Lui :
Reconstitution de la vie du gangster des années trente John Dillinger, Public Enemies a pour principal atout le couple d’acteurs vedettes qui a construit le rayonnement du film. On ne peut pas dire que le film soit déplaisant mais il n’est pas très intéressant non plus : il est plutôt long, assez répétitif, un peu trop appuyé parfois. On pourra apprécier la qualité de la reconstitution et la virtuosité de la réalisation mais le scénario parait tout de même un peu maigre. Il se contente de faire ressembler le traqueur et sa proie, principe guère nouveau mais toujours efficace. Le côté Robin des Bois de Dillinger est peu développé et le film finit par être une suite de fusillades, évasions, fusillades, …
Note :
Acteurs: Johnny Depp, Marion Cotillard, Christian Bale, Channing Tatum, Jason Clarke
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Mann sur le site IMDB.
Voir les autres films de Michael Mann chroniqués sur ce blog…
Remarques :
Le film Manhattan Melodrama (L’ennemi public n°1) de W.S. Van Dyke (1934) avec Clark Gable, William Powell et Mirna Loy est effectivement le film qu’est allé voir Dillinger juste avant de mourir. Le film est devenu célèbre pour ce fait. Ceci dit, contrairement à ce que laisse croire Public Enemies, il s’agit plutôt d’un mélodrame que d’un film de gangster : le titre original est donc plus représentatif que le titre français (ne pas confondre avec L’ennemi Public, le film de Wellman avec James Cagney), titre qui fut plaqué par la suite. Le titre à sa sortie en France était en effet Un drame à Manhattan.
Autres films sur la vie de Dillinger :
Dillinger, l’ennemi public n°1 (Dillinger) de Max Nosseck (1945) avec Lawrence Tierney.
L’ennemi public (Baby Face Nelson) de Don Siegel (1957) avec Mickey Rooney (film sur la vie de son comparse Baby Face Nelson)
Young Dillinger (1965) de Terry O. Morse avec Nick Adams
Dillinger (1973) de John Milius avec Warren Oates et Michelle Phillips
Du rouge pour un truand (The Lady in red) de Lewis Teague (1979) avec Robert Conrad
Dillinger and Capone (1995) de Jon Purdy avec Martin Sheen
… et, bien que n’ayant rien à voir avec la vie de Dillinger, on peut penser aussi à
Dillinger est mort (1969) de Marco Ferreri avec Michel Piccoli (Piccoli trouve un pistolet enveloppé dans un journal de 1934 annonçant la mort de Dillinger…)
Waouh ! Décidément, vos chroniques sont très riches, et même quand vous n’aimez que moyennement un film, on apprend plein de choses en vous lisant. Merci !
Je suis grosso modo du même avis que vous. J’ai toutefois trouvé que Johnny Depp avait un super look dans ce film, et notamment celui qui l’aborde à la fin, avec son canotier et ses petites lunettes. J’apprécie cet acteur et je trouve qu’il fait parfois passer beaucoup de choses en un seul regard (cf. ici la scène où il est séparé de sa compagne).
Je suis d’accord aussi pour dire qu’il y avait mieux à faire d’une telle histoire et de tels personnages. Pas sûr que Mann soit le bon réalisateur pour ça. Notez que je crois qu’il a fait le choix de tout tourner en numérique (vous confirmerez peut-être). Il me semble avoir lu que certains trouvaient que ce n’était pas « raccord » avec l’époque présentée. Personnellement, ça ne m’a ni enthousiasmé ni choqué.
Bon week-end !
C’est vrai que Johnny Depp avec canotier + petites lunettes noires, c’est une belle image…
Oui Michael Mann tourne en numérique, il utilise la Thomson Viper Filmstream, qui est une caméra d’épaule (ce qui n’est pas le cas de toutes les caméra HD) mais il la met bien entendu souvent sur pied. Je trouve qu’il est parmi ceux qui savent le mieux utiliser la HD, évitant les effets faciles et sachant tirer parti de ses points forts. On ne trouve pas de cadrages approximatifs et de camera tremblotante chez lui… 😉
Un bon site sur les caméras et formats etc… (in english) :
http://www.cinematographers.nl/CAMERAS3.htm
et une page où l’on voit Michael Mann derrière sa caméra (en milieu de page) :
http://hollingcollect.blogspot.com/2009/12/movie-director-michael-manns-public.html
Un peu comme pour le « Daliah noir », il semble qu’à de rares exceptions près, la critique professionnelle comme amateur (vous) soient passée à côté de ce film, sans doute l’un des meilleurs de Michael Mann – loin des boursoufflures dont souffrent la plupart d’entre-eux ou des fins grandiloquentes qui les dénaturent (Heat). Ce que vous ne semblez pas avoir saisi à la vision de ce film, c’est que Mann a voulu (et réussi à) raconter l’histoire de Dillinger comme les frères Dardenne celle de « Rosetta ». En s’attachant à le suivre dans un quotidien pas obligatoirement très attrayant et très répétitif, avec le spectateur, à ses côtés et pendant que commence à s’écrire, parallelement, l’histoire du FBI. Aucune glorification du gangster.
(suite). Aucune glorification de ses actes, non plus. Juste la saisie d’une époque entrée dans un gigantesque processus de transformation sociale à tous les niveaux (extraordinairement bien décrite par le film) avec la disparition des gangsters issus du vieil ouest (l’attaque de banque comme univers) et leur désir de liberté impossible, liée à la montée du crime organisé comme un bussiness (la maffia). Tout ça est magnifiquement INSCRIT dans le film et est passionnant. Dommage que vous (mais vous n’êtes pas le seul) ne vous en êtes pas aperçus. Oui, les acteurs sont formidables, mais ils ne résument pas le film à eux seuls. Ils en sont juste les vecteurs talentueux (génial dans le cas de Depp) – désolé pour les fautes d’orthographes.
Merci pour votre commentaire.
Il me semblait au contraire que la Critique avait plutôt bien reçu le film… mais je peux me tromper.
Si le propos était de montrer la vraie personnalité de Dillinger, je ne trouve pas que ce soit probant car le film ne s’étend ni sur ses motivations ni sur son quotidien (d’ailleurs son quotidien serait-il intéressant ?) On se demande d’ailleurs ce qu’il fait de son argent (à part acheter des voitures puissantes pour dévaliser une autre banque).
J’ai l’impression que le propos est plus simplement de faire un film de divertissement, les grands « bandits » ont toujours été de beaux sujets de film. Ceci dit, comme vous le faites remarquer fort justement, le film ne glorifie pas le gangster. Michael Mann a visiblement voulu éviter cela. Le problème est que si on enlève au mythe sa substance, que reste t-il? ;-))
Le plus intéressant à dévolopper aurait sans doute été effectivement cette confontation avec le crime organisé. Dillinger était, comme Bonnie and Clyde, de la vieille école. Le film n’a qu’une ou deux scènes sur ce point.