitié des acteurs sont doublés, ce qui est toujours désagréable. Au final, La grande Bourgeoise peine à nous intéresser, ses qualités esthétiques sont certaines mais le film souffre d’un certain statisme.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Catherine Deneuve, Giancarlo Giannini, Fernando Rey, Marcel Bozzuffi, Tina Aumont, Paolo Bonacelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Mauro Bolognini sur le site IMDB.
Voir les autres films de Mauro Bolognini chroniqués sur ce blog…
David Donatello 1975 Meilleur Film Mauro BOLOGNINI
Ruban Argent Italien Meilleur Costumes Gabriella PESCUCCI
Je pense que ces mots reflètent une vision stéréotypée de Bolognini. Car le film n’est pas pastel : il est volontairement flou comme la relation incestueuse entre Linda et son frère, le père est socialiste et le policier (pro-fasciste) veut l’abattre, le rôle de la prostituée, etc. On voit que cette critique émane de qqn qui n’a pas vu le film. Le jugement n’est pas sur pièces, Bolognini a été catalogué en France de calligraphiste et quand la critique néo-jdanovienne godardoviste met son décret, c’est à vie. La critique française n’a jamais aimé le cinéma italien, l’anti-thèse du cinéma français et du réalisme psychologique (son blason). De toute façon passé inaperçu en France en 1975 et non sorti en DVD. Ceci est écrit après avoir vu le film en 1980 à la cinémathèque de Nice où Bolognini (un homme charmant, simple, ouvert) était présent invité par son directeur M. Jean Gili.
J’adore le commentaire précédent.
Nous avons ici un billet posé, mesuré et argumenté, qui décrit strictement et honnêtement un film précis sans jamais exprimer la moindre appréciation générale sur Bolognini. En réponse à ce billet, Lionel Lacaze ose :
— accuser notre hôte d’exprimer « une vision stéréotypée de Bolognini » (ha ha ha !),
— écrire un commentaire hors-sujet, totalement stéréotypé, reflétant une absence totale de capacité personnelle à apprécier un film, car s’appuyant exclusivement sur du verbiage intello par procuration, ne définissant un film que par rapport à des courants et des polémiques.
Lionel Lacaze a peut-être voulu montrer qu’il « connaît l’histoire des débats intellos parisiens autour du cinéma », mais il a en fait surtout montré qu’il ne sait pas regarder un film avec ses propres yeux, qu’il ne sait pas avoir d’avis personnel autre que par fidélité à un courant préalable (et qu’il ne connaît pas le sens de l’adjectif « pastel », qui n’appartient pas au même registre que « flou » : le film est les deux, et le fait qu’il soit flou n’empêche pas qu’il utilise indiscutablement des tons pastels).
Je pensais que ce type de commentaires appartenait à la « première époque » de ce blog (je suis toujours sidéré quand je les lis a-posteriori, n’ayant découvert ce blog que plusieurs années après sa création). Hélas, cette tendance au commentaire prétentieux et agressif (et ne parlant en fait pas du film !) existe encore, il est triste que le cinéma attire particulièrement ce genre de profil (plus rare en musique… mais assez fréquent aussi en littérature, c’est vrai).
Merci Jacques C. de cette réaction.
Le commentaire de ce monsieur m’avait tout de même un peu amusé car je crois que c’est la première fois que je suis accusé de parler d’un film sans l’avoir vu (pourtant nous avons déjà été accusés de toutes sortes de choses). 🙂
C’est aussi la première fois que l’on me reproche de faire de la critique « néo-jdanovienne godardoviste »…
Comme vous, je ne comprends pas bien pourquoi s’insurger contre l’usage du mot « pastel » : dire que l’image a des tons pastels est plus un constat qu’un jugement. Et de toutes façons, ce mot figure dans une phrase plutôt positive. Le mot « pastel » n’a pour moi aucune connotation péjorative (sans être « néo-pasteloviste » pour autant…)