Lui :
Anne-Marie est une quarantenaire qui vient de se séparer de son jeune amant. Lorsque celui-ci lui apprend qu’il fréquente une autre femme, elle cherche à en savoir plus sur elle, une recherche qui l’obsède de plus en plus… Sur une trame d’histoire que l’on pourrait penser rebattue, Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic nous livrent un des films les plus originaux du cinéma français actuel. Ils ont une façon toute particulière d’inscrire le personnage principal dans un décor urbain, cette façon est à la fois très graphique (1) et créatrice d’une atmosphère étrange et envoutante. La caméra semble épier son personnage principal, la suivant ou l’observant à distance avec une fausse furtivité. Elle vient se placer parfois juste derrière Dominique Blanc, jouant alors le rôle d’une caméra subjective (impression bien entendu amplifiée lors des scènes de miroirs). Pourtant très ancré dans la réalité, notamment par l’importance des transports en commun actuels et de la technologie qui est présente mais actuelle, le film semble hors du temps. Cette impression est accentuée par le jeu de Dominique Blanc, actrice à la diction si particulière (on peut penser à Jeanne Moreau) et dont le calme et le sourire contrastent avec son mal à l’aise intérieur. L’environnement sonore joue aussi un rôle très important dans la mise en place du climat. L’autre semble aller jusqu’aux limites du réalisme sans toutefois franchir la ligne qui le ferait basculer dans le fantastique. C’est un film qui peut dérouter mais qui, par ses qualités graphiques, son climat, sa force, se place parmi les productions les plus intéressantes du cinéma français récent.
Note :
Acteurs: Dominique Blanc, Peter Bonke, Cyril Guei, Anne Benoît, Christèle Tual
Voir la fiche du film et la filmographie de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic sur le site IMDB.
(1) Le générique est, à lui seul, superbe. On a déjà vu des plans aériens d’une autoroute périurbaine de nuit dans nombre de films américains mais jamais de façon aussi graphique, presque abstraite avec ses flots qui semblent suspendus, hors de la réalité.
Remarque :
Le film est adapté du roman d’Annie Ernaux « L’occupation ».
Homonymes :
L’autre (In name only) de John Cromwell (1939) avec Carole Lombard et Cary Grant
L’autre de Robert Mulligan (1972)
L’autre de Bernard Giraudeau (1991)
L’autre de Youssef Chahine (1999)
L’autre de Benoît Mariage (2003)
J’ai également été assez impressionné par ce film, l’un des meilleurs films français que j’ai vus récemment. On en a hélas pas assez entendu parler.
A découvrir absolument !!