Titre original : « The Treasure of the Sierra Madre »
Lui :
Adapté du livre d’un mystérieux B. Traven (1), Le Trésor de la Sierra Madre nous fait suivre un trio de chercheurs d’or dont les relations se tendent au fur et à mesure de leurs découvertes. John Houston a tenu à mettre l’accent sur le réalisme en allant tourner sur place au Mexique (2), sa réalisation est absolument parfaite. Les personnages peuvent paraître exagérément typés, surtout le rôle tenu par Bogart qui retrouve ici le jeu dur et cassant qu’il avait dans les années trente, avec des montées de férocité trop brutales. En revanche, Walter Houston, père du réalisateur, est vraiment admirable en vieux briscard, malgré son débit ultra rapide parfois à la limite du grotesque. Le Trésor de la Sierra Madre est généralement plutôt bien considéré, pourtant on peut trouver qu’il manque un peu d’intensité (3).
Note :
Acteurs: Humphrey Bogart, Walter Huston, Tim Holt, Bruce Bennett
Voir la fiche du film et la filmographie de John Huston sur le site IMDB.
Voir les autres films de John Huston chroniqués sur ce blog…
(1) B. Traven n’a pas voulu se dévoiler pendant le tournage. John Huston raconte dans ses mémoires comment l’écrivain organisait des rendez-vous mystérieux auxquels il ne se montrait pas et comment il a fini par envoyer « son traducteur » pour travailler avec Houston. Le réalisateur a compris qu’il s’agissait de l’écrivain lui-même. La véritable identité est restée incertaine, on a cru qu’il s’agissait d’un émigré allemand, Red Marut, auteur de pamphlets anarchistes dans les années 20 mais Houston explique que rien n’est moins sûr.
(2) Le film est parfois présenté comme étant le premier film américain tourné presque entièrement en extérieurs hors du pays (Houston le présente ainsi dans ses mémoires), affirmation un peu étonnante car il semble qu’il y ait eu d’autres films américains tournés hors des USA (ne serait-ce que les derniers films de Rex Ingram dans les années 20).
(3) The Naked Spur (L’appât) d’Anthony Mann, avec lequel on peut noter certains parallèles dans la situation, est par exemple autrement plus intense.
Remarques :
L’homme en costume blanc auquel Humphrey Bogart demande une petite pièce par trois fois au début du film est John Huston lui-même.
Je ne suis pas un grand fan de Huston, peut-être parce que ce cinéaste a peu ou prou toujours filmé l’échec de ses personnages, et à part le Nuit de l’Iguane, le Faucon Maltais, Asphalt jungle et Key Largo et African Queen, (bon d’accord, c’est déjà pas mal !!), ce n’est pas trop ma tasse de thé. Sierra Madre fait parti de ces films dit classiques, qu’on voit une fois, qu’on admire, qu’on range sur une étagère, et qu’on ne regardera plus…
C’est marrant de rejuger Huston ainsi après tant d’années. Huston faisait partie des cinéastes phares dans les années soixante. Et justement cette manière désenchantée rompait assez bien avec le ronron d’Hollywood suite à la chasse aux sorcières. Je vous trouve tous un peu sévère. « Le trésor de la sierra madre » est un film que personnellement je revoie toujours avec plaisir. J’ai revu récemment « Le vent de la plaine » qui est excellent et sans doute un de ses meilleurs films avec « Fat city » et « Wise blood » qui sont ses deux grandes réussites tardives.
Entendons-nous, John Huston fait partie des réalisateurs que j’aime beaucoup (il suffit de regarder la liste des autres films chroniqués sur ce blog), je le mettrais sans hésiter dans la liste des 10 plus grands réalisateurs américains de tous les temps… mais Sierra Madre n’est pas à mes yeux au niveau de ses plus grands films. (Ce n’est pas la première fois que je le voyais, j’en avais un meilleur souvenir.)