Titre original : « Brancaleone alle crociate »
Brancaleone et ses compagnons partent aux croisades. Menés par Dieu lui-même, ils embarquent pour traverser la Méditerranée et atteignent un peu trop rapidement la Terre sainte. En réalité, ils n’ont traversé qu’un lac… Tel est le début de Brancaleone s’en va-t’aux croisades, comédie loufoque qui fait suite à L’armata Brancaleone (L’armée Brancaleone) qui avait connu un formidable succès, quatre ans auparavant. Le film peut être vu comme une suite de sketches ou plutôt de séquences sur les rencontres qui ponctuent le périple de cette « armée ». L’esprit général est de démystifier le Moyen Âge(1) en insistant sur l’ignorance et l’intolérance. Avec son petit groupe de parias ou d’éclopés, Brancaleone se situe en marge de cette société cruelle. Les trouvailles de scénario sont nombreuses, avec des exagérations toujours au service de l’humour. Le film peut faire penser à ce que faisaient les Monty Python, à peu près à la même époque en Angleterre. On notera quelques clins d’oeil cinématographiques(2). Il faut aussi remarquer le travail fait sur les dialogues qui utilisent une sorte de dialecte, mélange d’italien courant et de latin. Grâce à son registre de jeu très étendu, Vittorio Gassman est vraiment l’interprète idéal de ce héro frapadingue et multi-facettes. Brancaleone s’en va-t’aux croisades est une bouffonnerie très réussie.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Vittorio Gassman, Adolfo Celi, Stefania Sandrelli, Beba Loncar
Voir la fiche du film et la filmographie de Mario Monicelli sur le site IMDB.
Remarque :
Le film n’est sorti en France qu’en 1977 dans le cadre du festival d’humour de Chamrousse. Le premier opus n’avait pas été distribué en France.
(1) « Nous voulions démystifier le Moyen Âge, celui qu’on enseigne dans les écoles, avec ses paladins, ses chevaliers, ses pucelles, tout ce ballet de gens raffinés qui est non seulement invraisemblable mais historiquement faux. Le Moyen Âge a été une époque barbare, obscurantiste, cruelle et misérable. » (Entretien avec Mario Monicelli dans Cinéma n°230 de février 1978)
(2) Les dialogues de Brancaleone avec la Mort évoquent Le septième sceau de Bergman et le stylite sur son pilier évoque fortement Simon du désert de Bunuel.
Petite précision, le travail sur les dialogues est bien plus ample que cela:
Le roi de Boemondo de Sicile incarné par Adolfo Celi parle le dialecte sicilien et en vers octosyllabiques en hommage au théâtre des puppi siciliani.
De même le mercenaire, prompt à la traîtrise, joué par Paolo Villaggio parle un mélange savant d’allemand et d’italien.