Titre original : « For whom the bell tolls »
Lui :
Pendant la Guerre d’Espagne, un américain rejoint les combattants républicains pour des missions spéciales. Il doit faire sauter un pont dans les montagnes afin de retarder les troupes ennemies… Il est assez paradoxal que l’adaptation du roman d’Ernest Hemingway ait été confiée à un réalisateur ardamment anticommuniste. En conséquence, tout le contexte politique est ici gommé, on ne sait qu’à peine de quelle guerre il s’agit (1). En revanche, tout le film est centré sur l’idylle entre Jordan et Maria qui s’étale sur de très longues scènes et d’interminables (très) gros plans ; certains sont superbes, certes, mais l’ensemble paraît assez répétitif avec des dialogues lourds et mal adaptés. Il n’en reste pas moins que Gary Cooper livre une belle prestation, avec son immense présence naturelle. Ingrid Bergman, engagée in extremis pour ce rôle qui la faisait fantasmer, est exaltée par son personnage. Le succès populaire fut immense. Pour qui sonne le glas est un bel exemple de cette capacité qu’a Hollywood de pouvoir décérébrer un grand roman pour en faire une banale romance.
Note :
Acteurs: Gary Cooper, Ingrid Bergman, Akim Tamiroff, Katina Paxinou
Voir la fiche du film et la filmographie de Sam Wood sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sam Wood chroniqués sur ce blog…
Remarques :
* A sa sortie, Pour qui sonne le glas durait 170 minutes, soit près de 3 heures. Cette durée fut ramenée à 130 minutes lors de sa ressortie en 1988.
* Ingrid Bergman raconte dans son autobiographie, Ma Vie, que lorsqu’elle demanda à Hemingway s’il avait apprécié le film, l’écrivain lui répondit qu’il lui avait fallu cinq séances pour parvenir à tenir jusqu’au bout sans quitter la salle.
* Anecdote célèbre : Ingrid Bergman désirait tant avoir le rôle de Maria qu’elle se coupa les cheveux un peu prématurément, rendant impossible de retourner une scène du film Casablanca dont elle achevait le tournage. C’est ainsi que la chanson As time goes by est restée dans le film Casablanca alors qu’il était prévue de la remplacer… Et c’est maintenant l’une des quatre ou cinq chansons les plus célèbres de toute l’histoire du cinéma.
(1) A noter que la courte scène où l’un des combattants demande à Gary Cooper pourquoi il a choisi, lui un américain, de venir de se battre à leurs côtés, n’a été rétablie que pour la version courte de 1988. C’est la seule scène un tant soit peu explicative du contexte.
Succès populaire et commercial certes.
Mais tout de même, la production avec l’accord d’Hemingway, a joué un star system très anglo-saxon, of course.
En effet, par delà la belle fiction romanesque, le film pèche sur deux invraisemblances :
– Ingrid Bergman, actrice scandinave s’il en est, n’est pas physiquement crédible en une Maria blonde aux yeux clairs ; des Mayo, del Rio, de Carlo et tant d’autres actrices latines d’alors eussent été mieux dans le rôle,
– Cooper le Magnifique est le seul à être toujours rasé de près et impeccablement propre sur lui, au milieu de tous ces latinos, hirsutes et sales.
Hemingway le Yankee aimait incontestablement l’Espagne mais aimait-il vraiment les Espagnols à leur juste valeur ?