Titre original : « Trollflöjten »
Lui :
Projet initialement conçu pour la télévision suédoise, cette adaptation par Ingmar Bergman de La Flute Enchantée de Mozart est un projet qui lui tenait à cœur. Il a deux grandes lignes directrices : d’une part, rendre cet opéra accessible au plus grand nombre et, d’autre part, utiliser des chanteurs plus jeunes qu’à l’habitude, des chanteurs dont l’âge correspond à celui des personnages. Il fait donc traduire l’opéra en suédois, ce qui ne facilite pas forcément la tâche des chanteurs, et auditionne une centaine de chanteurs originaires des pays nordiques. Il désire aussi garder l’esprit du théâtre en tant que lieu et n’hésite pas à reconstruire en studio celui où il avait initialement envisagé de tourner mais qui s’est révélé être trop petit. Le résultat est une belle réussite. Les acteurs/chanteurs livrent un belle prestation tout en montrant beaucoup de naturel dans leur gestuelle et Bergman sait préserver le côté enfantin et farceur de certaines scènes. Le réalisateur utilise en outre les possibilités du cinéma par ses cadrages, par des petites astuces comme le médaillon animé ou encore en élargissant parfois la scène pour aller en coulisses, avec notamment cette amusante entrée en scène de Papageno. La prestation des chanteurs est assez remarquable avec une mention spéciale pour la soprano finlandaise Irma Urrila, qui nous livre un « Ach, ich fühl’s » (à mon humble avis, le plus bel aria de La Flute Enchantée) de toute beauté et d’une infinie douceur.
Note :
Acteurs: Josef Köstlinger, Irma Urrila, Håkan Hagegård, Ulrik Cold
Voir la fiche du film et la filmographie de Ingmar Bergman sur le site IMDB.
Voir les autres films de Ingmar Bergman chroniqués sur ce blog…
Remarque :
Pendant l’ouverture de La Flute Enchantée, où Bergman filme des visages en très gros plans avec un montage qui se cale sur la musique, le réalisateur se montre lui-même (ainsi que Liv Ullmann) fugitivement à plusieurs reprises. Par cette ouverture peuplée de visages cosmopolites et de tous âges, Bergman veut bien entendu souligner le côté universel de la musique.
Autre adaptation :
La Flute Enchantée (The Magic Flute) de Kenneth Brannagh (2006).
Il y a de bonnes chances que je découvre Bergman bientôt, mon père m’ayant offert quelques-uns de ses films en DVD. J’ai hâte !
J’avais failli acheter celui-là il y a quelques années, étant donné l’affection que je porte à cette musique. Je vais pouvoir le découvrir prochainement, donc. Mais je ne sais pas si c’est celui par lequel je commencerai.
Je voulais aussi voir le Brannagh au cinéma, mais je l’avais manqué. Partie remise. Connaissez-vous d’autres opéras adaptés pour le cinéma ?
Pour Martin K. :
Je connais La Flûte depuis très longtemps. Mais j’ai été bouleversé tout récemment par ce qui n’est sûrement pas sa plus belle version pour le chant, ni même tout ce qui concerne la musique (un simple piano au lieu de l’orchestre…), mais quelle force d’enchantement, quelle fraîcheur bouleversante, stupéfiante : l’adaptation extraordinairement fidèle de Peter Brook pour la scène, évidemment visible seulement là. Si jamais vous en avez l’occasion…
Mais bien sûr, la version Bergman est une grande chose. Il avait d’ailleurs une vraie connaissance de la musique (voir Sarabande). Ne pas connaître Bergman, c’est se priver d’une des merveilles du monde. Croyez bien que sur ce plan, je suis très sélectif. Impitoyable.
Ce que je retiens de cette vision , ce dont j’ai le meilleur souvenir illuminé, c’est la manière dont Bergman a traité l’ouverture.
Pour le reste, mis à part des chanteurs incertains (notamment la reine de la Nuit), c’est assez conventionnel.
Pour les autres opéras adaptés au cinéma, le premier qui vient à l’esprit est le beau Don Giovanni de Joseph Losey.
Il y a aussi Les Contes d’Hoffmann de Powell & Pressburger, que je n’ai pas vu (mais cela ne va pas tarder) et Parsifal de Wagner de …. Hans-Jürgen Syberberg (merci Imdb).